Vista Vs Oragroup : Chronique d’un échec programmé

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Le ciel continue de s'assombrir au-dessus d'Oragroup, le groupe bancaire basé au Togo et historiquement actif dans 12 pays d'Afrique subsaharienne. Déjà ébranlé par une perte nette de 18,2 milliards FCFA en 2023 et des ratios prudentiels dramatiquement en dessous des seuils réglementaires, le groupe vient d'encaisser un revers stratégique majeur : Vista Group a officiellement mis un terme au processus de rachat, selon des informations obtenues par Sika Finance.

Vista Group tourne les talons : un signal d'alerte pour le marché

Après deux protocoles d'accord signés successivement en août 2023 et septembre 2024, le groupe Vista, dirigé par le financier burkinabè Simon Tiemtoré, a finalement renoncé à acquérir les parts d'ECP Financial Holding et d'autres investisseurs institutionnels dans Oragroup.

Selon plusieurs sources proches du dossier, les obstacles réglementaires dans les zones monétaires concernées (UEMOA, CEMAC, Guinée, Mauritanie), combinés à la dégradation continue du bilan d'Oragroup, ont sérieusement refroidi les ambitions du groupe.

Voir aussi :Fitch rehausse la note de crédit d'Oragroup, évoquant une amélioration de sa liquidité

Ce retrait, dans un contexte de turbulence financière aiguë pour Oragroup, jette une lumière crue sur les doutes entourant la viabilité de l'institution bancaire, qui espérait cette acquisition pour se recapitaliser et restaurer la confiance des investisseurs.

Une stratégie de croissance réorientée chez Vista

Loin d'abandonner ses ambitions régionales, Vista Group, selon une source, aurait déjà réorienté sa stratégie, misant désormais sur des cibles mieux structurées, à l'image de ses récentes prises de contrôle des filiales de Société Générale au Burkina Faso et au Mozambique. En parallèle, le groupe préparerait le lancement d'une nouvelle filiale bancaire en "greenfield" en Côte d'Ivoire, marquant une volonté claire de s'implanter solidement dans le plus grand marché de l'UEMOA, sans passer par la case Oragroup.

Oragroup : une trajectoire financière alarmante

Les derniers états financiers publiés renforcent le sentiment d'un déchirement progressif mais accéléré des fondamentaux d'Oragroup. Après un bénéfice record de 19,7 milliards FCFA en 2021, le groupe a enregistré deux années consécutives de pertes : -18,18 milliards FCFA en 2023, suivis d'un déficit encore plus lourd estimé à -44,36 milliards FCFA en 2024.

Voir: Donnée financière d'ORAGROUP

Cette spirale négative se reflète dans la détérioration de son total bilan, passé de 4 732 milliards FCFA en 2022 à 3 961 milliards FCFA en 2024, et dans l'érosion de ses capitaux propres, désormais sous la barre des 100 milliards FCFA.

Pire encore, les ratios prudentiels de solvabilité, exigés par la BCEAO, se situaient à des niveaux alarmants en fin 2023:

  • Ratio Common Equity Tier 1 (CET1) : 2,3% (Vs 7,5% requis)
  • Ratio Tier 1 : 2,4% (Vs 7,5% requis)
  • Ratio de solvabilité global : 3,9% (contre 11,5% requis), ce qui place Oragroup en zone critique de sous-capitalisation.

Un avenir en suspens pour un acteur historique

Le retrait de Vista, considéré comme l'un des rares groupes intéressés, constitue un coup dur stratégique pour Oragroup. L'absence de visibilité sur un plan de redressement clair laisse planer le spectre d'une restructuration plus radicale aux conséquences inconnues.

Alors que la confiance des investisseurs s'effrite, le titre coté à la BRVM a perdu plus de la moitié de sa valeur ces trois (3) dernières années.

Le groupe est en plein déclin ou le départ de grands groupes internationaux favorise l'émergence de géant bancaire locaux.

Ahmed Diallo

Publié le 21/05/25 14:17

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