Les 9 et 10 décembre 2025 à Kribi, dans le sud du pays, l'Agence de régulation des télécommunications (ART) a adopté un budget 2026 arrêté à 77,5 milliards de FCFA, en progression de 5,44 %. Selon le communiqué publié à l'issue des travaux, ce budget prévoit " d'importants projets d'acquisition d'équipements de contrôle, d'outils de gestion de la régulation notamment liés à la 5G et à l'internet par satellites, d'extension du laboratoire d'homologation des équipements et de renforcement des capacités du personnel ainsi que des moyens matériels et logistiques ".
Le choix d'investir prioritairement dans des outils de contrôle et de gestion intervient au moment où l'entrée d'opérateurs non traditionnels, notamment satellitaires, se précise. En effet, fin novembre 2025, lors de la présentation du budget 2026 à l'Assemblée nationale, la ministre des Postes et Télécommunications, Minette Libom Li Likeng, a indiqué que l'ART avait finalisé le projet de convention de concession et le cahier des charges encadrant l'entrée de Starlink, sur le marché camerounais. A en croire le membre du gouvernement, ces documents ont été transmis à la tutelle technique pour la poursuite de la procédure d'octroi éventuel d'une convention de concession.
Cette étape faisait suite aux échanges engagés le 27 juin 2025, date à laquelle la ministre a reçu à Yaoundé une délégation de Starlink, filiale du fournisseur d'accès Internet par satellite de SpaceX. À l'issue de ces discussions, l'entreprise a déposé un dossier complet en vue d'un agrément conforme au cadre réglementaire camerounais. .
Parallèlement, le gouvernement a poursuivi le balisage du terrain pour la 5G. Le 23 janvier 2025, lors de la présentation de la feuille de route ministérielle, la ministre des Postes et Télécommunications a annoncé que le projet de cahier des charges pour l'établissement et l'exploitation des réseaux 5G serait finalisé au cours de l'année. Ce document est destiné à fixer les règles d'attribution des licences, les normes techniques, ainsi que les obligations économiques et territoriales des futurs opérateurs.
Ce chantier s'inscrit dans une démarche amorcée dès 2024, avec le recrutement d'un consultant chargé d'évaluer les modalités d'accès au spectre 5G, d'en estimer la valeur économique et d'identifier les meilleures pratiques internationales. Ces travaux prolongent les orientations arrêtées par le Comité interministériel d'attribution des bandes de fréquences, qui avait identifié dès 2022 les bandes susceptibles d'accueillir la 5G, notamment celle comprise entre 3,3 et 3,8 GHz
Au regard de ce qui précède, l'accent mis sur les outils de gestion et de contrôle peut être lu comme une condition préalable à l'ouverture effective du marché. Il s'agit pour l'ART de disposer de capacités techniques lui permettant de suivre l'exploitation des réseaux, d'homologuer les équipements, de mesurer la qualité des services et de faire respecter les obligations imposées aux opérateurs, qu'ils soient terrestres ou satellitaires. Cette anticipation est d'autant plus stratégique que les questions de protection des données et de souveraineté numérique occupent une place centrale dans les débats entourant ces nouvelles technologies.
Contrairement aux réseaux mobiles classiques, ces solutions technologiques échappent en partie aux schémas historiques de supervision nationale, ce qui renforce la nécessité, pour le régulateur, de disposer de capacités techniques adaptées.
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 15/12/25 15:44


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