La Société financière internationale (SFI), branche d'investissement privé de la Banque mondiale, accélère son action en Afrique en étendant ses prêts en monnaie locale et ses investissements directs dans les entreprises. L'objectif est de permettre aux projets africains de gagner en taille et en attractivité pour les investisseurs mondiaux, tout en réduisant les risques liés aux fluctuations des devises.
Selon Makhtar Diop, directeur général de l'IFC, l'institution souhaite soutenir les entreprises locales et les marchés financiers africains dans un contexte où l'aide publique au développement se réduit. "Nous voulons que les projets puissent atteindre une taille suffisamment importante pour attirer des capitaux internationaux", a-t-il expliqué lors du récent Sommet africain à Casablanca.
L'Afrique représentait plus de 15 milliards de dollars d'engagements de l'IFC l'an dernier, répartis principalement entre prêts commerciaux et investissements en dette. Aujourd'hui, environ 30 % du portefeuille de la SFI sur le continent est déjà libellé en monnaie locale, une proportion appelée à croître dans les prochains mois. Cette stratégie vise à protéger les entreprises locales de la volatilité des devises étrangères et à améliorer leur résilience financière.
Pour atteindre ces objectifs, l'IFC s'appuie sur des partenariats avec les banques commerciales locales et régionales, transformant les ressources en dollars en lignes de crédit en monnaie nationale. Des mécanismes de conversion et de couverture des risques sont ainsi mis en place pour faciliter le financement des projets dans les pays où les marchés de capitaux restent peu développés.
L'enjeu est double. D'une part, il s'agit de soutenir les entreprises africaines et les petites et moyennes structures qui peinent souvent à obtenir des financements à long terme. D'autre part, cette démarche contribue au développement des marchés financiers locaux, en favorisant la mobilisation de l'épargne domestique et en renforçant la stabilité économique.
En Côte d'Ivoire, cette politique se traduit par des initiatives concrètes. La SFI a récemment investi dans des projets de logement abordable à Abidjan via des prêts en francs CFA et a participé à l'émission de la première obligation "genre" en monnaie locale destinée à soutenir les PME dirigées par des femmes. Ces actions illustrent la volonté de l'institution de combiner financement privé, développement durable et inclusion sociale.
Malgré ces avancées, des défis demeurent. La taille des projets reste souvent inférieure à un milliard de dollars, ce qui limite leur capacité à attirer de grands investisseurs institutionnels. De plus, tous les pays africains ne disposent pas d'infrastructures financières suffisamment développées pour soutenir des financements de grande ampleur en monnaie locale. L'IFC mise donc sur la création de partenariats stratégiques et sur le renforcement progressif des marchés domestiques pour surmonter ces obstacles.
Avec cette politique renforcée, l'IFC entend jouer un rôle central dans le financement du secteur privé africain, tout en contribuant à la stabilité économique et au développement des marchés locaux. Une stratégie qui, selon ses dirigeants, pourrait transformer le paysage de l'investissement sur le continent et ouvrir de nouvelles perspectives pour les entreprises locales.
Fanuelle YAO
La Rédaction
Publié le 03/11/25 17:00


                        
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