À l'occasion de l'événement CAP Green, rendez-vous phare de la finance climatique, la Côte d'Ivoire a officiellement lancé ce 23 avril un projet pilote de marché carbone axé sur la biodiversité, en collaboration avec l'Organisation pour les certificats de biodiversité (OBC). Cette initiative, portée par un consortium international d'experts, ambitionne de structurer un marché environnemental robuste, transparent et scientifiquement fondé, aligné sur les engagements de l'accord de Kunming-Montréal.
Cette première phase opérationnelle vise à tester sur le terrain le modèle économique proposé par l'OBC, en zone tropicale. Ce mécanisme repose sur l'émission de certificats de biodiversité permettant de mesurer, certifier et valoriser les gains écologiques concrets issus de projets de conservation ou de restauration d'écosystèmes.
" Ce marché pilote est un laboratoire d'innovation. Grâce à l'expertise d'OBC, nous jetons les bases d'un marché crédible, capable de rendre visibles, mesurables et monétisables les impacts positifs sur la biodiversité ", a expliqué Fabiola Flex, présidente de l'OBC, en marge du lancement.
Une réponse structurante à la financiarisation de la biodiversité
Dans un contexte d'urgence climatique et d'effondrement du vivant, le développement d'un marché structuré pour les crédits de biodiversité devient une priorité. En ce sens, le projet OBC Côte d'Ivoire ambitionne de fournir un outil normalisé permettant aux acteurs publics et privés de documenter et monétiser les efforts de préservation de la nature, en lien direct avec la stratégie nationale de biodiversité.
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Outre la création d'un cadre de certification rigoureux, les travaux sur le terrain permettront de collecter des données essentielles à l'évaluation des projets et à la consolidation d'un mécanisme de marché pérenne. Cette approche dite du " cercle vertueux " – conceptualisée par l'OBC et présentée lors de la COP16 – garantit que chaque certificat émis corresponde à un gain net et tangible pour la biodiversité.
Une ambition partagée à l'échelle mondiale
En parallèle du lancement ivoirien, un marché pilote jumeau a été inauguré en France le 24 avril, sous l'égide du ministère de l'Environnement français et de l'International Advisory Panel for Biodiversity Credits (IAPB). Ce déploiement transcontinental marque la volonté de créer des standards unifiés et reconnus à l'échelle internationale.
L'OBC, en tant que tiers de confiance, agit comme interface entre porteurs de projets, autorités et investisseurs, assurant la crédibilité des certificats émis et leur conformité avec les normes environnementales les plus exigeantes. L'organisation s'appuie pour cela sur un réseau de partenaires techniques et institutionnels, dont Africa Energy Transition Services (AETS) et AGROMAP, mobilisés pour soutenir la mise en œuvre locale du projet.
Vers un marché africain de la biodiversité ?
Avec 3,5 millions d'hectares de forêts primaires menacées, la Côte d'Ivoire offre un terrain d'expérimentation stratégique pour ce type de mécanisme. Le lancement du marché pilote ouvre la voie à une future intégration du pays dans les flux internationaux de finance carbone, mais cette fois-ci centrée sur la valeur écologique intrinsèque des écosystèmes.
En s'adossant à une taxonomie claire et à des outils d'évaluation rigoureux, le projet OBC Côte d'Ivoire entend également mobiliser l'investissement privé en faveur de la transition écologique. Une étape jugée cruciale pour la mise en œuvre des Contributions déterminées au niveau national (CDN) dans le cadre de l'Accord de Paris.
" L'Afrique ne doit pas être en marge des marchés de la nature. Elle doit en être un acteur structurant, en capacité de démontrer la valeur économique de ses services écosystémiques ", a souligné un représentant d'AGROMAP, partenaire du projet.
Alors que les mécanismes classiques de compensation carbone sont régulièrement critiqués pour leur opacité ou leur efficacité contestée, le modèle OBC fait le pari d'une finance climatique plus qualitative, plus traçable et davantage alignée sur les besoins locaux.
Un pari ambitieux, mais indispensable, pour faire de la biodiversité non plus un coût, mais une source de valeur partagée pour les États, les entreprises et les communautés.
Jean Mermoz Konandi
Publié le 25/04/25 15:10
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