Et si le carbone devenait un moteur de croissance pour la République du Congo ? C'est l'un des enseignements clés du rapport 2025 de la Banque africaine de développement (BAD), qui estime qu'en intégrant pleinement la séquestration du carbone dans ses indicateurs économiques, le pays pourrait augmenter son PIB de 5 milliards de dollars.
Ce gain potentiel repose sur un patrimoine écologique exceptionnel, principalement constitué de forêts denses et de vastes tourbières, qui absorbent chaque année plus de 32 millions de tonnes d'équivalent CO₂. D'après les dernières estimations, ces écosystèmes stockeraient à eux seuls près de 44 gigatonnes de carbone, une richesse non négligeable dans un monde confronté à l'urgence climatique.
L'importance de ces ressources dépasse de loin leur simple rôle écologique. A en croire la BAD, le capital naturel du Congo représente 40 % de la richesse nationale, estimée à 223 milliards de dollars en 2020. Il surpasse même le capital physique (21 %), et talonne le capital humain (39 %).
D'après des données fournies par l'institution financière panafricaine, le Congo figure déjà parmi les leaders africains en matière de production pétrolière, avec une extraction moyenne de 271 000 barils par jour en 2023 et des réserves estimées à près de 2,9 milliards de barils. Il est également cinquième du continent pour les réserves de gaz naturel, évaluées à 284 milliards de mètres cubes. Mais la transition énergétique mondiale pousse Brazzaville à repenser son modèle de croissance, en s'appuyant davantage sur ses ressources renouvelables.
Avec plus de 22 millions d'hectares de forêts soit 65 % de la superficie nationale le pays est un acteur central dans la préservation du bassin du Congo, le deuxième poumon vert de la planète après l'Amazonie. Outre ses forêts, le Congo dispose aussi d'un fort potentiel en matière de production agricole, d'énergie renouvelable (solaire, éolienne, géothermique) et de ressources minières stratégiques (fer, or, uranium, hélium, perlite).
Le gouvernement congolais n'est pas insensible. Le Plan national de développement (PND) en cours d'exécution en est la preuve. Il prévoit de mobiliser 16 % de ses financements à travers des mécanismes innovants, notamment le marché carbone.
La participation au commerce des crédits carbone, couplée à une évaluation rigoureuse du service de séquestration offert par les écosystèmes congolais, pourrait non seulement accroître la richesse nationale mais aussi générer des flux financiers nouveaux et stables. Le pays est d'ailleurs classé 30e sur 191 pays selon l'Indice mondial du capital naturel 2024, un rang qui reflète la valeur stratégique de son environnement.
En 2023, le Congo a déjà capté près de 229 millions de dollars en financements publics et privés dans le cadre d'initiatives liées à l'atténuation et à l'adaptation au changement climatique. Ce montant représente environ 15 % du besoin annuel identifié dans le cadre de sa Contribution nationale déterminée (CDN).
Cependant, malgré l'attrait grandissant du capital naturel congolais sur la scène internationale, le pays reste confronté à l'explosion de sa dette publique. A en croire la BAD, le surendettement limite l'utilisation de certains instruments financiers comme les garanties, pourtant essentielles pour attirer les investissements privés dans des secteurs sensibles tels que la gestion durable des forêts et des tourbières.
Pour contourner cet écueil, Brazzaville s'est engagée dans un mécanisme de type "Debt-for-Nature Swap", portant sur un montant de 126 millions de dollars. ''Ce dispositif consiste à réorienter une partie de la dette existante vers des projets de conservation, tout en assainissant le profil budgétaire du pays'', révèle la BAD.
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 26/06/25 15:49
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