Cameroun : La compagnie d'électricité en quête de 54 milliards FCFA pour sauver le 2ème plus grand barrage du pays

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Enclenché il y a près d'une décennie, le chantier de réhabilitation du barrage hydroélectrique de Songloulou, au Cameroun, peine à atteindre sa vitesse de croisière. L'exploitant du site, Eneo Cameroon, est toujours à la recherche de 54 milliards de FCFA (environ 82,3 millions d'euros) pour boucler le financement d'un programme baptisé Dam Safety, indispensable pour garantir la sécurité et la longévité de cet ouvrage stratégique.

Mis en service entre 1986 et 1987, le barrage de Songloulou, d'une capacité installée de 384 MW, alimente à lui seul plus d'un tiers du Réseau interconnecté Sud (RIS), principal pilier de l'approvisionnement électrique au Cameroun. À titre d'illustration, il a fourni 35 % de l'électricité de ce réseau au premier trimestre 2025, devant les nouvelles installations de Nachtigal (31 %) et la vieille centrale d'Édéa (21 %). Autant dire que la moindre défaillance de Songloulou pourrait provoquer une déstabilisation massive du système électrique national.

Pour prolonger de 50 ans la durée de vie du barrage, le programme de réhabilitation élaboré par Eneo prévoit deux grandes phases de travaux. La première, jugée prioritaire, mobilise un budget de 20 milliards de FCFA. Elle comprend cinq lots d'interventions, dont certains, comme les travaux électromécaniques de l'évacuateur de crues, accusent un retard important avec à peine 13 % d'avancement. La deuxième phase, encore en cours de définition, nécessiterait à elle seule 52 milliards FCFA supplémentaires.

Des moyens limités, des défis techniques persistants

A ce jour, Eneo indique avoir déjà engagé 18 milliards FCFA sur l'ensemble du programme. Dans le détail, environ 11 milliards FCFA ont été affectés à la phase d'urgence, tandis que 7 milliards ont été avancés pour lancer les premières études et opérations de la phase complémentaire. Ce montant couvre notamment des actions visant à anticiper les effets à long terme de la RAG — Réaction alcali-granulat —, un phénomène de dégradation du béton à l'origine de fissures et d'instabilités dans les infrastructures en béton armé.

Selon les conclusions du cabinet d'ingénierie français ISL, commandité dès 2013 pour évaluer l'état du barrage, ces désordres structurels étaient apparus dès les premières années d'exploitation. Si le processus chimique de gonflement du béton semble aujourd'hui en voie de stabilisation, les experts ont tout de même recommandé des interventions lourdes pour renforcer la sûreté de l'ouvrage.

Les travaux de la première phase, lancés en 2015, ont permis d'assurer une stabilité partielle du barrage, comme l'a confirmé récemment Maxime Nkat, directeur du site. " Le barrage est aujourd'hui stable. On a réalisé d'importants investissements et mis en place des solutions pour sécuriser les mouvements du béton. Il n'y a pas d'alerte immédiate ", a-t-il déclaré.

Un financement sur fonds propres à bout de souffle

Malgré ces avancées, le programme reste fortement freiné par des contraintes financières. " Jusqu'ici, tous les financements viennent des fonds propres d'Eneo. Ce n'est pas durable ", confie un haut responsable de l'entreprise, qui évoque également des difficultés à contractualiser avec les bailleurs de fonds.

Perton Biyiha

La Rédaction

Publié le 15/05/25 12:14

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