Avec près de 39 milliards FCFA de bénéfice en 2024 et une croissance moyenne annuelle de 30% sur cinq ans, la Banque Nationale d'Investissement (BNI) ne se contente plus de jouer un rôle institutionnel, elle bouscule désormais l'ordre établi des grandes banques commerciales en Côte d'Ivoire. Retour sur une trajectoire discrète mais redoutablement efficace.
Une performance soutenue, fruit d'une stratégie long terme
La BNI a levé, ce 3 juillet 2025, le voile sur ses résultats financiers 2024. Et les chiffres parlent d'eux-mêmes avec notamment un résultat net de 38,94 milliards FCFA, en progression de 11% sur un an. Ce bénéfice, au-delà de sa valeur nominale, traduit la consolidation d'une dynamique de performance entamée de façon régulière depuis 2019, avec 160,9 milliards FCFA cumulés sur les cinq derniers exercices.
Au cœur de cette performance, un produit net bancaire (PNB), soit la richesse créée par l'activité de la banque avant déduction des charges, en hausse de 15% à 100,71 milliards FCFA. Cette croissance est tirée par une politique commerciale bien orientée, notamment une hausse de 37% des dépôts de la clientèle à 1 839,12 milliards FCFA, reflet d'une confiance accrue du public dans l'établissement.
‘'Ces résultats démontrent notre capacité à anticiper les mutations du secteur et répondre aux attentes croissantes de nos clients'', a déclaré Youssouf Fadiga, directeur général de la BNI.
Un modèle d'investissement public rentable
Bien que détenue à 80% par l'État de Côte d'Ivoire, la BNI prouve qu'une banque publique peut conjuguer mission de développement et rentabilité commerciale. Mieux encore, elle affiche sur la période 2019-2024 une croissance moyenne annuelle de son bénéfice de 30%, un niveau rare dans le secteur.
Cette montée en puissance s'explique aussi par une gestion rigoureuse du risque ; le coût du risque (provisions pour créances douteuses) a baissé de 4% à 9,19 milliards FCFA, même si les frais généraux ont bondi de 21%, conséquence probable des investissements humains, technologiques et infrastructurels engagés.
Le coefficient d'exploitation, indicateur de l'efficacité opérationnelle (rapport entre charges et revenus), reste maîtrisé à 50,48%, légèrement en hausse par rapport à 2023 (48,28%), mais encore très compétitif dans un marché africain où la moyenne dépasse souvent les 55%.
La BNI intègre le Top 3 des banques ivoiriennes
Sur un marché national hyperconcurrentiel, fort de 29 établissements de crédit, la BNI se hisse au 3e rang en termes de performance globale, confirmant sa mue en acteur de premier plan. Elle occupe la 2e place sur les dépôts (12% de part de marché), la 3e place en total-bilan (11% de part de marché), et la 6e place sur les crédits accordés (8%).
Ces résultats illustrent une montée qualitative, sans brûler les étapes, dans un écosystème dominé jusqu'ici par des banques étrangères ou panafricaines.
Une vision projetée vers 2025 : croissance, innovation et sécurité
Pour 2025, la BNI affiche un objectif ambitieux, matérialisé par une hausse de 25% de son produit net bancaire. Elle anticipe également une croissance de 17% des ressources, pour viser un volume de dépôts à 1 673 milliards FCFA.
Pour soutenir cette trajectoire, la banque s'appuie sur quatre piliers. Il s'agit de l'élargissement de son offre de produits pour couvrir tous les segments de clientèle ; le renforcement de la qualité de service comme levier de fidélisation ; l'innovation constante, avec un accent sur les canaux digitaux ; et la cybersécurité, à travers le déploiement de technologies avancées de protection des infrastructures.
Un modèle hybride et résilient
Ce que révèle le cas BNI, c'est l'émergence d'un modèle bancaire hybride, à mi-chemin entre la banque de développement et la banque commerciale, capable de concilier rentabilité, inclusion financière et soutien à l'économie nationale.
Loin des clichés d'une banque publique lente et bureaucratique, la BNI prouve que l'investissement public bien gouverné peut produire des champions, sans recourir à des privatisations systématiques. Elle devient ainsi une vitrine pour une nouvelle génération d'institutions publiques africaines, à la fois performantes, accessibles et stratégiques.
Dans un paysage bancaire ivoirien en pleine recomposition, la BNI avance à pas sûrs. Son agilité, ses résultats financiers solides et sa capacité à investir sur les bons leviers, notamment l'innovation et la sécurité, en font un acteur à suivre de près. Plus qu'une banque publique, la BNI s'impose comme une banque de confiance, de croissance et d'avenir.
Dr Ange Ponou
Publié le 03/07/25 15:50
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