Interview/Paul-Harry AITHNARD, directeur général de ECOBANK Côte d’Ivoire

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Paul Harry AITHNARD, directeur régional exécutif d'ECOBANK pour la zone UEMOA et directeur général d'ECOBANK Côte d'Ivoire :

Notre obsession est de promouvoir la transformation et l'industrialisation des économies africaines.

 

Paul Harry AITHNARD entame sa troisième année à la tête d'ECOBANK Côte d'Ivoire, l'un des fleurons du cluster UEMOA qui regroupe les filiales du groupe bancaire panafricain de la région dont il est également le premier responsable.

Après un résultat ‘'historique'' en 2019, la filiale ivoirienne, cotée à la BRVM, a fait mieux que résister à la crise de la Covid-19 et compte ravir à nouveau ses actionnaires comme ces dernières années.

Ses premiers succès à la banque, Paul Harry AITHNARD les doit à plus de 25 ans dans les services financiers où il a occupé des fonctions de premier plan, dans la recherche et le conseil. Ce diplômé de HEC Montréal a en effet passé 8 ans chez BBSP, une firme internationale de recherche et de conseil financier dont il dirigea le département des matières premières, avant de rejoindre le groupe Ecobank en 2008. Nommé directeur de la recherche du groupe panafricain, il sera porté 4 ans plus tard à la tête du département Securities & Asset Management avant de se voir confier fin 2018 les filiales de la zone UEMOA.

La crise de la Covid-19, les mutations en vue dans le secteur bancaire, l'inclusion financière ou encore la ZLECAF (Zone de Libre Echange Continentale Africaine), voilà autant de sujets sur lesquels il a bien voulu se prononcer dans cette grande interview avec Sika Finance.

NB: L'entretien a été réalisé dans le cadre du numéro de février 2021 de notre trimestriel ''Marché Financier: Bilan et Perspectives".

 

Vous assumez à la fois les fonctions de directeur général d'ECOBANK Côte d'Ivoire et de directeur exécutif du groupe pour la zone UEMOA. Comment se porte ce cluster qui est un important contributeur aux résultats du groupe ?

Il est vrai que le cluster UEMOA est le cœur battant du groupe ECOBANK ; c'est la zone historique. La zone se porte très bien : nous représentons un peu plus d'un tiers du bilan du groupe et contribuons aussi à un peu plus d'un tiers des revenus et du chiffre d'affaires du groupe.

Le cluster UEMOA est le cœur battant du groupe ECOBANK.

Sur l'année 2019, nous avons été capables de générer près de 175 millions de dollars (environ 94,6 milliards FCFA, ndlr) de contribution en termes de profit pour le groupe. A ce titre, c'est une région qui est importante à l'exécution de notre stratégie qui doit nous mener normalement à devenir la première banque panafricaine.

Le cluster UEMOA représente un tiers du bilan et un peu plus d'un tiers des revenus et du chiffres d'affaires du groupe. 

Vous avez eu un parcours dans le conseil et la recherche puis dans l'Asset Management au sein du groupe ECOBANK avant de prendre en charge la filiale bancaire ivoirienne. Comment s'est faite la transition entre ces deux domaines d'activités de la finance qui sont différents à bien des égards ?

Elle s'est faite de manière tout à fait naturelle. Je suis dans les services financiers depuis maintenant plus de 25 ans. Donc, la chance que j'ai eue, c'est que j'ai couvert plusieurs domaines d'activités en passant du conseil à la gestion d'actifs jusqu'à la banque.

Mon expérience dans la finance m'aide beaucoup à avoir une vue globale, une vue complète à 360 degrés du client.

Cette expérience dans la finance m'aide beaucoup à avoir une vue globale, une vue complète à 360 degrés du client. Donc, autant je peux aider des entreprises et des Etats qui ont des besoins sophistiqués et spécifiques en financement, autant je peux comprendre aussi un individu comme vous, comme moi, qui a besoin simplement d'avoir un prêt ou tout simplement une carte qui fonctionne pour pouvoir faire des transferts et des paiements.

 

Au vu de la croissance du résultat annuel de la banque dès votre première année de fonction (+22% à 25,4 milliards FCFA fin 2019), on peut conclure que cette transition s'est faite de fort belle manière ?

On peut en effet conclure que nous avons bien commencé cette transition. Il y a eu un excellent travail qui a été fait avant et c'est sur cette base que nous avons essayé de développer, de raffiner un peu plus le modèle opérationnel.

On espère, sur les prochaines années, que nous allons continuer dans cette dynamique qui a été le fruit, non pas uniquement de la direction générale, mais de toute l'équipe et de l'ensemble des 700 employés de ECOBANK Côte d'Ivoire qui ont participé de manière active à ce qu'on puisse afficher les résultats qui étaient historiques en 2019.

