Le Cameroun resserre son dispositif pour sortir de la liste grise du Groupe d'action financière (GAFI), où il figure depuis 2023. Une évaluation de la Direction générale des douanes (DGD) présentée lundi 08 décembre 2025, souligne que dix objectifs majeurs incombent à la DGD pour appuyer la sortie du pays de la liste grise d'ici avril 2026.
Ces objectifs couvrent le renforcement des contrôles transfrontaliers, une montée en puissance des saisies de devises, l'identification des liens entre réseaux criminels, la transmission rapide des informations à la Cellule nationale des renseignements financiers, mais aussi l'amélioration de la coopération, nationale comme internationale.
Les autorités insistent également sur l'usage d'une approche dite "basée sur les risques", c'est-à-dire une méthode qui hiérarchise les zones de vulnérabilité plutôt qu'un contrôle uniforme. La formation continue des agents et la production de statistiques fiables figurent aussi dans cette liste.
Dans l'exposé, la DGD met en avant plusieurs résultats déjà engrangés. Les services évoquent de nouvelles sessions de formation spécialisées, l'organisation de rencontres régulières entre les institutions engagées dans la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme, la constitution d'un fichier hebdomadaire recensant les saisies, ou encore l'amélioration du cadre légal applicable aux opérations de lutte contre ces crimes financiers.
La direction précise que sept actions restent en suspens et devront être achevées pour satisfaire pleinement les exigences formulées par le Gafi. "Les engagements sont pris pour une partition accomplie", indique le document.
Ces avancées internes interviennent dans un contexte où le Cameroun tente de convaincre les évaluateurs du Gafi. Dans une interview publiée par Cameroon Tribune, le 24 octobre 2025, Hubert Ndé Sambone, directeur de l'Agence nationale d'investigation financière (ANIF), a reconnu que le pays n'avait pas rempli l'ensemble des obligations prévues dans le plan d'action adopté en 2023.
"Nous nous fixons nous-mêmes comme date butoir la fin 2026. Nous allons nous battre pour que le Cameroun sorte de cette liste à cette date", a-t-il déclaré. Cette position intervient après la décision du Gafi, le 24 octobre 2025, de maintenir Yaoundé dans la catégorie des juridictions" sous surveillance accrue".
Le responsable de l'Anif a expliqué que le cinquième rapport de suivi transmis à Paris — censé être le dernier — ne satisfaisait pas encore aux attentes du Gafi. Les retards concernent notamment la supervision des professions non financières soumises aux obligations anti-blanchiment, un point régi depuis décembre 2024 par un règlement communautaire de la CEMAC.
Celui-ci confie cette supervision aux administrations de tutelle ou aux organismes d'autorégulation, encore en cours de mise en place. "Il est maintenant question de mettre en place des protocoles de supervision et de former les superviseurs", a-t-il souligné.
Le cas des organisations à but non lucratif, jugées vulnérables au financement du terrorisme, reste également ouvert. Un rapport d'évaluation interministériel a été finalisé, mais le Gafi a demandé des ajustements avant validation.
Dans sa note du 24 octobre, l'organisation relève aussi la nécessité de mieux encadrer le secteur financier non bancaire, d'améliorer la transparence sur les bénéficiaires effectifs — c'est-à-dire les personnes physiques qui contrôlent réellement une entreprise — et d'intensifier les enquêtes sur les crimes financiers.
Depuis juin 2023, seules huit des vingt-quatre actions prévues auraient été "largement remplies" par le Cameroun, un niveau d'exécution inférieur à 40%.
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 09/12/25 16:42


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