A Addis-Abeba, l’Afrique active ses leviers de financements verts dans le transport et l’énergie

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L'Afrique accélère sa transition vers un développement sobre en carbone. En l'espace de quatre jours intenses, du 9 au 12 juin 2025, la capitale éthiopienne a été le théâtre d'une importante mobilisation continentale. Deux séries de tables rondes stratégiques ont été organisées par le Département infrastructure et énergie de la Commission de l'Union africaine, en partenariat avec l'AUDA-NEPAD, la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique (UNECA), et avec l'appui de la coopération allemande (GIZ) avec comme objectif clé, lever les freins à la structuration et au financement climatique de six projets d'infrastructure majeurs, répartis entre transport et énergie.

Frédéric Mao, chef d'orchestre

Ce rassemblement majeur doit surtout sa réussite à l'engagement d'un homme, Frédéric Mao, véritable chef d'orchestre de cette mobilisation continentale. À la tête d'une équipe resserrée de 15 personnes, qu'il a dirigée de main de maître, il a su donner à ces rencontres une dynamique concrète, axée sur la structuration financière, la coordination institutionnelle et la recherche de solutions pragmatiques pour la bancabilité des projets.

Frédéric Mao, Conseiller principal en politiques publiques pour la GIZ auprès de la Commission de l'Union africaine

Frédéric Mao est un spécialiste reconnu du financement des infrastructures en Afrique, avec plus de vingt ans d'expérience en ingénierie financière, partenariats public-privé et structuration de projets complexes. Senior Policy Advisor pour la GIZ auprès de la Commission de l'Union africaine, il pilote les stratégies de financement climatique des projets transfrontaliers du Programme de développement des infrastructures en Afrique (PIDA).

Initiateur des tables rondes sectorielles, qu'il coordonne également, il a forgé son expertise au sein d'institutions financières de référence telles qu'Atlantique Finance (Groupe BCP), Afreximbank et le Groupe Teyliom. Diplômé de Boston University et de l'ITB–CNAM Paris, il intervient régulièrement dans les grands forums internationaux sur les financements mixtes et la planification régionale.

Six projets phares africains à l'assaut du financement vert

Les deux premières journées ont été consacrées aux projets de transport. Trois initiatives majeures ont été présentées : la voie navigable VICMED reliant le Lac Victoria à la Méditerranée sur près de 5 500 kilomètres ; le corridor ferroviaire Nord entre Mombasa et Kigali, via Nairobi, Kampala et Malaba ; et le corridor ferroviaire central reliant Dar es Salaam à la RDC en passant par le Burundi, conçu comme une ligne électrifiée verte, intégrant des mécanismes de crédits carbone.

Les échanges ont souligné l'impératif d'impliquer davantage le secteur privé, notamment les arrangeurs principaux, dès les premières étapes des projets. Il est apparu essentiel de garantir la bancabilité des projets en intégrant pleinement les coûts d'investissement, d'exploitation et la rentabilité. Les participants ont également insisté sur la nécessité de mieux prendre en compte les risques politiques et commerciaux, souvent négligés au profit du seul risque climatique, ainsi que sur l'importance de favoriser des partenariats entre banques commerciales et institutions financières de développement.

Diversifier l'origine des projets

La nécessité de diversifier l'origine géographique des projets, actuellement largement concentrés en Afrique de l'Est, a également été soulignée. Ce constat est d'autant plus significatif qu'aucun des six projets présentés lors de ces tables rondes ne portait sur l'Afrique de l'Ouest.

Les discussions ont aussi mis en avant le potentiel des fonds de sécurité sociale comme alternative de financement, l'importance d'une priorisation rigoureuse à l'échelle nationale, régionale et continentale, ainsi que la nécessité d'un cadre réglementaire solide et de responsabilités claires pour la mise en œuvre dans chaque pays.

Les journées suivantes ont porté sur l'énergie, avec trois projets structurants : un programme d'irrigation verte dans la plaine de Jafara entre la Libye et la Tunisie, basé sur le pompage solaire et éolien ; le projet hydroélectrique de Luapula à la frontière entre la Zambie et la RDC, avec une capacité prévue de 789 MW ; et le programme régional d'intégration des énergies renouvelables du Southern Africa Power Pool.

Les débats ont notamment mis en lumière l'urgence de repenser les études de faisabilité en les ancrant dans des récits stratégiques, au-delà des seules données techniques. Une nouvelle approche en cinq volets a été suggérée. Dans le détail, elle consiste à montrer pourquoi le projet est pertinent (cas stratégique), détailler ses bénéfices pour les acteurs publics (cas socio-économique), évaluer sa demande et sa faisabilité technique (cas commercial), expliquer sa structure financière (cas financier), et enfin planifier sa gestion sur le long terme (cas managérial). Il a aussi été recommandé de regrouper les projets en portefeuilles d'envergure, de 500 millions à 5 milliards de dollars, afin d'attirer les fonds de pension.

L'ensemble de ces recommandations seront formalisées dans une note stratégique de la Commission de l'Union africaine, en préparation du Sommet sur le financement climatique prévu à Luanda en fin d'année.

Envoyé spécial à Addis-Abeba, Ethiopie

Dr Ange Ponou

Publié le 17/06/25 12:58

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