Hervé Yoh, Président des Alumni de la London Business School - Afrique francophone : ‘’Notre ambition est de bâtir des passerelles avec l’Afrique francophone’’

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Hervé Yoh, Président des Alumni de la London Business School - Afrique francophone

Notre ambition est de bâtir des passerelles entre la London Business School et l'Afrique francophone

 

La création de la première association des anciens de la London Business School (LBS) en Afrique francophone, basée à Abidjan, vise à structurer un réseau d'élite engagé dans le développement économique et académique régional. L'association ambitionne de renforcer les compétences locales, promouvoir des partenariats stratégiques et favoriser l'intégration de la Côte d'Ivoire dans le réseau mondial de LBS. 

Citoyen du monde, comme il aime à se définir, Hervé Gérard Yoh est aujourd'hui membre de la direction du Groupe First Capital & Phoenix, acteur du secteur financier à Abidjan. Il a rejoint le groupe en 2024, à l'occasion de son retour en Côte d'Ivoire après plus de vingt ans de carrière internationale. Spécialiste des marchés financiers, de la gestion d'actifs et de la finance d'entreprise, Hervé Gérard Yoh a occupé des fonctions de haut niveau au sein du groupe Société Générale, à Paris, Londres et New York. Il y a exercé des responsabilités globales dans les activités de marché (3 milliards d'euros de revenus), supervisant des équipes réparties sur quatre continents et contribuant au développement des activités.

Diplômé de l'Executive MBA de la London Business School (LBS), titulaire d'un Master en Finance de l'ISC Paris, entre autres, il est également très engagé dans le développement du capital humain. Il préside actuellement l'association des alumni de la LBS en Côte d'Ivoire, avec pour ambition de renforcer les ponts entre les élites africaines et les réseaux internationaux.

Entretien exclusif. 

Pourquoi était-il important de créer la première association des anciens élèves de la London Business School en Afrique francophone, et pourquoi avoir choisi Abidjan comme point d'ancrage ?

Faire la London Business School (LBS), c'est d'abord épouser le slogan de l'école : " Avoir un impact profond sur la façon dont le monde fait des affaires ". Être l'Alumni est l'étape logique après sa transformation au cours du programme choisi à LBS. C'est être dans une position de rendre une partie de ce que l'on a reçu. Nous avons eu l'ambition d'aider à promouvoir l'éducation, les affaires et la culture britannique dans son ensemble et la London Business School en particulier.

Le processus a été long, difficile mais nous en sommes sortis avec une grande satisfaction. En effet, cette reconnaissance fait de nous le 4ème club en Afrique après Le Nigeria, Kenya, Afrique du Sud, et nous met dans une position d'impacter durablement la zone que nous couvrons et aider à développer et contribuer à faire naître les leaders de demain.

A Abidjan vit le plus grand nombre de diplômés de la London Business School en Afrique de l'Ouest, après le Nigeria.

A Abidjan vit le plus grand nombre de diplômés LBS après le Nigeria en ce qui concerne l'Afrique de l'Ouest ; cela est renforcée par la présence de plusieurs institutions internationales et de grands groupes. Nous avons une vingtaine de membre dont une quinzaine basée à Abidjan. Il était donc opportun que le club y soit basé. Nos membres sont cadres dirigeants dans plusieurs secteurs : assurance, banque, finance, asset management, private equity, institutions internationales et des entrepreneurs couvrant plusieurs secteurs. Pour ma part, je suis revenu sur le continent après plusieurs décennies travaillant dans la Banque d'Investissement de la Société Générale à Paris, New York, Londres avec un mandat mondial : Europe, Asie, Amérique, Afrique (Casablanca).

La London Business School figure régulièrement dans les classements mondiaux des meilleures écoles de management. Qu'est-ce qui, selon vous, fait la spécificité et la force de son modèle par rapport à d'autres institutions comme HEC Paris ou Harvard ?

Harvard et HEC sont d'excellentes business schools et figurent dans le Top 10. La spécificité de LBS réside dans son ancrage international (+130 nationalités), sa flexibilité académique (finance, consulting, tech, entrepreneuriat), et sa capacité à combiner excellence académique et proximité avec le monde des affaires. LBS est basée au cœur de Londres (l'un des principaux viviers pour la City de Londres) et à Dubaï, lui permettant un rayonnement sur le Moyen-Orient et l'Asie. Par ailleurs, de nombreux échanges sont prévus au cours de la formation. LBS propose plusieurs programmes allant du Master au MBA, en passant par le Sloan et l'Executive MBA. Le fait d'intégrer des personnes ayant déjà obtenu un Master ou un Bachelor est un plus dans le brassage d'expériences.

