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Dans un récent rapport, le Mécanisme africain d'évaluation par les pairs (MAEP), bras séculier de l'Union Africaine chargé d'analyser les progrès en termes de gouvernance des pays du continent, estime que le fait pour les agences de notation internationales d'apprécier la solvabilité des émetteurs africains depuis l'extérieur n'est pas approprié pour réaliser des évaluations objectives.
Fitch, S&P et Moody's sont implantés en Europe, en Asie et aux États-Unis. Leurs analyses de risques sur l'Afrique s'appuient sur des données recueillies par leurs analystes à l'occasion de "visites de courte durée", des discussions virtuelles et des informations accessibles au public, "en omettant des données critiques qu'il est souvent préférable d'obtenir dans le pays au cours des examens de crédit" souligne le document.
Ce manque de précision est, selon le rapport, à l'origine des "lacunes flagrantes" des évaluations qui classent presque tous les émetteurs souverains du continent en bas de l'échelle de notation avec pour conséquence, des coûts d'endettement toujours plus élevés. "Moody's, Fitch et S&P continuent de commettre des erreurs significatives dans leurs notations, mais elles continuent d'influencer les décisions de financement et les flux de capitaux au niveau mondial".
Le MAEP fustige par ailleurs la charge de travail des analystes pour ce qui concerne l'Afrique où "un analyste est chargé de suivre les informations et de prendre des décisions de notation pour plus de 10 pays, alors qu'il est basé en dehors du continent".
Au premier semestre 2023, le "Big Three" de la notation financière mondiale a abaissé la note du Ghana, du Nigeria, du Kenya, de l'Égypte et du Maroc, invoquant à chaque fois les besoins croissants de financement du gouvernement, des pressions liées aux prochaines échéances sur leurs euro-obligations, l'affaiblissement de la position de liquidité extérieure en raison d'une trajectoire de change défavorable. Cependant, le Nigeria, le Kenya et le Ghana ont rejeté l'abaissement de leur note invoquant un manque de compréhension de l'environnement national par les agences de notation.
S'exprimant lors de la 30ème assemblée générale annuelle d'Afreximbank, le président ghanéen Nana Akufo-Addo avait reproché aux agences d'exacerber les difficultés budgétaires des pays en développement par des dégradations injustifiées qui excluent les gouvernements des marchés de capitaux, "transformant les crises de liquidité en crises de solvabilité".
Résumé des actions de notation de crédit souverain en Afrique (janvier - juin 2023)
Selon le rapport du MAEP, l'une des solutions serait, pour les agences, d'implanter davantage d'analystes sur le continent et élargir le champ et la durée des consultations auprès des émetteurs. "Il sera plus facile pour les analystes locaux d'élargir le champ de leurs consultations avec les parties prenantes, de passer plus de temps dans les pays qu'ils évaluent, et leur interprétation des événements et leur perception du risque seront différentes".
Par ailleurs, l'institution invite les régulateurs africains à mettre en place des cadres réglementaires pour superviser le travail des agences de notation internationales opérant dans leurs juridictions respectives.
La question de la notation est aujourd'hui cruciale pour les pays africains qui ont besoin de ressources financières pour mettre en œuvre leurs politiques de développement. Dans un autre rapport paru en mai dernier, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) estime que des approches " plus objectives " de Moody's, S&P et Fitch ferait économiser près de 75 milliards de dollars à l'ensemble pays notés en Afrique, l'équivalent de 80 % des besoins annuels d'investissements de l'Afrique.
Cédrick Jiongo;
La Rédaction
Publié le 05/09/23 17:27
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