Alex Pierre ASSANVO, secrétaire exécutif de Initiative Côte d’Ivoire-Ghana pour le cacao : ‘’Le cacao ne peut pas être un produit qui n’évolue que sous le thème de la pauvreté’’

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Alex Pierre ASSANVO, secrétaire exécutif de Initiative Côte d'Ivoire-Ghana pour le cacao :

‘'Le cacao ne peut pas être un produit qui n'évolue que sous le thème de la pauvreté''

L'Ivoirien Alex Pierre ASSANVO est, depuis ce 21 juin, officiellement installé dans ses fonctions de secrétaire exécutif de l'Initiative Côte d'Ivoire-Ghana pour le cacao, organisation chargée de conduire la politique commune des deux principaux producteurs mondiaux de fèves.

Habitué des arcanes du négoce international du Cacao pour avoir travailler pour des multinationales comme Mars et Mondelez ainsi que pour CAOBISCO, l'association européenne des industries du chocolat, l'Ivoirien a pour premier défi de faire accepter intégralement le DRD, le différentiel de revenu décent. Un combat qui n'est pas encore gagné, un an après l'adoption de la prime destinée à améliorer les revenus des paysans. La question a été au centre des échanges lors de la première réunion du comité de pilotage de l'organisation où Alex Pierre ASSANVO a eu un premier entretien avec la presse.

 

Vous dites que le marché du DRD est sécurisé et incontournable maintenant. Comment faire pour que les chocolatiers jouent le jeu complètement ?

Le DRD n'est pas mort. " N'est pas mort " ne veut pas dire qu'il n'y a pas de choses à améliorer. Aujourd'hui, a prés un an de son lancement et malgré un engagement des entreprises, nous constatons que tout le monde ne joue pas le jeu de ce mécanisme qu'ont mis en place les gouvernements de Côte d'Ivoire et du Ghana.

Ce n'est pas que les acteurs de la filière refusent forcément d'appliquer le DRD, mais il y a beaucoup de choses qui entrent en ligne de compte qu'il faut regarder : il y a des questions de marché à terme, de commercialisation, et de transparence qu'il faut réviser. Mais au final, que ce soit pour la Côte d'Ivoire comme le Ghana, le mécanisme est là et c'est le seul qui ait été proposé pour permettre une amélioration de revenu du planteur. S'il y a d'autres propositions, nous sommes ouverts.

(...) nous constatons que tout le monde ne joue pas le jeu du DRD ...

Que le marché ne l'accepte pas, c'est bien dommage. On peut aller acheter les fèves ailleurs pour ceux qui veulent… Mais nous allons nous battre, parce que nous faisons des efforts pour que ce produit (le cacao, ndlr) soit planté durablement. Nous n'allons pas accepter que d'autres pays autant africains qu'asiatiques ou d'ailleurs, vivent ce que la Côte d'Ivoire et le Ghana subissent ; une pression qui n'est pas connectée à un besoin de sortir le paysan de la pauvreté.

Voir aussi - Côte d'Ivoire/Ghana : Le cartel du cacao tient sa première réunion de haut niveau

Ce mécanisme est une décision des États qui a été acceptée suite à des discussions et négociations avec l'industrie ; cette décision est incontournable et l'on doit s'atteler à trouver des solutions durables. Si aujourd'hui on parle de durabilité, ce n'est pas seulement une préoccupation du consommateur mais de l'ensemble des acteurs de la filière. Par contre l'on doit faire référence à un revenu décent pour le planteur. C'est le seul moyen pour nous d'arriver à maintenir l'attractivité du secteur cacao ; le cacao ne peut pas être un produit qui n'évolue que sous le thème de la pauvreté. Voilà le message que nous livrons et nous allons nous battre pour cette cause parce que nous voulons que le cacao soit produit durablement.

Il faut revenir au revenu décent du planteur et toute régulation qui se veut efficace doit permettre de créer un environnement transparent et de responsabilité.

Des firmes ont eu à quitter la Côte d'Ivoire et le Ghana pour acheter du cacao ailleurs, mais derrière, elles ne peuvent pas nous dire les exigences de durabilité auxquelles ils ont répondu ou quelle a été la due diligence qu'ils ont appliquée en effectuant ces achats. C'est une situation qui doit interpeller l'Union européenne qui est très regardante sur la question. Voilà le message que nous donnons sur l'enjeu de la durabilité. Il faut revenir au revenu décent du planteur et toute régulation qui se veut efficace doit permettre de créer un environnement transparent et de responsabilité. Les futures directives Européennes doivent créer ce cadre et permettre d'aboutir à un revenu décent, ce qui entrainera de facto un impact qui permettra de réduire les incidences liées à la pauvreté.

Je profite pour féliciter les entreprises qui soutiennent la démarche du DRD, et qui veulent trouver les solutions avec nous. Avec ceux-là nous allons travailler et nous espérons continuer à élever le niveau de revenu du paysan.

 

Est-ce qu'à terme la Côte d'Ivoire et le Ghana envisagent ouvrir leur organisation commune à d'autres pays africains ?

La Côte d'Ivoire et le Ghana ne sont pas fermés. Nous disons juste qu'il s'agit d'un nouveau mécanisme que nous souhaitons consolider et certains pays sont déjà à la porte et des discussions sont engagées. C'est donc possible. Mais l'initiative ne doit pas être perçue comme un club d'amis, c'est un groupe de pays qui vont travailler à mettre en place et consolider un mécanisme durable qui va créer de la valeur. C'est un combat que nous devons jouer en tant qu'Africains, se mettre ensemble pour mieux influencer le secteur afin de créer de l'impact.  

La Côte d'Ivoire et le Ghana ne sont pas fermés à l'entrée d'autres pays au sein de cette initiative ...

Concernant les pays qui souhaitent rejoindre cette initiative, cela sera évalué et discuté avec tous ceux qui le souhaitent. Le Ghana et la Côte d'Ivoire ne sont pas fermés au contraire, ils sont ouverts.

Propos Recueillis par Jean Mermoz Konandi

Jean Mermoz Konandi

Publié le 25/06/21 18:10

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