Métro, Pandora Papers, Corruption, Terrorisme, … : Le Premier ministre Patrick ACHI fait un bilan d’étape

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Un peu plus de 200 jours après sa nomination à la tête du gouvernement ivoirien, Patrick ACHI a voulu se soumettre à ce qui est devenu une tradition, un échange direct avec la presse à l'effet de faire un premier bilan de son action et faire quelques projections.

La rencontre qui s'est tenue ce 8 novembre a permis d'aborder divers sujets sur lesquels le Premier ministre, régulièrement présent au gouvernement depuis les années 2 000, a montré son aisance tout se voulant transparent.

Eurobond et déficit budgétaire

Face à la pression sur les finances publiques provoquée par les nouvelles dépenses budgétaires occasionnées par l'urgence de la crise de la Covid-19, le gouvernement avait fait sauter le verrou du déficit budgétaire limité à 3% du PIB, selon la norme établie dans la zone UEMOA. Ainsi en 2020, le déficit qui était de 5,6% est attendu à 4,7% du PIB fin 2022. Un écart que le gouvernement parvient à combler par divers mécanismes sans un recours systématique aux eurobonds !

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Selon le chef du gouvernement, le recours au marché international de la dette sera fonction de la dynamique de mobilisation de ressources internes, une dynamique qui a été bien orientée cette année. " L'évolution au mois le mois de la mobilisation des recettes, des ressources que nous pouvons mobiliser ici et là, détermine et fait évoluer le plan de trésorerie. Donc, c'est à la lecture des plans de trésorerie sur les premiers mois de 2022 que le ministre des Finances pourra décider si oui ou non on peut aller sur le marché international pour un eurobond ".

Aussi, si l'emprunt sur les marchés permet d'" aller vite " dans le financement des projets de développement, bien au-delà des capacités financières de l'Etat, elle ne se fait pas de manière automatique et sans surveillance, a-t-il laissé entendre.

Le Metro et la mobilité à Abidjan

L'un des grands postes de dépenses du budget national reste bien les investissements publics, dans les infrastructures notamment, qui tirent la croissance et améliorent la compétitivité de l'économie. Et à Abidjan, les enjeux de mobilité ont poussé les autorités a engagé de grands travaux avec l'objectif d'améliorer significativement la fluidité du trafic qui devient par moment un casse-tête.

" On a engagé de nombreux travaux pour améliorer la fluidité du trafic à Abidjan. La mobilité est un facteur déterminant de productivité et de facilité de vie pour les populations ", a noté le chef du gouvernement. Au nombre de ces chantiers emblématiques, l'on a le quatrième pont d'Abidjan dont le chantier enregistre une nette une accélération. L'infrastructure qui prend forme va ouvrir une nouvelle voie de liaison entre la commune populaire de Yopougon et d'autres centres névralgiques de la capitale, le quartier commercial d'Adjamé, le Plateau, le centre des affaires, ainsi que Cocody et la partie sud de la ville.

Le 5ème pont présente également un bon état d'avancement et permettra pour sa part le désengorgement du nœud du ‘'Carrefour de l'Indenié'' et facilitera la circulation entre Cocody et le Plateau.

L'autre symbole de la capitale en chantier, c'est bien le très attendu métro. " La libération des emprises, principal obstacle, est bien engagée ", ce qui laisse entrevoir le démarrage effectif des travaux, a indiqué Patrick ACHI. " La première rame du métro, a-t-il ajouté, va prendre les rails en 2025 ", avançant ainsi une date pour la livraison effective de l'infrastructure. Un rêve qui permettra de traverser la ville d'Abidjan, du Nord au Sud, en quelques dizaines de minutes au lieu des heures qu'il faut passer dans les bouchons aux heures de pointes actuellement.

En projet également la grande voie de contournement de la ville d'Abidjan, la Y4, une autoroute qui va relier l'autoroute du Nord (sortie nord d'Abidjan) au Carrefour Akwaba (Sortie Est d'Abidjan), évitant le centre-ville de la capitale économique.