LBS se distingue comme l'une des business schools les plus cosmopolites au monde, offrant à ses étudiants une expérience internationale unique.

Située au cœur de Londres, véritable carrefour entre quatre continents, l'école se distingue comme l'une des business schools les plus cosmopolites au monde, offrant à ses étudiants une expérience internationale unique. 

Quels arguments feriez-vous valoir à un étudiant ou cadre ivoirien ou francophone pour qu'il choisisse la London Business School plutôt qu'une école de renom en Europe ou en Amérique du Nord ?

D'abord, le choix d'une business school dépend avant tout de ses ambitions, à la fois personnelles et professionnelles, après la formation, et surtout de ce que l'on recherche. Les écoles citées sont toutes excellentes. Pour ma part, j'avais été admis à LBS, INSEAD, HEC, mais j'ai fait le choix de LBS. LBS me donnait la possibilité de me transformer au contact de cadres dirigeants et d'entrepreneurs venant de plus de 130 pays, dans une approche internationale, sans avoir à quitter l'Europe.

LBS me donnait la possibilité de me transformer au contact de cadres dirigeants venant de plus de 130 pays, dans une approche internationale. 

Par ailleurs, j'avais la volonté de créer un réseau avec l'Afrique anglophone, grâce à la forte communauté du Nigeria et d'Afrique du Sud. Ayant eu une carrière de plus de 20 ans dans une banque européenne (la Société Générale CIB), LBS m'a ouvert à d'autres cultures et m'a enrichi au contact de condisciples aux parcours riches et variés, venant de divers horizons : énergie, private equity, consulting, investisseurs, family offices, fonds du Moyen-Orient, secteur hospitalier, transport, institutions internationales et entrepreneurs.

Des alumni de la London Business School à Abidjan. 

Je me suis toujours dit qu'en tant que francophone, et fort des amis diplômés de HEC ou INSEAD que j'ai, je pourrais aussi connaître ces réseaux par leur entremise.

Je terminerai par parler des prix : les formations en Amérique du Nord peuvent coûter facilement 50 % de plus que celles en Europe, pour des niveaux comparables. Par ailleurs, Londres offre plus facilement à un francophone la possibilité de raffermir son niveau d'anglais.

Mes condisciples ont probablement eu d'autres motivations à choisir LBS, et notre message sera d'encourager ceux qui sont à la croisée des chemins à prendre contact avec notre club. Nous nous enrichissons de nos différences.

Concrètement, quelles seront les missions de l'association en Côte d'Ivoire et dans la région ? Peut-on déjà évoquer des projets en matière de mentoring, de networking, ou encore de partenariats académique et économique ?

En Côte d'Ivoire et dans la région, l'association des anciens élèves de la LBS entend structurer une communauté locale prospère, influente et connectée au réseau mondial de l'école. L'objectif est de fédérer les diplômés autour de valeurs communes, de favoriser les synergies intergénérationnelles et d'ancrer durablement LBS dans le tissu économique et institutionnel ivoirien.

L'association des anciens élèves de la LBS entend structurer une communauté locale prospère, influente et connectée au réseau mondial de l'école.

Sa stratégie repose sur des partenariats ciblés avec des institutions académiques, des acteurs économiques majeurs et des entités britanniques présentes localement. À travers des événements tels que des petits déjeuners thématiques, des tables rondes ou des collaborations avec d'autres grandes écoles de commerce, l'association veut créer des espaces d'échange à fort impact. Le mentoring constitue un pilier important, avec des rencontres régulières entre cadres dirigeants — notamment ceux ciblant des programmes comme le Sloan ou l'Executive MBA — et de jeunes professionnels identifiés pour les cursus MBA ou Masters.

Plusieurs projets sont déjà en cours. Des échanges portant sur notre contribution sur des sujets comme : l'éducation, les affaires et la durabilité sont en cours avec l'Ambassade du Royaume-Uni en Côte d'Ivoire. Un temps fort est attendu le 23 septembre, avec la célébration mondiale des anciens élèves de la London Business School à la Résidence de Son Excellence Monsieur l'Ambassadeur de Grande Bretagne. Cet événement, organisé dans plus de 60 pays, réunira les 56 000 diplômés de l'école et vise à renforcer l'engagement de cette communauté internationale.

