L'agence S&P Global Ratings a confirmé, le 14 novembre 2025, la notation souveraine de la Côte d'Ivoire à " BB/B ", avec des perspectives stables. Cette décision, qui concerne la dette à court et long terme en devises étrangères comme locales, récompense la résilience économique du pays et sa gestion proactive de la dette, dans un contexte d'apaisement politique après la réélection du président Alassane Ouattara. Pour les investisseurs, cette notation confirme la crédibilité du pays sur les marchés financiers, malgré un profil de risque encore marqué.
Les fondamentaux économiques restent solides. S&P anticipe une croissance moyenne de 6,5 % jusqu'en 2028, tirée par les investissements dans les infrastructures, les énergies et l'agro-industrie. Le déficit courant devrait se résorber fortement, à 1,2 % du PIB en 2025, puis se stabiliser autour de 2,4 % en moyenne jusqu'en 2028, contre 6,6 % entre 2022 et 2024. Cette amélioration s'explique par les prix élevés du cacao et de l'or, ainsi que par l'entrée en production de projets structurants comme le gisement pétro-gazier de Baleine et la mine d'or ‘'de classe mondiale'' Koné. Par ailleurs, le déficit public est contenu à 3 % du PIB, respectant les critères de l'UEMOA.
Le pays se distingue aussi par son approche innovante de financement. Récemment, Abidjan a levé avec succès plusieurs emprunts durables, dont le premier prêt africain lié aux objectifs de développement, et a émis avec succès des obligations en franc CFA sur les marchés internationaux – une première. En mars 2025, le pays a ainsi levé 1,75 milliard de dollars sur les marchés internationaux, dont une partie a servi à racheter 700 millions d'euros d'euro-obligations en circulation. Ces opérations permettent à l'État de diversifier ses sources de financement, d'alléger le coût de la dette et de renforcer son attractivité auprès des investisseurs responsables.
La dette publique, après un pic à 55 % du PIB en 2024, entame une décrue et devrait retomber à 48 % d'ici 2028, selon S&P. Cette amélioration repose sur une croissance nominale vigoureuse et un contrôle renforcé des déficits, combinée à une amélioration progressive de la pression fiscale, avec un objectif à moyen terme du ratio recettes/PIB de 20 %, contre 16,4 % en 2024 et 14,7 % en 2022.
Néanmoins, l'agence souligne que les besoins de financement resteront importants, en raison des investissements nécessaires dans les infrastructures. Les relations étroites avec les bailleurs, dont le FMI, devraient continuer de faciliter l'accès à des prêts concessionnels.
Malgré ces progrès, des fragilités subsistent. La dépendance aux matières premières – le cacao représente environ 30 % des exportations – expose le pays aux fluctuations des cours mondiaux et aux aléas climatiques. Enfin, si S&P salue le renforcement des institutions et la stabilité politique depuis 2011, elle soulève l'épineuse question de la succession présidentielle, source d'incertitude à moyen terme. La consolidation de la trajectoire économique ivoirienne passera donc par une diversification accrue de son modèle de croissance et une gestion transparente des futures transitions politiques.
Jean Mermoz Konandi
Publié le 17/11/25 13:59


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