La BRVM à la recherche du ''paradis perdu'' : Le regard des professionnels du marché

BRVMC0000000 - BRVMC
La BRVM Ouvre dans 15h56min

Fin 2020, la BRVM a enchaîné une cinquième année successive de baisse de ses principaux indices. Une évolution qui contraste de loin avec les années folles de 2012 à 2015 et qui est particulièrement éprouvante pour les investisseurs, les institutionnels en particulier, qui voient fondre d'année en année la valeur de leur portefeuille. Sika Finance a donné la parole aux professionnels du marché qui ont bien voulu partager leur opinion quant à la dynamique de ces dernières années et proposer des pistes de solutions qui pourraient contribuer à un retournement durable de la conjoncture. L'article ci-dessous fait une synthèse de leurs commentaires.

La BRVM traverse une période creuse qui dure depuis 5 ans déjà au point de susciter bien d'interrogations de la part des professionnels du marché financier. Après avoir en effet cumulé " des gains de 125% entre 2012 et fin mars 2016 ", relève Ndèye Penda DIOP, responsable Marché des capitaux de CGF Bourse à Dakar, la spirale baissière dans laquelle est engagé le marché ne laisse en effet pas indifférent. 

 

Ndèye Penda DIOP, responsable Marché des capitaux de CGF Bourse

Plusieurs raisons sont évoquées pour expliquer la conjoncture qui n'est manifestement pas liée à la performance des sociétés cotées de façon globale. " Les analyses fondamentales des sociétés cotées confortent les investisseurs sur certaines positions d'autant plus que les dividendes sont distribués. Le taux de rendement moyen est estimé à 10,60% en 2020 contre 3,65% en 2016 ", assure Penda DIOP.

A la ‘'sortie massive'' de gros investisseurs étrangers qui se sont retirés de leurs positions après la période faste des années 2012-2015, s'ajoute la baisse d'enthousiasme des compagnies d'assurances contraintes du fait du nouveau code des assurances d'avril 2016 de couvrir leur exposition sur le marché actions devenu volatile par des provisions plus importantes, rappelle Yves-Daniel BENIE, responsable Marché des capitaux de EDC Investment Corporation à Abidjan. 

            Yves-Daniel BENIE, responsable Marché des capitaux de EDC Investment Corporation

Ainsi, les sociétés d'assurance " se montrent désormais beaucoup plus prudentes en abandonnant le marché des actions au profit des marchés obligataires monétaires relativement moins risqués et liquides. (…) la volatilité des prix ainsi que la ‘'décorrélation'' entre fondamentaux et prix accentuent l'incertitude du marché des actions sur la BRVM.  D'où la nécessité d'anticiper toutes les pertes à trop forte probabilité de réalisation ", défend Myriam Josée FADIKA, chef de département gestion financière et placements à SUNU Assurances Vie Côte d'Ivoire.

Selon cette dernière qui cite l'article 410 du code des assurances, " la moins-value pouvant résulter d'un écart entre la valeur d'achat et la valeur de réalisation fait l'objet d'une provision dans les écritures d'inventaire à la date d'arrêté, dès que ladite moins-value est supérieure à 5% de leur valeur d'achat ". Une provision qui " est de nature à réduire les produits financiers et donc la rémunération des assurés et aussi le résultat des sociétés d'assurances ; les actions cotées, les plus risquées (…), suscitent donc moins d'intérêts pour les compagnies d'assurances notamment les assurances Vie ".

Myriam Josée FADIKA, chef de département gestion financière et placements à SUNU Assurances Vie Côte d'Ivoire.

 

Au retrait d'une partie des institutionnels, il faut adjoindre l'arrivée plus importante des investisseurs particuliers ou ‘'petits porteurs'' dans le sillage des opérations de fractionnement dont la finalité est de démocratiser l'accès au marché. Une arrivée qui n'a pas été sans revers selon les professionnels.

" La multiplication des opérations de fractionnement incomprises pour la plupart par les investisseurs a vu arriver des nouveaux acteurs qu'on pourrait qualifier de spéculatifs " met en avant Lydie KAMBOU BONKIAN, responsable Marché des Capitaux chez Coris Bourse à Ouagadougou. 

" L'arrivée de cette nouvelle catégorie d'investisseurs, aux comportements mimétiques sur un marché où l'information financière est une denrée rare, permet en partie d'expliquer la baisse observée ces dernières années ", renchérit Myriam Josée FADIKA. " En effet, précise-t-elle, ces investisseurs, n'ayant pas très souvent les capacités de traitement et d'incorporation de nouvelles informations dans le prix, s'intéressent à l'anticipation de la psychologie de masse plutôt qu'à l'évolution des fondamentaux économiques des entreprises. Les cours ne reflètent plus alors les fondamentaux, mais plutôt les anticipations des investisseurs sur l'opinion moyenne, rendant ainsi notre marché totalement inefficient ".

Fait important à noter ici, avec le fractionnement, les titres sont devenus certes plus abordables en termes de prix, mais il suffit d'une transaction sur une seule action pour faire chuter son cours en bourse.

Aux reproches faits aux investisseurs, il faut ajouter le manque de profondeur d'un marché qui est en outre peu liquide. Le ratio de liquidité est par exemple passé de 21,5% en 2017 à 3,60% en 2020. Une évolution qui est également imputée à la " rareté de l'offre ", la bourse n'étant pas encore perçue, pour les entreprises, comme " une voie privilégiée pour le financement de leurs investissements " relève encore Yves Daniel BENIE.

Autre raison évoquée pour expliquer la dynamique à la BRVM, le contexte politique souvent volatile dans la région. Aussi, " la situation délétère par laquelle la Côte d'Ivoire est passée sur le plan politique, sécuritaire et financier, le pays pesant sur la balance de la BRVM avec à son actif 78% des sociétés cotées " est-elle à mettre en cause, estime Clémentine TITO TOKIN, gestionnaire de portefeuille de Saphir Asset Management à Cotonou.

 

Clémentine TITO TOKIN, gestionnaire de portefeuille de Saphir Asset Management à Cotonou.

 

Egalement, la résurgence du débat autour du Franc CFA a pu être perçue comme un facteur de risque pour les investisseurs internationaux. " Du côté des investisseurs étrangers, les craintes sur la stabilité et la pérennité du franc CFA ont été ravivées par plusieurs mouvements de protestations et entrainé le retrait de ces derniers qui font l'arbitrage ...

 

Merci de retrouver la suite de cette interview dans la dernière édition (février 2021) de notre magazine " Marché Financier : Bilan et Perspectives " qui vient de paraître. Cliquer sur l'image en dessous pour le téléchargement (gratuit).

Jean Mermoz Konandi

Publié le 26/03/21 20:47

SOYEZ LE PREMIER A REAGIR A CET ARTICLE

Pour poster un commentaire, merci de vous identifier.

_B575Qrcj_8a24s7JUDQHdW725oSi450sJSnnI_8EFI False