En Guinée équatoriale, le gouvernement conditionne désormais la relance du chantier de la centrale hydroélectrique de Sendje à des garanties précises de la part de l'entreprise en charge des travaux. Lors d'une réunion tenue le 29 juillet 2025 avec l'ensemble des parties prenantes, le vice-président de la République, Teodoro Nguema Obiang Mangue, a exigé de l'entreprise ukrainienne Duglas Alliance Ltd la présentation d'une garantie bancaire. Cette dernière doit couvrir l'ensemble des irrégularités techniques constatées sur le chantier, en attendant la signature d'un nouveau contrat.
Selon les informations relayées par le gouvernement de la Guinée Equatoriale, cette garantie est une condition préalable pour que l'État débloque le reliquat de paiement encore dû. Une fois le chantier terminé et la centrale opérationnelle, la garantie sera restituée à l'entreprise, a indiqué le vice-président, qui a donné à la commission en charge du suivi jusqu'à la fin de la semaine pour rencontrer à nouveau Duglas Alliance et finaliser cet accord.
Ces exigences font suite à une série de rapports techniques préoccupants. Plusieurs institutions impliquées dans la surveillance du projet, notamment le ministère des Travaux publics, l'entreprise Geproyectos et l'agence publique CIEG, ont souligné la nécessité d'aménager un système de drainage en profondeur pour éviter que les déchets n'endommagent les infrastructures et n'entravent le fonctionnement futur de la centrale. Duglas Alliance a quant à elle présenté un plan d'intervention technique, mais l'absence prolongée du fabricant sur le site a fortement ralenti l'installation des équipements, dont une partie reste toujours inactive.
La situation est d'autant plus tendue que l'agence AFRY, maître d'œuvre du projet, a publié un rapport signalant des anomalies importantes dans la construction civile et électromécanique. Selon ses experts, ces non-conformités pourraient compromettre à terme la qualité de l'ouvrage et son bon fonctionnement. AFRY estime même que ces défaillances pourraient représenter une dette potentielle de 191 millions d'euros que Duglas Alliance devrait à l'État équato-guinéen.
Dans ce contexte, les autorités exigent désormais de l'entreprise des explications claires sur chacune des non-conformités signalées, notamment en ce qui concerne la construction du barrage, la qualité des équipements fournis et les certificats de conformité. Malabo demande également à Duglas Alliance de justifier de manière détaillée la créance de 30 millions d'euros qu'elle réclame pour des travaux déjà réalisés.
Car cette dette elle-même fait débat. D'après les documents consultés, Duglas Alliance affirmait encore au début de l'année être en droit de percevoir 90 millions d'euros pour ses prestations. Dix jours plus tard, ce montant a été ramené à 30 millions d'euros. Une incohérence qui a interpellé le vice-président. Soupçonnant une possible surfacturation, il a demandé une réévaluation complète des postes de dépenses pour s'assurer de la véracité des montants avancés.
Officiellement lancée en 2012, la centrale hydroélectrique de Sendje est l'un des projets énergétiques phares du pays. D'une capacité prévue de 200 mégawatts, elle est construite sur la rivière Wele, à une quarantaine de kilomètres à l'est de Bata. L'appel d'offres avait été remporté en 2011 par Duglas Alliance Ltd, pour une durée initiale de cinq ans. Mais le chantier a connu de nombreux arrêts.
En 2015, les travaux de barrage de la rivière ont été réalisés, mais dès l'année suivante, le projet a été suspendu pour cause de financement insuffisant. Il a fallu attendre juillet 2018 pour que les activités reprennent, avant un nouveau coup d'accélérateur en 2020, grâce à un financement de 136 millions de dollars (environ 86 milliards FCFA) accordé par la Banque de développement des États de l'Afrique centrale (BDEAC). Le coût global du projet est évalué à 525 millions de dollars (environ 332 milliards FCFA).
Malgré une exécution estimée à plus de 70 %, la centrale reste inachevée et la divergence entre l'État et son partenaire ukrainien sur les montants dus freine sa finalisation.
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 30/07/25 16:45
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