Congo : Près de 960 milliards FCFA de dette exposée à la volatilité des taux mondiaux

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Une part significative de la dette du Congo reste soumise aux aléas des marchés financiers internationaux, selon le rapport annuel de la dette publique du pays. D'après les données officielles arrêtées au 31 décembre 2024, 28,63% du portefeuille de dette extérieure du pays, soit environ 960,5 milliards FCFA, est contracté à taux d'intérêt variables. Cela signifie que les charges financières liées à ces emprunts ne sont pas fixes et évolueront selon les fluctuations des indices de référence tels que le SOFR (Secured Overnight Financing Rate) ou l'EURIBOR, sur lesquels ces prêts sont indexés.

Une telle structure rend la trajectoire budgétaire du pays plus incertaine, dans un contexte où les taux directeurs ont connu des hausses significatives dans plusieurs grandes économies au cours des deux dernières années. À mesure que ces indices montent, le coût effectif du service de la dette variable augmente, créant un écart croissant entre le coût initialement prévu des emprunts et leur coût réel sur la durée.

En parallèle, 71,37% de la dette extérieure congolaise, soit près de 2 396 milliards FCFA, est constituée d'emprunts à taux fixes, ce qui permet une meilleure visibilité sur les charges d'intérêts futures. Mais cela ne suffit pas à neutraliser l'exposition globale du portefeuille aux risques de marché, surtout en période de volatilité monétaire et de durcissement des conditions financières internationales.

Autre signe de vulnérabilité budgétaire, la forte proportion de financements à conditions peu avantageuses dans la composition du portefeuille. Les prêts non concessionnels, c'est-à-dire obtenus à des conditions de marché ou quasi-marché, représentent 49,59% de la dette extérieure, contre 34,40% pour les prêts semi-concessionnels. Les prêts véritablement concessionnels – plus favorables en termes de taux et de maturité – ne constituent que 16,01% du total.

En somme, plus de 83% de la dette extérieure du Congo est contractée à des conditions moins souples, réduisant les marges de manœuvre budgétaires du gouvernement. Cette structure reflète soit un accès limité aux financements concessionnels des bailleurs traditionnels, soit des choix d'endettement dictés par l'urgence ou des préférences stratégiques orientées vers des financements rapides mais onéreux.

À cette vulnérabilité aux taux d'intérêt s'ajoute une exposition marquée au risque de change. Près de 70% de la dette extérieure congolaise est libellée dans des devises étrangères non corrélées au franc CFA, ce qui la rend sensible aux fluctuations du dollar, du yen ou du yuan et de bien d'autres devises. Le dollar américain domine largement le portefeuille, avec 50,83%, suivi de l'euro (22,41%) et du DTS (droits de tirage spéciaux du FMI, 12,68%). Le reste est éparpillé entre le yuan chinois, le dinar koweïtien, le dirham émirati ou encore le franc CFA émis par la Banque des Etats de l'Afrique centrale.

En cas de dépréciation du franc CFA par rapport à ces devises, le coût en monnaie locale du remboursement de la dette extérieure pourrait s'envoler, aggravant les pressions sur les finances publiques.

Entre 2020 et 2024, le stock de la dette publique congolaise est passé de 6 596 milliards à 8 535 milliards FCFA, soit une progression de 29,41% sur la période. Cette hausse s'explique par la multiplication des besoins de financement, notamment pour faire face à des chocs exogènes et soutenir les dépenses publiques dans un contexte de reprise fragile.

Toutefois, la structure même de cette dette évolue. La part de la dette intérieure a significativement augmenté, représentant 60,68% du total en 2024 contre 42,88% en 2020, traduisant un recentrage vers les marchés financiers régionaux, notamment ceux de la CEMAC. Une stratégie qui vise à limiter l'exposition extérieure, mais qui ne suffit pas à atténuer les effets des charges variables déjà contractées.

Perton Biyiha

La Rédaction

Publié le 14/07/25 15:26

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