Rencontre de quelques membres de l'association avec John Marshall, ambassadeur du Royaume-Uni à Abidjan. 

L'association s'illustre également dans le domaine de la finance durable. En juillet, deux de ses membres ont participé à un dialogue de haut niveau organisé par le Global Green Growth Institute (GGGI), consacré aux obligations vertes, sociales et durables. Par cette contribution, les alumni souhaitent contribuer à la mise en place d'une finance responsable dans l'écosystème financier de la région UEMOA et accompagner cette transition durable qui est une opportunité pour l'Afrique. 

En quoi cette initiative peut-elle contribuer à renforcer le rayonnement de la Côte d'Ivoire comme hub académique et économique en Afrique de l'Ouest, et plus largement à accompagner la montée en compétences des élites locales ?

La création de notre club nous permettra d'accompagner les cadres dirigeants dans leurs transformations au sein des programmes LBS et de les exposer aux meilleures pratiques internationales dans un contexte de rareté de ressources humaines qualifiées. Ce levier contribue au renforcement des compétences locales et, ainsi, à la consolidation du positionnement d'Abidjan comme pôle économique. 

Nous entendons appuyer l'émergence d'une élite académique et professionnelle locale, tout en promouvant les opportunités économiques et les engagements en matière de durabilité. 

Le rayonnement ivoirien bénéficie déjà de l'ancrage du club LBS Côte d'Ivoire, officiellement reconnu par l'école et répertorié aux côtés des antennes de Londres ou New York. Ses activités sont relayées dans l'ensemble du réseau international, offrant au pays une visibilité accrue auprès de décideurs, d'investisseurs et d'universitaires.

Le club LBS Côte d'Ivoire, officiellement reconnu par l'école et répertorié aux côtés des antennes de Londres ou New York.

Ce positionnement a porté ses premiers fruits. En février, le club a participé à un voyage d'étude organisé par LBS au Ghana, réunissant une cinquantaine d'étudiants en MBA, des professeurs et des représentants diplomatiques. Deux membres ont partagé leurs analyses sur les enjeux économiques en Afrique de l'Ouest, notamment dans les pays francophones encore peu explorés par les investisseurs anglo-saxons. En mai, à Londres, un autre membre est intervenu lors d'une table ronde de haut niveau sur l'avenir énergétique et les infrastructures en Afrique, valorisant l'expertise ivoirienne sur ces questions.

Ces actions illustrent comment le club, au-delà de son rôle fédérateur, peut renforcer l'influence intellectuelle et économique de la Côte d'Ivoire sur la scène internationale. 

Comment envisagez-vous de créer des passerelles entre la London Business School, ses alumni dans le monde, et les réalités économiques et sociales de l'Afrique francophone ?

Notre ambition est de bâtir des passerelles concrètes et durables entre la London Business School, son puissant réseau mondial d'alumni, et les réalités économiques et sociales de l'Afrique francophone. Pour cela, nous militons activement auprès de la direction de l'école à Londres afin qu'Abidjan soit intégré comme destination académique lors des voyages d'étude organisés sur le continent. Aujourd'hui, seuls Accra et Le Cap figurent parmi les étapes régulières. Une telle ouverture offrirait une visibilité stratégique à la Côte d'Ivoire, en l'inscrivant dans le parcours international des étudiants et enseignants de LBS, tout en valorisant ses atouts économiques, culturels et sociaux dans une perspective d'apprentissage global.

Nous militons activement auprès de la direction de la LBS à Londres afin qu'Abidjan soit intégré comme destination académique lors des voyages d'étude organisés sur le continent. 

Par ailleurs, nos membres, pleinement intégrés dans le réseau mondial de plus de 56 000 diplômés et 166 associations d'alumni, servent de relais actifs pour faire connaître les réalités africaines, souvent méconnues dans les cercles académiques ou économiques occidentaux. Cette position permet de valoriser des expériences locales, de faire remonter des opportunités régionales et de stimuler des échanges Sud-Nord bien plus équilibrés.

Notre ambition est de bâtir des passerelles entre la London Business School, son puissant réseau mondial d'alumni, et les réalités économiques et sociales de l'Afrique francophone. 

Nos différentes actions visent donc à contribuer à la création d'un pont entre les institutions britanniques, les alumni de LBS et les acteurs ivoiriens, afin de générer un impact à la fois intellectuel, économique et sociétal.

Jean Mermoz Konandi

Publié le 15/09/25 21:46

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