Nigéria : Le FMI alerte sur une aggravation du déficit budgétaire face à la baisse des recettes pétrolières

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Le Fonds monétaire international (FMI) a tiré la sonnette d'alarme sur la trajectoire budgétaire du Nigéria. Selon les informations de Bloomberg, citant un rapport du fonds publié ce 2 juillet, l'institution prévoit que le déficit budgétaire du pays atteindra 4,7 % du produit intérieur brut (PIB) en 2025, contre 4,1 % en 2024, sous l'effet conjugué de la baisse des cours du pétrole et d'une production inférieure aux prévisions.

Le Nigéria, premier producteur de pétrole du continent, a fondé sa loi de finances 2025 sur des hypothèses jugées désormais ‘'trop optimistes'' par des observateurs. En février dernier, les parlementaires avaient approuvé un budget ambitieux de 55 000 milliards de nairas (35,9 milliards de dollars), reposant sur un baril à 75 dollars et une production quotidienne de 2,06 millions de barils.

Mais depuis avril, le pétrole est passé sous la barre des 70 dollars, et la production réelle avoisine 1,5 million de barils/jour, un niveau bien en deçà des attentes. Ce décalage entre projections et réalité fragilise la soutenabilité des comptes publics. ‘'Le budget 2025 reposait sur des projections optimistes de recettes tirées des hydrocarbures, avant même la baisse des prix depuis avril'', avertit le FMI.

Des recommandations pour éviter une dérive

Face à cette situation, le Fonds appelle les autorités nigérianes à adopter une ‘'position budgétaire neutre'', consistant à réduire les dépenses publiques non essentielles, à prioriser les investissements à fort impact sur la croissance et l'emploi, à accélérer les réformes fiscales pour élargir la base de recettes non pétrolières.

En parallèle, le FMI insiste sur l'urgence sociale. L'inflation élevée, alimentée par la réforme monétaire et la suppression des subventions sur le carburant, érode le pouvoir d'achat des populations les plus vulnérables. L'organisation exhorte donc Abuja à intensifier les transferts monétaires ciblés vers les plus pauvres. ‘'Le gouvernement s'efforce de contenir les dépenses et d'accroître les recettes. Si ces efforts aboutissent, le déficit pourrait rester au niveau de 2024'', a déclaré Axel Schimmelpfennig, chef de mission du FMI pour le Nigéria.

Croissance stable, mais insuffisante

En dépit des vents contraires, le FMI maintient sa prévision de croissance du PIB nigérian à 3,4 % en 2025, identique à celle de 2024. À moyen terme, le pays pourrait enregistrer une croissance d'environ 3,5 % par an. Mais cette dynamique, jugée insuffisante pour enrayer la pauvreté structurelle, n'est pas à la hauteur des défis démographiques. Dans un pays où près de la moitié de la population vit dans la pauvreté, une croissance plus inclusive et soutenue est indispensable.

Cette alerte du FMI souligne les limites de la dépendance pétrolière dans un contexte de volatilité accrue sur les marchés énergétiques mondiaux. Elle renforce aussi la nécessité pour le Nigéria d'accélérer sa diversification économique, de réformer sa gouvernance budgétaire et de protéger les couches les plus vulnérables. Alors que le gouvernement cherche à maintenir la confiance des marchés et des bailleurs, la gestion rigoureuse du déficit et la réallocation stratégique des ressources apparaissent comme des conditions sine qua non d'un redressement crédible.

Narcisse Angan

Publié le 03/07/25 15:11

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