Lynda Mensah AHUI, DG de MTN MFS Côte d’Ivoire : ‘’Le marché du mobile money reste concurrentiel, mais les opportunités sont énormes’’

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Lynda Mensah AHUI, directrice générale de MTN MFS Côte d'Ivoire :

Le marché du mobile money reste certes concurrentiel, mais les opportunités sont énormes

Le marché ivoirien du mobile money a enregistré ces dernières années de grandes mutations, à la fois sur les prix que sur les offres, poussant les opérateurs à s'adapter et à trouver de nouveaux relais de croissance. Diplômée d'un MBA de la Northeastern University à Boston, Lynda Mensah AHUI, ex auditeur chez de Deloitte USA, a fait son entrée à MTN Côte d'Ivoire en 2008 comme directrice du Business Risk Management, avant de prendre, dix ans après, la tête de MTN MFS Côte d'Ivoire, la filiale dédiée au mobile money. Elle analyse les évolutions du marché et montre comment l'opérateur s'organise pour y faire face.

Le marché ivoirien du mobile money a été secoué cette année par une chute drastique des frais de transaction qui a poussé les acteurs à revoir leur modèle. Comment avez-vous fait face à cette évolution ?

Avant tout, il faudrait rappeler que le secteur du mobile money contribue énormément au dynamisme économique en Côte d'Ivoire, et ce par la promotion d'une forte inclusion financière, l'accélération des flux financiers, la naissance ou le développement de nouveaux métiers (vente en ligne), et enfin la création de milliers d'emplois.

Nécessairement cela attire l'attention et l'intérêt des investisseurs. Nous sommes heureux d'avoir de nouveaux arrivants sur le marché.

Le dernier en date a pénétré le marché avec une stratégie essentiellement basée sur le prix, ce qui a induit des changements considérables. Nous nous sommes cependant parfaitement adaptés pour continuer à servir nos clients et rémunérer correctement tous les acteurs de la chaîne de production du service.        

Notre offre actuelle est la suivante : 0 franc sur les transferts MoMo et 1% de frais pour les retraits. Nous continuons, dans cette dynamique, à développer également d'autres services à forte valeur pour répondre aux attentes du marché. 

En tant qu'acteur historique du marché, vous avez développé un réseau de points de ventes importants avec à la clé des milliers d'emplois. Des intermédiaires qui ont pu être considérés comme des laissés-pour-compte avec la révision de leurs commissions. Quelle est votre approche en matière de rémunération de ces intermédiaires et quel en est l'impact ?

Suivant notre mode de fonctionnement, nous nous appuyons sur un important réseau de distribution pour nous assurer de la disponibilité et la proximité de nos services. Et avec la baisse des frais de services mobile money, nos points de vente ont bénéficié d'une subvention pendant environ sept mois.

En effet, nous avons maintenu nos commissions à la transaction et avons ouvert de nouveaux services aux points de vente pour améliorer leur revenu. Comme résultat, nous gardons d'excellentes relations avec nos points de vente.

Nous jouons un rôle de catalyseur en rendant les services Mobile Money accessibles à tous.

En ce qui concerne les dernières manifestations (débrayage des gérants de points de services mobile money suite à la baisse des frais de transaction sur le marché ivoirien, NDL), elles n'ont jamais été dirigées contre nous. Cependant nous tenons à rappeler que les tarifs à appliquer sont bien ceux que nous avons fixé, à savoir les dépôts gratuits (à l'exception des frais de timbre) et les retraits à 1% quel que soit le montant. 

Comment vous positionnez-vous sur un marché qui du reste est très concurrentiel ?

Le marché reste certes concurrentiel mais les opportunités de croissance sont toujours énormes. Nous pensons être très bien positionnés pour ce qui est d'offrir un portefeuille de services très diversifié à la population incluant des services financiers relativement avancés avec différents partenaires (micro-assurance avec AYO, micro prêt et épargne avec BMF et Mansa Banque, paiement dans les commerces de détails et supermarchés, etc…)

Le marché reste certes concurrentiel mais les opportunités de croissance sont toujours énormes.

Nous sommes en effet proches de nos clients de plus de 10 ans, et nous jouons un rôle de catalyseur en rendant les services Mobile Money accessibles à tous. 

Au-delà du transfert d'argent et paiements de services de base, que comporte votre offre de mobile money ?

Hormis le transfert d'argent et les services basics, nous sommes et avons toujours été dans une dynamique de contribution à l'inclusion financière à toutes les échelles, à savoir les grandes entreprises, les PME/PMI, et même les commerçants dans les marchés.

Il s'agit pour nos utilisateurs de solutions de paiements via MoMo pour collecter les paiements des commerçants et faire les rendus de monnaie, de solutions de paiement de masse pour les paiements de salaire et collecte de paiements des entreprises, d'épargne et micros-prêts ainsi que de transferts d'argent entre compte bancaire et portefeuille mobile money.

Nous travaillons à améliorer davantage nos offres et à en développer de nouvelles pour mieux répondre aux besoins des utilisateurs. 

Etant sur un marché qui évolue très rapidement, nous travaillons à améliorer davantage nos offres et à en développer de nouvelles pour mieux répondre aux besoins des utilisateurs. 

L'un des défis pour le secteur reste à faire entrer les paiements digitaux dans les habitudes. Avez-vous des projets dans ce sens ?

Effectivement, c'est un réel challenge auquel tout opérateur mobile money fait face. Mais cela reste un point de stratégie interne. Toutefois, nous pensons que le niveau de maturité du marché va accélérer l'adoption de MoMo comme principal moyen de paiement. 

Cela passe aussi par l'intégration d'un nombre croissant de services sur votre application. Avez-vous des vues à ce niveau ?

 Le lancement de notre première application remonte à 2016, suivi d'une version actualisée en 2018. Depuis, nous l'avons fait évoluer pour rendre les opérations beaucoup plus simples et plus intuitives. Il y est aujourd'hui possible de consulter son solde, de faire des transferts d'argent, d'effectuer des règlements de facture, d'acheter du crédit et des packs pour communiquer.

Notre application MTN MoMo est progressivement adoptée par nos clients et nous visons à terme que tous les services utilisés sur l'USSD soient aussi disponibles via l'application MTN MoMo.

La question de l'interopérabilité des services de mobile money est aussi une problématique présentée comme un frein aux paiements digitaux. Où en êtes-vous actuellement dans ce processus ?

Ce projet sous régional est aujourd'hui piloté par la BCEAO. Nous y participons et espérons qu'il verra le jour dans les mois à venir. Toutefois, nous offrons déjà la possibilité à tous les clients, peu importe leur opérateur, d'ouvrir un compte MTN MoMo avec leur numéro de téléphone.

Comment voyez-vous l'avenir de ce secteur qui fait face à la pression croissante des fintechs ?

Comme tous les secteurs à forte croissance, nous assistons à un afflux important d'acteurs. Cependant, nous avons l'avantage d'y être depuis plus de 10 ans à présent, et allons continuer à nous développer. Les nouveaux entrants ont besoin de se créer leur place. Certains survivront sur le marché et d'autres non ; seul le temps nous le dira.

Pour l'heure nous restons focalisés à rapprocher les services financiers mobiles de nos abonnés grâce à notre réseau de partenaires et à notre portefeuille de produits diversifié.

Jean Mermoz Konandi

Publié le 23/03/23 14:43

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