Après Moody’s, S&P enfonce le clou au Cameroun et classe le pays en défaut sélectif

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Nouvel avis de gros temps pour l'économie camerounaise. Moins de deux semaines après Moody's, Standard & Poor's Global Ratings(S&P) a déclassé de six crans, la note de crédit en devises du Cameroun la faisant passer de “B-/B” à “SD” (défaut sélectif).

Sur l'échelle de notation de S&P, le défaut sélectif est la dernière note avant le défaut pur et simple "D". Une décision sévère comparativement à Moody's qui n'avait rétrogradé le pays que de deux paliers.  Pour les deux agences, les motivations sont pourtant identiques : entre janvier et novembre 2022, le Cameroun a accusé des retards de paiement (de deux semaines en moyenne, et dans certains cas jusqu'à 18 jours) sur sa dette due à Deutsche Bank Spain.

Voir aussi - Moody's abaisse la note du Cameroun à Caa1 après un retard de paiement sur sa dette étrangère

“En l'absence des délais de grâce indiqués, conformément aux "Définitions des notations globales S&P" publiées le 9 juin 2023, pour éviter tout défaut, les paiements doivent être effectués dans les cinq jours ouvrables suivant la date d'échéance. Nous considérons donc les retards de paiement sur la dette à long terme comme un défaut ” s'est justifié S&P.

Cette note n'est, cependant, que provisoire car les paiements en retard ont été soldés et le Cameroun est désormais à jour sur toutes les obligations de service de la dette commerciale. L'agence américaine prévoit donc, à l'issue de la prochaine évaluation prévue le 29 septembre prochain, rehausser la note du pays mais pas à son niveau d'antan. Les analystes de S&P ont déclaré que Yaoundé devrait “très probablement” être classée à “CCC+/C”, ce qui confère à la première économie de la CEMAC un profil de crédit plus faible que celui de la Côte d'Ivoire (BB/B-), la RD Congo (B-/B), le Bénin (B+/B) et même le Congo Brazzaville (B-/B).  

Pressions sur les liquidités

Comme Moody's, S&P explique que les retards de paiement enregistrés sont dus à des tensions de trésorerie auxquelles le Cameroun ferait face. Ceci est due au fait qu'une grosse partie des revenus publics soit 900 milliards FCFA (3,2 % du PIB), selon l'agence, ont été affectés en 2022 à la subvention des prix du carburant à la pompe, soit le double du montant alloué un an en arrière. L'agence pointe également une hausse des dépenses imprévues par le biais d'avances de trésorerie, en raison du contexte sécuritaire dans les régions du Nord-Ouest, du Sud-Ouest et de l'Extrême-Nord. 

“Les dépenses effectuées dans le cadre de ces procédures budgétaires exceptionnelles ont représenté 10 % des dépenses totales en 2022, au-dessus de l'objectif de 4 % fixé dans le cadre des programmes du Cameroun avec le FMI. Ces facteurs ont entraîné des tensions sur les liquidités tout au long de l'année et ont contribué aux retards de paiement”.

Les craintes de S&P concernent également les emprunts en monnaie locale, dont la note a également été abaissé à “CCC+”. L'agence estime que face les conditions de financement serrés sur le marché domestique, un taux d'inflation qui frôle désormais 8% et la volatilité des prix du pétrole vont davantage exercer une pression sur les liquidités publiques, rendant le gouvernement moins disposé à assurer le service de sa dette commerciale en temps opportun. 

“Nous envisagerions d'augmenter nos notes si le Cameroun améliore ses pratiques de budgétisation et de gestion de trésorerie” a déclaré optimiste l'agence.

Cédrick Jiongo

La Rédaction

Publié le 09/08/23 15:10

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