Cameroun : Un tissu de PME dynamique, mais freiné par la faiblesse du secteur primaire

BRVMC0000000 - BRVMC
La BRVM Ferme dans 0h16min

Le Cameroun peut se targuer d'un dynamisme entrepreneurial croissant, en témoignent les chiffres dévoilés dans l'édition 2024 de l'annuaire statistique du ministère des Petites et Moyennes Entreprises, de l'Économie Sociale et de l'Artisanat (Minpmeesa). Le pays compte désormais 443 524 PME sur un total de 444 302 entreprises en activité. Des chiffres qui s'inscrivent dans une tendance haussière depuis 2016. Pourtant, derrière cette vitalité apparente, se cache une faiblesse structurelle majeure, liée au sous-développement persistant du secteur primaire, socle pourtant essentiel à une véritable industrialisation locale.

Un secteur primaire marginal

En 2024, seules 444 PME – soit à peine 0,1 % du stock total – opèrent dans le secteur primaire. Ce chiffre, pratiquement stagnant depuis 2016, traduit un déficit alarmant dans l'agriculture, la pêche et l'élevage structurés, alors même que ces activités devraient alimenter les unités de transformation du secteur secondaire. Résultat, le développement industriel est freiné par une matière première locale insuffisamment disponible, diversifiée ou valorisée.

Le secteur secondaire, justement, bien qu'en croissance, ne représente que 22,7 % du tissu PME (soit 100 680 entreprises). Il reste tributaire d'une base productive fragile. À titre de comparaison, le secteur tertiaire domine largement avec 342 400 PME, soit 77,2 % de l'ensemble.
Les PME camerounaises, en 2024, sont en majorité des Très Petites Entreprises (TPE), qui représentent 129 900 unités, soit 82 % des nouvelles créations recensées par les Centres de Formalités de Création des Entreprises (CFCE). Ces structures légères, souvent à ressources limitées, ont toutefois joué un rôle moteur dans la dynamique entrepreneuriale. On compte 21 132 nouvelles PME créées en 2024, contre 19 651 en 2023.

Ce dynamisme entrepreneurial reste cependant concentré dans les grandes agglomérations. Yaoundé a enregistré 9 858 créations, contre 6 815 à Douala. Bafoussam, Limbé, Bamenda et Garoua suivent avec des chiffres significativement plus modestes. En bas de l'échelle, Édéa ferme la marche avec seulement 40 PME nouvellement créées.

De manière générale, la répartition régionale des PME reflète une forte centralisation. La région du Littoral, tirée par Douala, abrite 33,5 % des PME, devant le Centre (Yaoundé inclus) avec 23,9 %. À l'opposé, les régions du Sud, de l'Adamaoua ou de l'Est restent sous-représentées, cumulant chacune moins de 4 % du total.

Une lente féminisation de l'entrepreneuriat

Les données montrent également une évolution encourageante de la participation des femmes. En 2024, 31,4 % des entreprises nouvellement créées l'ont été par des promotrices, contre 26,6 % en 2023 et 25,8 % en 2022. Un progrès constant, même si les hommes dominent encore le paysage entrepreneurial, représentant 68,6 % des créateurs d'entreprises en 2024. Les jeunes de moins de 35 ans forment également une composante majeure de ce tissu entrepreneurial, avec 44,9 % des nouveaux chefs d'entreprises.

Perton Biyiha

La Rédaction

Publié le 14/05/25 10:00

SOYEZ LE PREMIER A REAGIR A CET ARTICLE

Pour poster un commentaire, merci de vous identifier.

UAFanJdBEJxrXYHW7KORCTD-WfcPrj2uudIu80ZY8ys False