Alors qu'ils sont confrontés à certains défauts sur une partie de leurs dettes, le Ghana et la Zambie se heurtent à une impasse diplomatique et financière : deux banques africaines majeures – Afreximbank et la TDB, la Banque de commerce et de développement d'Afrique de l'Est et du Sud – refusent de participer aux efforts de restructuration de la dette, révèle Reuters ce 24 avril. Un refus qui freine les plans de relance de ces pays et brouille un peu plus les règles du jeu de la finance mondiale.
Au cœur du blocage : un débat explosif sur le statut de ces banques. Doivent-elles, comme les créanciers classiques, subir des pertes (‘'haircut'') ? Ou bénéficient-elles, comme le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, d'un statut de créanciers privilégiés, les protégeant de toute restructuration ? La question divise profondément les acteurs du Club de Paris – représentant les prêteurs occidentaux – et les nouvelles institutions financières africaines.
Un flou juridique au coût économique élevé
Ni le FMI, ni le Cadre commun du G20 n'ont officiellement tranché sur ce statut. Pourtant, cette ambiguïté a des conséquences très concrètes. La Zambie ne peut restructurer environ 600 millions de dollars de dettes contractées auprès d'Afreximbank et TDB, et le Ghana fait face à près de 750 millions dollars, soit près d'un quart de sa dette commerciale.
Dans ce contexte, les agences de notation comme Fitch et S&P maintiennent les deux pays en défaut de paiement, un obstacle majeur pour tout retour sur les marchés financiers.
Du côté des institutions financières africaines, la position est claire : ‘'Nous ne sommes pas des prêteurs ordinaires'', martèle Samaila Zubairu, directeur général de l'Africa Finance Corporation. Afreximbank rappelle que les traités fondateurs signés par les États emprunteurs eux-mêmes interdisent toute restructuration de leurs prêts. Un point que les créanciers occidentaux contestent, arguant que le système d'allègement de la dette ne peut fonctionner avec des zones d'ombre.
Plus qu'un simple bras de fer technique, ce différend souligne la montée en puissance des institutions financières africaines… mais aussi les limites d'un système international encore largement façonné par les pays du Nord. Il pose la question suivante : les règles de la finance mondiale peuvent-elles évoluer sans mettre en péril la crédibilité des nouveaux acteurs ?
Tant que cette question reste sans réponse claire, la reprise économique du Ghana et de la Zambie reste suspendue à un consensus qui tarde à émerger. Et les investisseurs, eux, deviennent de plus en plus frileux.
Voir aussi - Le Ghana lance une offre de restructuration de 13 milliards de dollars de sa dette
On rappelle qu'en septembre 2024, Accra avait lancé une offre de restructuration portant sur une dette de 13 milliards de dollars.
La Rédaction
Publié le 24/04/25 12:32
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