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Louis Paul Motaze, Ministre des Finances du Cameroun
Le Cameroun projette d'emprunter un total de 1 130 milliards FCFA (environ 1,8 milliard USD) sur le marché régional de la dette publique, selon le calendrier prévisionnel des émissions transmis par le pays à la BEAC. Cette enveloppe comprend 750 milliards FCFA de BTA (titres de moins d'un an de maturité) et 380 milliards FCFA via l'émission des Obligations du Trésor Assimilables (OTA).
Concrètement, les interventions du pays sur le marché régional de la dette seront dominées par les instruments de 26 semaines (490 milliards FCFA) et 52 semaines (175 milliards). Sur les longues maturités, le Trésor public camerounais espère capter tout au long de l'année, un peu plus de 110 milliards FCFA sur les titres de 4 ans et sur 5 ans. Compte tenu de la faible profondeur du marché, Yaoundé n'a misé que 15 milliards FCFA sur les très longues maturité (10 ans) et 40 milliards sur les titres de 7 ans. Le calendrier prévisionnel permet aussi de noter que le pays n'envisage pas d'émettre un emprunt obligataire en monnaie locale cette année, la deuxième d'affilée.
L'enveloppe escomptée servira à refinancer les prêts sur ce marché arrivant à échéance en 2025, de sorte que le pays ne disposera que de 380 milliards FCFA pour des projets autres que la dette. Le Cameroun devient ainsi le deuxième pays de la CEMAC à avoir décliné son plan de financement annuel après le Tchad qui a exprimé un besoin en ressources de 400 milliards FCFA.
Il faut dire que cette année 2025, les pays de la CEMAC vont se déployer dans un contexte particulier marqué par un resserrement de la liquidité sur le marché régional. À cela s'ajoute la révision par la COBAC des taux de pondération aux États qui va jusqu'à 100% pour certains pays. Cette mesure, qui vise à dissuader les banques à prêter aux États compte tenu de leur forte exposition au risque souverain, pourrait compromettre l'exécution des budgets des pays. Selon les données officielles, l'exposition des banques au risque souverain (sur les prêts et titres) dans la région est passée de 10% à fin 2015 à 31% du total des actifs à fin 2023, ce qui menace la stabilité du système financier.
Ainsi, sauf assouplissement du gendarme bancaire, il sera difficile pour les États de mobiliser les montants qu'ils recherchent pour financer leurs déficits budgétaires en 2025. Au cours de la première semaine de l'année, 4 États, dont le Cameroun, ont exprimé un besoin de financement de 110 milliards FCFA, mais n'ont obtenu que 32 milliards FCFA auprès des investisseurs.
Cédrick JIONGO
La Rédaction
Publié le 10/01/25 14:54
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