L'industrie agroalimentaire en Côte d'Ivoire, composante majeure du secteur secondaire, fait l'objet d'une analyse approfondie dans cette étude. En tant que levier essentiel de développement, elle contribue significativement à la création d'emplois, à la valorisation des ressources agricoles, et à l'innovation technologique, tout en jouant un rôle central dans l'approvisionnement alimentaire.
Pour rappel, l'industrie agro-alimentaire désigne l'ensemble des activités économiques liées à la transformation, à la production et à la distribution de produits alimentaires destinés à la consommation humaine. Elle intègre une chaîne complexe d'opérations, depuis l'agriculture et l'élevage jusqu'à la transformation industrielle, l'emballage, la commercialisation et la logistique.
Le secteur ivoirien de l'agroalimentaire souffre d'une faible rentabilité
Ce secteur, animé par une cinquantaine d'acteurs en Côte d'Ivoire, a généré plus de 3 331 milliards FCFA de chiffre d'affaires en 2022, pour un résultat net d'environ 81,42 milliards FCFA, selon les données consultées par Sika Finance.
Il en ressort en conséquence une marge nette de 2%, ce qui signifie que pour chaque franc CFA de vente réalisée après avoir couvert tous ses coûts, le bénéfice dégagé est de 0,2 franc CFA. Comparée à la moyenne de 5% à 7% généralement observée en Afrique de l'Ouest, cette marge bénéficiaire est donc très faible.
En outre, au Nigéria et en Afrique du Sud, deux des principales économies du continent, la marge nette dans le secteur agroalimentaire se situe respectivement entre 7% et 12%, et entre 10% et 15%. En comparaison, ce taux atteint souvent jusqu'à 48% dans des pays développés comme la France.
La faible marge bénéficiaire de l'industrie agroalimentaire en Côte d'Ivoire s'explique par l'importance des charges supportées par les différents acteurs du secteur. Cela se reflète dans un coefficient d'exploitation de 74%, indiquant que 74% du chiffre d'affaires est absorbé par les coûts d'exploitation.
De manière similaire, la rentabilité des capitaux propres (ROE) et des actifs (ROA) est également affectée, se chiffrant respectivement à 0,13 et 0,04. Autrement dit, chaque franc investi dans les capitaux propres génère un bénéfice de 0,13 franc, tandis qu'un franc investi dans les actifs rapporte 0,04 franc.
Pour atténuer la pression financière et maintenir une rentabilité viable sur ce marché concurrentiel, les entreprises ivoiriennes du secteur de l'agroalimentaire doivent envisager des stratégies telles que l'optimisation des réseaux de distribution, l'exploitation des technologies de gestion de la logistique et de la chaîne d'approvisionnement, la mise en œuvre de pratiques efficaces de gestion des entrepôts, l'amélioration de la visibilité de la chaîne d'approvisionnement et l'établissement de partenariats de collaboration.
En dépit de sa contribution limitée, représentant à peine 8% du PIB, la filière agroalimentaire ivoirienne reste un acteur modeste de l'économie nationale. Toutefois, parmi la cinquantaine d'entreprises du secteur, quelques-unes jouent un rôle moteur dans l'industrie.
Top 5 des entreprises qui drivent le secteur selon le chiffre d'affaires
Avec un chiffre d'affaires de 364,5 milliards FCFA en 2022, SANIA Cie, fruit d'une joint-venture entre WILMAR International Limited et SIFCA Holding, est le leader de la filière agro-alimentaire de la Côte d'Ivoire. Spécialisée dans la production de produits raffinés à base d'huile de palme (oléine, stéarine, distillat d'acide gras de palme et margarine), elle possède l'une des plus grandes usines de raffinage d'huile de palme d'Afrique.
PALMCI, une autre filiale appartenant au géant ivoirien de l'agro-industriel SIFCA, figure dans ce classement, grâce à un chiffre d'affaires de 232,71 milliards FCFA. Acteur majeur dans la production d'huile de palme brute en Afrique de l'Ouest, PALMCI a connu en 2022 l'un de ses exercices les plus réussis, sanctionné par un bénéfice robuste de près de 42 milliards FCFA.
Filiale du fabricant suisse de produits à base de cacao Barry Callebaut, la Société africaine de cacao (SACO), occupe la deuxième place parmi les géants de l'agroalimentaire ivoirien avec des ventes s'élevant à 356,74 milliards FCFA, renforçant l'importance de la transformation du cacao dans l'économie nationale. SOLIBRA, leader du secteur des boissons, suit de près avec un chiffre d'affaires de 237,81 milliards FCFA, montrant la résilience de ce marché.
Enfin, Nestlé Côte d'Ivoire, filiale du géant suisse de l'agroalimentaire Nestlé, complète ce classement avec un chiffre d'affaires de 206,73 milliards FCFA et un bénéfice de 16,63 milliards FCFA, illustrant l'efficacité de sa stratégie de diversification des produits sur le marché ivoirien.
Ensemble, ces entreprises ne se contentent pas de dominer le marché, elles sont aussi des piliers du développement industriel et économique du pays.
Dr Ange Ponou
Publié le 06/09/24 17:26
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