Canal+ autorisé à finaliser le rachat de MultiChoice pour 3 milliards USD

Avec le feu vert du tribunal de la concurrence sud-africain, Canal+ franchit une étape décisive dans le rachat de MultiChoice pour un montant avoisinant les 3 milliards de dollars. Une opération historique qui redessine en profondeur le paysage de l'audiovisuel africain et propulse le groupe français au rang de premier acteur du continent dans la télévision payante et le streaming.

C'est un tournant majeur pour l'industrie audiovisuelle africaine. Canal+, filiale du groupe Vivendi détenue par le milliardaire Vincent Bolloré, a obtenu l'approbation réglementaire du tribunal de la concurrence sud-africain pour le rachat de MultiChoice, le plus grand opérateur de télévision payante en Afrique. Cette validation, annoncée dans un communiqué commun des deux groupes ce 23 juillet, marque la plus importante acquisition de l'histoire de Canal+.

Avec cette transaction valorisant MultiChoice à environ 55 milliards de rands (3,13 milliards USD), Canal+ prend une longueur d'avance stratégique sur le marché africain, en pleine mutation numérique.

Une alliance pour conquérir le marché africain de l'audiovisuel

Depuis 2024, Canal+ a progressivement renforcé ses positions au capital de MultiChoice, atteignant aujourd'hui 45,2% des parts. En mars, le groupe français a lancé une offre publique d'achat sur les 54,8% restants, à un prix de 125 rands par action (environ 6 euros), valorisant la totalité du groupe à près de 3 milliards USD.

Cette fusion vise à créer un acteur panafricain de poids, capable de rivaliser avec les géants mondiaux du streaming comme Netflix, Amazon Prime ou Disney+. Alors que Canal+ compte aujourd'hui quelque 8 millions d'abonnés en Afrique francophone, MultiChoice domine les marchés anglophones (Nigéria, Zambie) et lusophones (Angola). L'ambition affichée est d'atteindre 50 à 100 millions d'abonnés dans les années à venir, contre 27 millions actuellement.

Une opération sous conditions, mais aux promesses fortes

L'approbation du tribunal sud-africain ne s'est pas faite sans conditions. L'une des exigences majeures concerne le soutien actif aux productions sud-africaines dans le divertissement et le sport, garantissant un impact local fort. Un engagement pour Canal+, qui affirme vouloir renforcer l'écosystème créatif local, soutenir les talents africains, et faire émerger des contenus adaptés aux réalités culturelles et sociales du continent.

Par ailleurs, un programme d'autonomisation économique des Noirs (B-BBEE) est intégré à l'accord, conformément aux impératifs socio-économiques sud-africains. Ce dispositif, couplé à la possible introduction en Bourse de la nouvelle entité à Johannesburg, contribue à renforcer l'ancrage africain de l'opération et à garantir son acceptabilité politique et sociale.

La concrétisation de cette opération donnera naissance à un véritable champion continental des médias et du streaming, avec une empreinte dans plus de 50 pays africains, une programmation riche mêlant contenus locaux, retransmissions sportives et cinéma international, et une infrastructure technologique consolidée.

Fondé en 1985, MultiChoice est un pionnier du secteur, notamment grâce à ses droits exclusifs sur les grandes compétitions sportives et ses séries emblématiques africaines. Sa séparation d'avec Naspers en 2019 a marqué le début de son envol en tant qu'acteur indépendant, jusqu'à cette nouvelle ère initiée par la fusion avec Canal+.

Pour Maxime Saada, président de Canal+, cette opération représente une avancée déterminante : ‘'Il s'agit d'une étape extrêmement positive dans notre aventure visant à réunir deux sociétés emblématiques des médias et du divertissement et à créer un véritable champion pour l'Afrique.''

Même son de cloche pour Calvo Mawela, PDG de MultiChoice, qui salue ‘'une étape importante et un grand pas en avant'' pour les deux entreprises.

La Rédaction

Publié le 23/07/25 11:27