Le Ghana sous la menace d’une révision à la baisse de sa note selon Fitch Ratings

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Les dérives budgétaires de l'Etat ghanéen sont de nature à mettre en péril sa notation financière qui pourrait être rétrogradée, avertit Fitch Ratings dans une note publiée ce 17 août. L'agence qui avait maintenu en avril dernier la note B du pays avec une perspective stable s'inquiète de la hausse incontrôlée du gap budgétaire qui devrait se situer au-delà des 5% du PIB sur les prochaines années, un niveau qui est pourtant la limite recommandée par la réglementation du pays (la loi sur la responsabilité budgétaire).

Le 7 août dernier, le ministre des Finances avait obtenu du parlement une rallonge budgétaire avec pour effet de porter le déficit du budget à 11,4% du PIB contre un objectif initial de 4,7% en début d'année, en raison de la baisse des recettes publiques et de la hausse des dépenses dans le contexte de la crise de la Covid-19.

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Un écart du déficit par rapport aux hypothèses

Toutefois, les projections budgétaires pour la période 2021-2024 présentées ce 17 août " indiquent que le déficit budgétaire 2020 pourrait augmenter encore jusqu'à 12,2% du PIB ", le ministre des Finances ayant eu du parlement la suspension temporaire de la loi sur la responsabilité budgétaire relève l'agence.

Aussi, " le déficit restera supérieur au plafond de 5 % jusqu'en 2022 ", voire 2024, là où Fitch prévoyait plus tôt " une détérioration substantielle et temporaire du solde budgétaire en 2020, en ligne avec le choc de la pandémie de coronavirus " avant un retour dans les limites légales dès 2021 (moins de 5% du PIB). " (…) les dernières prévisions du gouvernement, ajoute l'agence, représente un plus grand écart par rapport à nos hypothèses ".

Ainsi, cette évolution est perçue comme une incapacité du pays à réformer son cadre budgétaire, ce qui laisse entrevoir une hausse " significative " du niveau d'endettement du pays à terme. " Les ratios de la dette publique et des charges d'intérêt du Ghana par rapport aux recettes budgétaires sont très élevés par rapport à la médiane des autres États souverains notés "B", ce qui souligne l'urgence d'une consolidation budgétaire ".

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 Une note sous pression

Certes, avec l'eurobond de 3 milliards $ levé en février dernier et un prêt d'un milliard $ obtenu auprès du FMI et l'appui de la Banque centrale (qui entretient l'inflation), le Ghana dispose d'un coussin de sécurité au point de ne pas recourir à des financements extérieurs, du moins sur le court terme. Mais la donne devrait rapidement changer si le déficit budgétaire projeté était maintenu.

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Dans cette perspective en effet, les besoins de financements extérieurs se feront plus pressants et des progrès insuffisants en matière d'assainissement des finances publiques pourraient alors affecter la confiance des investisseurs étrangers, ce qui " pourrait entraver la capacité du pays à accéder aux marchés ".

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En pareille circonstance, " la position financière extérieure du Ghana pourrait devenir une source de pression sur les notations, si les tensions extérieures s'accentuent et que le soutien multilatéral (des partenaires financiers, ndlr) se fait attendre " affirme Fitch.

Jean Mermoz Konandi

Publié le 19/08/20 18:17

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