En 2024, les chantiers du Fonds africain de développement qui est actuellement à son 16e cycle de reconstitution (2023–2025) (FAD-16), ont accéléré la transformation du continent. Routes transfrontalières, interconnexions électriques, investissements climatiques et emplois pour la jeunesse : le bilan du FAD-16, piloté par la Banque africaine de développement (BAD), traduit la montée en puissance d'un modèle de développement plus intégré et plus résilient.
Un impact visible sur le terrain
Dans un continent où chaque kilomètre de route peut changer une économie locale, le FAD-16 affiche des résultats tangibles. Plus de 614 kilomètres de routes nationales et transfrontalières ont été construits ou réhabilités, reliant directement 3,5 millions de personnes à de nouvelles opportunités économiques. Le corridor Libreville–Brazzaville, par exemple, a vu son temps de trajet fondre de trois jours à seulement quatre heures et demie, tout en générant 700 emplois directs.
Dans les secteurs sociaux, les progrès sont tout aussi concrets : 2,9 millions de personnes ont désormais accès à une eau potable de qualité, tandis que plus de 306 000 bénéficient d'un meilleur assainissement et 1,2 million d'un système de santé renforcé. Autant de résultats qui traduisent la philosophie du FAD : des infrastructures qui ne se limitent pas au béton, mais transforment la vie quotidienne.
Le climat, moteur d'un nouveau modèle de croissance
Si le développement d'hier s'appuyait sur les routes et l'énergie, celui de demain se joue aussi sur le terrain climatique. En 2024, 56% des financements du FAD ont été consacrés à des projets liés au climat, dépassant largement l'objectif initial de 40%. Le guichet climat, dédié à l'adaptation, a déjà alloué 321,75 millions de dollars à 41 projets, couvrant notamment la gestion des ressources hydriques et les premières initiatives de “clean cooking” en Afrique de l'Ouest.
‘'L'Afrique continue de faire preuve d'une résilience remarquable'', souligne le rapport. Cette résilience s'appuie sur une approche intégrée : adaptation climatique, emploi des jeunes et gouvernance économique avancent désormais de concert.
Gouvernance et emploi : vers une transformation inclusive
Derrière les infrastructures, c'est une économie entière qui se structure. Les pays bénéficiaires du FAD ont amélioré leur mobilisation fiscale, avec un ratio impôts/PIB passé de 12,2% à 17,1% entre 2020 et 2023. Dans le même temps, la dette publique moyenne, autour de 57,5% du PIB, se stabilise.
L'enjeu désormais est de transformer cette stabilité en moteur de création d'emplois. En 2024, les projets du FAD devraient générer 1,1 million d'emplois, dont 540 000 pour les femmes et 605 000 pour les jeunes, tout en ajoutant 4,6 milliards de dollars de valeur à l'économie africaine.
Alors que le 17e cycle de reconstitution du FAD (FAD-17) se profile, la BAD en appelle à une mobilisation ambitieuse. Objectif : accélérer l'investissement résilient, attirer les capitaux privés et soutenir la transition verte, dans un contexte de rareté du financement du développement à l'échelle mondiale.
‘'Une reconstitution ambitieuse du FAD-17 est indispensable'', insiste le rapport, qui voit dans cette nouvelle phase une opportunité pour consolider les acquis et élargir l'impact du Fonds.
Dr Ange Ponou
Publié le 13/10/25 12:50