La BAD lance une réforme de fond pour faire de la jeunesse africaine un levier de croissance

A l'occasion de la Journée mondiale des compétences des jeunes, la Banque africaine de développement (BAD) a levé le voile sur une réforme majeure qui pourrait profondément remodeler la trajectoire socio-économique du continent. En partenariat avec l'Organisation internationale du travail (OIT), l'institution panafricaine annonce le déploiement du Système de marqueurs de jeunes, d'emplois et de compétences, un dispositif inédit visant à intégrer systématiquement les questions de jeunesse, d'emploi et d'entrepreneuriat dans tous ses projets d'investissement.

Le diagnostic de départ est sans appel, entre 10 et 12 millions de jeunes africains arrivent chaque année sur un marché du travail qui ne propose, en moyenne, que trois millions d'emplois formels, révèle le communiqué de la banque panafricaine publié ce 15 juillet. Un écart abyssal, qui menace de transformer le dividende démographique africain en bombe sociale. Pour y faire face, la BAD ne se contente plus d'initiatives ponctuelles ou de projets ciblés, elle change de paradigme. ‘'Ce système entend donner à la jeunesse africaine un rôle actif dans la construction de nos économies, au lieu de la cantonner à un statut de bénéficiaire passif'', souligne Beth Dunford, vice-présidente de la Banque chargée de l'agriculture et du développement humain et social. Ce nouvel outil, qui s'appuie sur une plateforme numérique performante et un suivi en temps réel, articule son action autour de trois axes majeurs, à savoir les jeunes, les compétences et les emplois.

Cette réforme s'inscrit dans la Stratégie décennale de la Banque, qui accorde une place centrale à la jeunesse. Elle vient aussi renforcer les engagements de la BAD envers l'Objectif de développement durable (ODD), axé sur l'accès à un travail décent pour tous. ‘'Cette initiative est une avancée majeure. Elle permettra d'orienter durablement les investissements vers des projets créateurs d'emplois et porteurs de meilleures conditions de travail ", a salué Peter van Rooij, directeur des partenariats à l'OIT. Le nouveau système de marqueurs s'inspire du succès du mécanisme genre déjà en place à la BAD, qui a permis de mieux mesurer l'impact des investissements sur l'égalité femmes-hommes. Il sera lui aussi doté d'un tableau de bord en ligne, consultable par les équipes terrain, les bailleurs et les partenaires.

Une phase pilote avant un déploiement continental

Lancé en phase test cette année, ce système sera pleinement opérationnel dès 2026. Il permettra à la Banque et à ses États membres de mieux calibrer leurs politiques d'emploi, d'affiner leurs évaluations de compétences, et de nourrir les réformes avec des données fiables sur les dynamiques du marché du travail.

Financé par le Fonds multidonateurs pour l'entrepreneuriat et l'innovation des jeunes, avec l'appui technique de l'OIT, ce dispositif est une première mondiale pour une institution financière de développement. Il témoigne d'une volonté de repenser la finance de développement en la mettant résolument au service du potentiel humain africain.

Narcisse Angan

Publié le 15/07/25 12:40