Dix ans après son premier discours en tant que président du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD), c'est avec émotion, mais aussi assurance, que Dr Akinwumi A. Adesina a ouvert ce 26 mai à Abidjan, la 60e édition des Assemblées annuelles de la Banque. Un rendez-vous hautement symbolique, à la fois rétrospective d'un mandat intense et prélude à une nouvelle vision stratégique pour l'Afrique.
Une décennie de croissance et d'innovations financières
Dans un ton à la fois solennel et enthousiaste, Akinwumi Adesina a rappelé les mutations majeures enregistrées par l'institution : le capital de la BAD est passé de 93 à 318 milliards de dollars, soit une progression de 242% en dix ans. Le Fonds africain de développement, bras concessionnel de la Banque, a pour sa part connu sa plus importante reconstitution avec 8,9 milliards de dollars levés lors de son 16e cycle.
La BAD s'est également illustrée par des innovations financières audacieuses : titrisations synthétiques, instruments hybrides de capital, autant de mécanismes salués comme des initiatives inédites au niveau des institutions multilatérales.
Les High 5 : de simples priorités à un mouvement continental
Loin d'être un slogan, la stratégie des High 5 — énergie, agriculture, industrialisation, intégration, qualité de vie — a touché 565 millions de personnes. Les impacts se déclinent comme suit : 128 millions ont vu leur accès aux soins amélioré, 121 millions bénéficient d'un meilleur transport, 104 millions sont en sécurité alimentaire et 28 millions ont désormais l'électricité.
C'est sans compter le projet Mission 300, fruit d'un partenariat avec la Banque mondiale, qui vise 300 millions de connexions électriques supplémentaires d'ici 2030.
‘'Ce ne sont pas des chiffres, ce sont des vies'', a martelé Akinwumi Adesina, illustrant son propos d'exemples concrets du Lesotho à l'Égypte, en passant par la Gambie ou le Kenya. À chaque fois, un mot d'ordre : impact visible, mesurable, vécu.
À la veille de son départ, il laisse une institution en pleine forme, désormais classée meilleure banque multilatérale de développement au monde. Il a également dévoilé l'essence de la nouvelle stratégie décennale 2024–2033, issue d'une vaste consultation incluant les 81 États membres, la société civile et le secteur privé.
Son message ? poursuivre les High 5, non plus comme priorités, mais comme socle transformationnel.
5 000 délégués attendus pour repenser le capital africain
Autour du thème ‘'Optimiser le capital de l'Afrique pour le développement de l'Afrique'', ces Assemblées accueilleront plus de 5 000 participants venus de 91 pays. Au programme : financements climatiques, stabilité macroéconomique, mobilisation des ressources internes, et transformation agroalimentaire.
‘'L'Afrique ne doit plus quémander, mais valoriser, conserver et faire fructifier son propre capital'', a résumé le président sortant de la BAD.
En passant le témoin, il se veut confiant : ‘'Je laisse une institution solide, unie, et résolument tournée vers l'avenir''.
Avec un sens aiguisé de la formule, Akinwumi Adesina conclut sur une note personnelle : ‘'Dix ans, des cheveux gris… mais une foi intacte dans le progrès africain. Je lève mon verre à la Banque, à l'Afrique, et à nos High 5.''
Dr Ange Ponou
Publié le 26/05/25 12:20
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