 

L'année 2020 a vu à ECOBANK Côte d'Ivoire l'annonce de mesures visant à rationaliser vos coûts et l'on a enregistré quelques frictions au sein de la maison. Quels sont le contexte et les enjeux d'une telle politique ?

Il faut bien comprendre que nous sommes dans un contexte un peu particulier. Comme je le disais tout à l'heure, ECOBANK Côte d'Ivoire et l'Afrique de l'Ouest francophone sont le cœur battant du groupe ECOBANK. Donc à ce titre-là, nous avons des habitudes de travail de plus de 25 à 30 ans qui sont aujourd'hui à moderniser. Moderniser ces habitudes de travail, signifie devenir beaucoup plus efficient et c'est la raison pour laquelle nous avons lancé des actions d'optimisation dans la manière dont nous produisons et dépensons.

Nous avons mené des actions d'optimisation à l'effet d'avoir une structure beaucoup plus agile et qui réponde de la meilleure manière aux attentes et besoins de nos clients.

Il se trouve aussi qu'à partir de la fin 2019 et durant l'année 2020, il y a eu ce que nous savons tous, la pandémie, une crise que personne n'anticipait. Et à partir de ce moment-là, il fallait mettre en œuvre toutes les initiatives nécessaires afin d'être de plus en plus agiles pour anticiper ce qui était complètement imprévisible. C'est à cette fin que nous avons mené ces actions qui sont des actions d'optimisation - non pas uniquement en Côte d'Ivoire, mais aussi en Afrique de l'ouest francophone et même à l'intérieur de tout le groupe ECOBANK, qui vont nous permettre, je l'espère, et qui nous ont permis en tout cas sur les derniers mois de 2020 d'avoir une structure beaucoup plus agile et qui réponde de la meilleure manière aux attentes et besoins de nos clients.

 

On a eu en 2020 la crise de la Covid-19, mais également les élections en Côte d'Ivoire et au Burkina Faso qui ont enregistré des tensions, surtout dans le premier cité. Toutefois, il a été donné de constater que les sociétés cotées, au niveau du secteur bancaire notamment, semblent avoir plus ou moins contenu les impacts de ces crises au vu des résultats qui ont été publiés. Quel commentaire pouvez-vous en faire ?

Il faut à mon avis essayer de déconnecter la réalité politique de la réalité économique qui est, elle, extrêmement solide dans les pays africains.

La Côte d'Ivoire est un des rares pays à pouvoir générer pas loin de 10% de taux de croissance quasiment depuis plus de 10 ans. Il faut donc découpler cette réalité qui est une réalité économique structurellement positive et la réalité politique qui peut être volatile.

Il faut à mon avis essayer de déconnecter la réalité politique de la réalité économique qui est, elle, extrêmement solide dans les pays africains. 

Nous, notre rôle en tant qu'institution financière, c'est de travailler avec les autorités, de travailler avec l'Etat et à ce niveau nous pouvons dire que nous sommes extrêmement satisfaits de l'environnement économique et social qui a été mis en place pour pouvoir réaliser ce que nous sommes en train de faire, qui est d'offrir des services bancaires ainsi que des services financiers à long terme.

 

Selon vous la crise de la COVID-19 est une parenthèse qui est passée ? Ou faut-il s'attendre dans les années à venir à des soubresauts qui pourraient encore impacter le secteur bancaire ?

Nous avons un point de vue qui est assez tranché sur cette question. Nous ne pensons pas que c'est une parenthèse, nous pensons que c'est un changement fondamental qui va avoir un impact sur une longue durée.

A ECOBANK, en tant qu'institution, nous devons voir ce que nous pouvons offrir de nouveau à nos clients pour faire face à ce que moi j'appelle le nouveau monde ou le monde d'après. Et dans ce monde d'après, les deux éléments qui vont être importants, à notre avis, ce sont premièrement les paiements, c'est-à-dire comment les gens peuvent faire leurs paiements sans sortir de chez eux ; ce qui fait appel à la digitalisation.

Le deuxième élément qui va être important c'est de voir comment nous pouvons aider à faire éclore des chaînes de valeur qui soient beaucoup plus locales plutôt que des chaînes de valeur internationales. Et dans un tel contexte, le grand sujet qui va se poser à nous en tant qu'institution financière sera de voir comment financer les PME ou comment ECOBANK peut participer à l'industrialisation et à la transformation économique ? La question se pose non pas uniquement en Côte d'Ivoire mais également au niveau de l'Afrique.

 

Merci de retrouver la suite de cette grande interview dans la dernière édition (février 2021) de notre magazine " Marché Financier : Bilan et Perspectives " qui vient de paraître. Cliquer sur l'image en dessous pour le téléchargement (gratuit).

Jean Mermoz Konandi

Publié le 24/02/21 13:24

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