Le conflit en RDC paralyse l’industrie brassicole et asphyxie l’économie locale

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La brasserie Bralima, filiale du géant néerlandais Heineken, a dû suspendre ses activités à Bukavu, à la suite de l'avancée des rebelles du M23 dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC). Cette fermeture, provoquée par des pillages et des destructions d'infrastructures, plonge les commerçants et les habitants dans une crise économique inquiétante.

Un secteur clé à l'arrêt

Les troubles ont durement frappé l'un des fleurons de l'industrie brassicole congolaise. Bralima, acteur incontournable du marché avec des marques emblématiques comme Primus et Amstel, a vu ses installations endommagées et ses dépôts de boissons pillés par des groupes armés. ‘'Il faudra du temps pour évaluer les dégâts'', indique un porte-parole de Heineken, soulignant l'incertitude quant à la reprise des opérations.

Avec quatre brasseries en RDC, Heineken réalise près de 14% de son chiffre d'affaires total en Afrique et au Moyen-Orient. Or, Bukavu, Goma et Uvira, trois villes aujourd'hui sous tension, représentaient à elles seules près d'un tiers de son activité congolaise. Plus de 1 000 emplois, directs et indirects, sont désormais menacés.

Un effet domino sur l'économie locale

L'arrêt de la brasserie ne touche pas seulement l'industrie brassicole. Il met en péril l'équilibre économique de la province. La REGIDESO, compagnie nationale des eaux du Sud-Kivu, tire environ 40% de ses revenus de la consommation d'eau de Bralima. Privée de cette ressource essentielle, elle pourrait bientôt manquer de produits chimiques pour purifier l'eau, menaçant l'accès à une ressource vitale pour des milliers d'habitants.

‘'Si nous ne pouvons plus traiter l'eau, nous devrons interrompre nos services. Ce serait un désastre'', prévient Jean de Dieu Kwibuka Babwine, directeur du service commercial de la REGIDESO.

Une dépendance forcée aux importations

Face à la pénurie de bière locale, certains commerçants commencent à s'approvisionner au Burundi et au Rwanda voisins. Une solution qui, bien que pragmatique, est loin de faire l'unanimité. ‘'Je ne peux pas consommer de produits provenant du Rwanda. Ce sont nos ennemis'', tranche un habitant de Bukavu, préférant patienter jusqu'à la réouverture de Bralima.

L'offensive du M23, que les Nations unies accusent d'être soutenue par le Rwanda – ce que Kigali dément –, a provoqué une onde de choc bien au-delà des zones de combat. Tandis que la communauté internationale tente de négocier un cessez-le-feu, les entreprises et les populations locales restent suspendues à une reprise hypothétique de la paix. Mais tant que l'instabilité persiste, l'économie congolaise, déjà fragilisée, continue de s'enfoncer dans la crise.

La Rédaction

Publié le 20/03/25 19:38

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