A ces quelques " axes structurants ", Patrick ACHI a relevé par ailleurs que l'offre énergétique sera renforcée dès 2022 avec la finalisation des travaux d'extension des centrales Azito et Ciprel dont les capacité de production seront accrues respectivement de 180 MW et 250 MW, un pas vers l'objectif pour le pays d'approcher les 3 000 MW contre un peu plus de 2 200 MW actuellement.

 Pandora Papers/Patrick ACHI : ‘'Il ne faut pas chercher là où il n'y a rien''

Le sujet des Pandora Papers qui a fait grand bruit dans les sphères politique et économique ivoiriennes a été abordé. Le Premier ministre avait en effet été pointé du doigt pour avoir créé une société offshore logée dans un paradis fiscal, ce qui était perçu comme une volonté de se soustraire à ses obligations fiscales en Côte d'Ivoire.  

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S'expliquant, Patrick ACHI a relevé qu'après 15 ans d'activité dans le privé, il avait décidé de se mettre à con propre compte comme consultant en ouvrant sa propre société. " A un moment donné, certaines personnes à l'extérieur, en France, aux Etats-Unis, en Angleterre, certainement satisfaites de mes services m'ont sollicitées (…). Et il fallait pour cela que j'ai contractuellement une société qui soit installée sur ces territoires-là. Donc j'ai créé une société et il s'est trouvé que quelques années après – d'ailleurs ma charge de travail ne m'a pas permis faire ces consultations – ma carrière a changé. Donc ce sont des sociétés qui n'ont jamais travaillé, qui n'ont aucun actif, et je crois que le média qui a donné l'information a eu le nez creux de reconnaître qu'il n'y avait aucun actif ", a-t-il détaillé. " Je souhaite que ce sujet soit clos parce qu'il ne faut pas chercher là où il n'y a rien ! ", assurant ainsi n'avoir rien à se reprocher.

Corruption : ‘'Un processus irréversible engagé''

La bonne gouvernance est l'autre grand chantier sur lequel le Premier ministre affiche sa volonté de réaliser de grandes avancées. Une ambition qui a été marquée plus tôt cette année par la suspension de plusieurs directeurs généraux d'entreprises publiques à la suite d'audits préliminaires qui ont révélé des actes de mauvaise gestion, voire de détournement de fonds.

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" Il s'agit de pré-audit " qui ont permis de mettre à jour des dysfonctionnements a-t-il expliqué. " N'ayant pas la capacité dans l'administration de faire un audit complet, on a fait appel à des cabinets d'audit externes professionnels pour que les allégations qui sont formulées à l'encontre des personnes (…) ne le soient pas sur des bases légères et faibles, elles doivent être fondées. Donc on a enclenché ce processus d'audit en saisissant des cabinets internationaux pour un certain nombre de sociétés sur lesquelles le ministère en charge du Portefeuille de l'Etat nous a alerté. Pour certains déjà, des sanctions ont été prises et pour les autres, dans les semaines à venir, des sanctions seront prises " a-t-il souligné, promettant la transparence sur ces affaires.

" Le président de la République ne reculera pas devant cet engagement. C'est une condition sine qua none au développement (…). Le processus est irréversible et les résultats seront mis à la disposition des populations le moment opportun. "

 Terrorisme

Face au terrorisme qui s'est manifesté sporadiquement à sa frontière nord qu'elle partage avec le Mali et le Burkina, la Côte d'Ivoire assure avoir pris les devants afin d'éviter tout débordement du phénomène sur son territoire.

Des moyens militaires importants ont été déployés et une surveillance étroite de la zone est effectuée selon le chef du gouvernement. " Les Ivoiriens peuvent être rassurés. Les forces [de défense] ont été accrues, elles sont mieux équipées et de plus en plus le seront, elles sont formées, entraînées (…). Tous les moyens de l'Etat sont mis à disposition pour surveiller cette frontière Nord ".

La lutte contre le terrorisme ne se fera pas toutefois pas uniquement sur le plan militaire. Des projets de développement sont engagés dans toute la partie frontalière afin d'améliorer les conditions de vie des populations et créer des emplois pour les jeunes et les femmes, l'objectif étant d'éviter que ces personnes ne succombent aux promesses des jihadistes.

Jean Mermoz Konandi

Publié le 08/11/21 19:27

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