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Entre 2022 et 2024, le transport ferroviaire au Gabon a généré un chiffre d'affaires cumulé de 318,3 milliards FCFA. Rien que sur la dernière année, les recettes ont bondi de 27%, passant de 98,85 milliards en 2023 à 125,53 milliards FCFA en 2024. Cette progression continue confirme l'importance stratégique du Transgabonais, unique ligne du pays, dans la compétitivité nationale et la vitalité de l'industrie extractive.
Pourtant, derrière cette performance se cachent des signaux plus contrastés. Si la masse salariale et les effectifs progressent légèrement, les investissements ont chuté de 25,5% en 2024, après un record en 2023. Ce recul, dans un contexte d'usure avancée des infrastructures, illustre la fragilité d'une croissance qui repose encore sur une ligne conçue dans les années 1980 et en partie obsolète.
C'est tout le sens du Plan de remise à niveau (PRN) que le gouvernement a placé au cœur de sa stratégie. Pour 2025, la Loi de finances prévoyait plus de 12 milliards FCFA dédiés à la réhabilitation des rails et à la sécurisation des zones instables. 1,8 milliard USD viennent d'être mobilisés pour le nouveau chemin de fer via CITIC Holding IF Group. Preuve s'il en fallait une de plus, de la nécessité de renforcer la capacité du chemin de fer. L'objectif reste une modernisation complète d'ici 2028, avec des rails plus résistants et une infrastructure capable de durer 40 ans.
L'enjeu est donc capital. Le Transgabonais transporte près de 90% du manganèse national et près de 250 000 passagers en 2024. Il constitue également l'artère d'évacuation du bois transformé. Selon la Banque mondiale, un système ferroviaire fiable est déterminant pour abaisser les coûts logistiques, sécuriser les chaînes d'approvisionnement et attirer de nouveaux investissements. En clair, la rénovation de la ligne conditionne à la fois la compétitivité du secteur minier, l'essor des futures unités de transformation locales et la volonté de décentralisation portée par Oligui Nguéma.
Ainsi, les 318 milliards FCFA engrangés en trois ans montrent que le rail gabonais demeure une source de richesse considérable. Mais cette manne ne pourra se transformer en levier durable de croissance et de diversification que si la modernisation du Transgabonais devient une réalité tangible. Dans un pays où l'économie dépend massivement de ses corridors logistiques, le rail se veut une urgence économique et stratégique.
Idrissa DIAKITE
La Rédaction
Publié le 18/09/25 11:18