Pour la première fois depuis trois ans, le Nigéria affiche un excédent de sa balance des paiements, à hauteur de 6,83 milliards de dollars. Un signal fort de redressement économique, fruit de réformes audacieuses et d'un regain de confiance des investisseurs.
Dans une économie mondialisée, la balance des paiements agit comme le carnet de santé d'un pays vis-à-vis du reste du monde. Elle mesure tous les flux financiers entrants et sortants, qu'il s'agisse du commerce extérieur, des investissements ou des transferts d'argent. Lorsqu'elle est excédentaire, cela signifie que le pays reçoit plus de devises étrangères qu'il n'en dépense — un indicateur de bonne santé macroéconomique.
C'est justement le cas du Nigéria en 2024, qui renoue avec les excédents après deux années consécutives de déficit (3,32 milliards de dollars en 2022, puis 3,34 milliards en 2023). Ce retournement spectaculaire, révélé le 7 avril dernier par la Banque centrale du Nigéria (CBN), est attribué à une série de mesures structurelles engagées depuis l'arrivée aux affaires du président Bola Tinubu.
Réformes structurelles et discipline budgétaire
En à peine un an, Tinubu a supprimé les subventions massives sur l'essence et l'électricité — des dépenses publiques jugées inefficaces et coûteuses. Il a également laissé la monnaie locale, le naira, se déprécier à deux reprises, une décision impopulaire mais nécessaire pour restaurer la compétitivité des exportations et réduire les tensions sur les réserves de change.
Ces réformes ont permis un assainissement du cadre macroéconomique, favorisant un rebond des échanges extérieurs. Résultat : le compte courant, qui retrace notamment les exportations et les transferts d'argent, enregistre un excédent de 17,22 milliards de dollars. En particulier, la balance commerciale affiche un solde positif de 13,17 milliards de dollars.
Les chiffres sont en effet parlants. Les exportations de gaz ont grimpé de 48,3% pour atteindre 8,66 milliards de dollars, tandis que les exportations non pétrolières (hors hydrocarbures) ont progressé de 24,6%, une performance rare pour un pays encore largement dépendant du pétrole. Côté importations, les dépenses en carburants ont reculé de 23,2%, reflétant à la fois la réduction des subventions et la montée en puissance de la raffinerie de Dangote. Les importations de biens non pétroliers ont aussi diminué de 12,6%.
Investissements de portefeuille en forte progression
Autre levier de cette embellie extérieure : les investissements de portefeuille, c'est-à-dire l'achat d'actions ou d'obligations nigérianes par des investisseurs étrangers, ont plus que doublé pour atteindre 13,35 milliards de dollars. Une dynamique tirée par une perception plus favorable des marchés vis-à-vis du Nigéria.
En revanche, les investissements directs étrangers (IDE) — qui reflètent les projets industriels ou l'installation d'entreprises provenant de capitaux étrangers— ont reculé de 42,3%, à seulement 1,08 milliard de dollars. Ce signal en demi-teinte rappelle que la stabilité politique, la qualité des infrastructures et la sécurité restent des chantiers à poursuivre pour attirer des capitaux de long terme.
Réserves de change en nette hausse
Au final, les réserves de change du Nigéria — qui jouent le rôle de ‘'coussin de sécurité'' en cas de choc économique — ont bondi de 6 milliards de dollars pour atteindre 40,19 milliards de dollars à fin 2024. Un niveau plus rassurant pour faire face aux aléas extérieurs, comme les variations des prix du pétrole ou les turbulences sur les marchés mondiaux.
Voir aussi - Nigéria : Bond de 20% à 40 milliards USD des réserves de changes à fin 2024
‘'Le redressement positif de nos finances extérieures témoigne de la mise en œuvre efficace de nos politiques et de notre engagement indéfectible en faveur de la stabilité macroéconomique'', a déclaré Olayemi Cardoso, gouverneur de la Banque centrale.
En somme, le Nigéria semble récolter les premiers fruits d'un tournant économique courageux. Si les réformes engagées ont eu un coût social et politique à court terme, elles posent les bases d'un modèle plus résilient, moins dépendant du pétrole, et davantage connecté aux dynamiques économiques mondiales.
La Rédaction
Publié le 10/04/25 15:07
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