Albert Zeufack (Banque mondiale) : '' La dette risque d’hypothéquer l’avenir de l’Afrique ''

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Albert Zeufack, économiste en chef pour l'Afrique à la Banque mondiale

La dette reste une épée de Damoclès pour les nations africaines et une menace pour les générations futures. Dans son évaluation annuelle des politiques et institutions nationales (Country Policy and Institutional Assessment ou CPIA) publiée ce 31 juillet, la Banque mondiale tire à nouveau la sonnette d'alarme sur la tendance soutenue au réendettement en Afrique.

" Certains pays africains risquent d'hypothéquer l'avenir de leur population en privilégiant la consommation immédiate ", interpelle Albert Zeufack, économiste en chef pour l'Afrique à la Banque mondiale.

" Lorsque les pays, a-t-il poursuivi, consacrent la majeure partie de leurs recettes au service de la dette, une quantité moindre de ressources est disponible pour l'éducation, la santé et d'autres services essentiels pour les habitants. Le progrès est alors stoppé net dans son élan ".

Le rapport relève que la dette globale des Etats africains a progressé de " 18,5 points de pourcentage depuis 2013 " pour s'établir à 54,9% du PIB fin 2018. Et dans ce montant global, la proportion de la dette extérieure enregistre une progression de 10% des emprunts en eurobonds (obligations en devises ).

" Combinés, la hausse des niveaux d'endettement et le glissement de la dette extérieure vers des sources de financement plus risquées, plus coûteuses et reposant davantage sur le marché ont sensiblement accru la vulnérabilité des pays IDA d'Afrique subsaharienne (les 38 pays les plus pauvres du continent africain, ndlr) vis-à-vis de l'endettement " a relevé le rapport.

Des politiques sociales qui évoluent peu

La dette reste donc l'une des faiblesses des politiques publiques en Afrique dans la mesure où elle impacte les ressources des Etats en limitant leur capacité à financer des programmes d'inclusion sociale (éducation santé, etc.). Des programmes qui permettent de lutter contre l'exclusion sociale à la base des conflits et tensions sociaux, note le rapport CPIA.

En 2018, la qualité des politiques sociales, en particulier dans les 38 pays africains admis au guichet de l'IDA (Agence internationale de développement, guichet concessionnel de la Banque mondiale dédié aux pays les plus pauvres) a peu évolué. Ces pays ont obtenu la note de 3,1 sur une échelle de 0 à 6.

" Les pays africains, fragiles ou non, doivent continuer de se concentrer sur les questions de genre, d'éducation, de santé, de climat et de gouvernance parallèlement à la gestion macroéconomique s'ils veulent réaliser des progrès réels et durables " selon Gérard Kambou, économiste senior et principal auteur du rapport CPIA.

Le Rwanda avec une note de 4,0 est considéré comme le pays ayant les meilleures institutions et politiques sociales en Afrique et dans le monde. Le Cap Vert (3,8), le Kenya, le Sénégal et l'Ouganda (tous notés 3,7) complètent le top 5 africain.

Le Burkina obtient une note 3,6. La Côte d'Ivoire, le Benin et le Ghana sont évalués à 3,5, contre 3,4 pour le Mali et Niger et 3,1 pour le Nigeria.

Jean Mermoz Konandi

Publié le 31/07/19 16:15

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