UMOA : Un marché financier régional qui a porté la croissance et la résilience des économies de la région

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La conférence introductive du colloque international organisé par l'AMF-UMOA animée par Abdoulaye Diop, président de la Commission de l'UEMOA, Jean Claude Brou, gouverneur de la BCEAO et Lionel Zinsou, ex Premier ministre du Bénin.

 

17 581 milliards FCFA, soit un peu plus de 26,8 milliards d'euros : telle est l'enveloppe que les Etats de l'espace UEMOA, y compris les entreprises, ont réussi à mobiliser sur le marché financier régional depuis son lancement en 1998.

Un chiffre révélateur de la justesse de la mise en place du marché au lendemain de la dévaluation du Franc CFA alors que la question du financement des économies de la région se posait avec acuité. Et alors que la crise de la Covid-19 et la guerre en Ukraine ont favorisé un durcissement des conditions de financement sur le marché international, le marché financier régional révèle toute sa valeur stratégique. Depuis 2020 en effet, les Etats de la région ont pu compter sur le marché local pour financer leur politique de résilience et de relance de leurs économies avec des levées estimées à environ 7 000 milliards FCFA.

Ce dynamisme s'est bien accompagné d'une bonne orientation d'autres indicateurs avec un " marché dont la capitalisation boursière atteint 16 000 milliards FCFA, qui compte 1 018 milliards FCFA d'actifs sous gestion et plus de 10 000 milliards FCFA d'actifs en conservation " a égrené le ministre ivoirien de l'Economie et des Finances Adama Coulibaly qui a ouvert ce 19 janvier le colloque international organisé pour marquer les 25 ans de l'AMF-UMOA, l'autorité des marchés publics de l'UMOA.

" (…) les maturités qui ne dépassaient guère 3 ans au démarrage des activités du marché, vont au-delà de 10 ans aujourd'hui. Dans le même temps, les taux d'intérêt ont significativement baissé, passant de 12% en 1996 à moins de 7% aujourd'hui, témoignant ainsi de la confiance des investisseurs en notre marché et de la qualité de signature des Etats membres en dépit des crises sécuritaires que nous traversons. Le secteur privé de l'Union n'est pas en reste avec la mobilisation de ressources longues à hauteur de plus de 4 000 milliards de FCFA depuis la création du marché ", a-t-il ajouté.

Une dynamique soutenue par une discipline macroéconomique et un secteur bancaire renforcé 

Ces acquis se sont construit sur un secteur bancaire qui s'est renforcé avec des établissements qui ont consolidé leurs fondamentaux dans le sillage de la mise en œuvre des réformes Bâle 1 et 2 et des mesures de supervision. Dans son intervention à la faveur de la conférence inaugurale du colloque, le gouverneur de la BCEAO Jean Claude Brou a relevé que les banques – qui ont dégagé ‘'environ 800 milliards FCFA de résultat net en 2021'' – ont tiré partie de ces réformes avec des fonds propres plus solides et des progressions annuelles de 12 à 14% des crédits qui se sont accompagnées d'un repli du taux de dégradation de leur portefeuille de créances qui est passé de 13 à 9%.

Anciennement CREPMF, le régulateur du marché financier régional a adopté la dénomination AMF-UMOA et une nouvelle charte graphique.

Ce tableau a su profiter d'un environnement économique solide et stable entretenu par les Etats qui se sont globalement pliés au respect des critères de convergence macroéconomique, générant une croissance ‘'plus saine'' dans les pays de la région. Un profil qui a permis d'autoriser quelques ‘'dérapages'' avec la suspension du ‘'pacte de convergence'', concernant en particulier les déficits budgétaires, afin de permettre aux Etats de mobiliser plus de ressources locales pour soutenir leurs politiques de résilience économique et sociale. " On retient ici qu'il est bon de maintenir des politiques macroéconomiques saines durant les bonnes périodes pour disposer de plus de marges plus grandes qui permettent d'absorber les chocs ", a expliqué le gouverneur. " La région a touché les dividendes d'un sérieux de la discipline macroéconomique ", s'est félicité l'ex Premier ministre béninois Lionel Zinsou qui a pointé néanmoins une inflation qui reste à maîtriser malgré tout (7% dans l'UEMOA contre 14% en Afrique).

Allez plus loin

Mais les défis restent importants pour un marché régional qui, à 25 ans d'âge, n'en est encore qu'à ses premiers pas en comparaison de celui des pays développés. " S'il faut se féliciter des avancées significatives enregistrées ", de " nombreux défis restent à relever pour concrétiser (…) pour faire du marché financier régional un levier incontournable pour le financement à long terme des économies de la région ", a souligné Badanam Paoki, le président de l'AMF-UMOA ; l'enjeu de ces assises étant de " faire une rétrospection du chemin parcouru et de scruter l'avenir et les défis à relever ".

Dans une économie africaine où les besoins de financements sont estimés entre 4 000 et 5 000 milliards FCFA par an, a rappelé Serge Ekué, le président de la BOAD, le marché financier régional a vocation à jouer un rôle bien plus important encore. Avec le retour progressif aux sacro-saints critères de convergence, le prochain défi du marché financier sera en effet de parvenir à être une alternative au marché financier international, offrant des taux d'intérêt plus compétitifs, mais également permettre de lever localement de plus en plus de ressources plus longues à des taux viables pour les Etats et le secteur privé.

Jean Mermoz Konandi

Publié le 25/01/23 14:45

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