La NNPC, Compagnie pétrolière publique nigériane, intensifie ses efforts de transparence et de gouvernance à l'approche de son introduction en bourse. Une opération longtemps attendue et considérée comme un tournant stratégique pour le secteur énergétique du pays.
S'exprimant ce 4 novembre à Abou Dhabi, aux Emirats arabes unies, lors de la conférence internationale de l'énergie ADIPEC, son directeur général, Bayo Ojulari, a réaffirmé la volonté de l'entreprise de se conformer pleinement aux exigences de la Petroleum Industry Act (PIA) de 2021, qui impose une ouverture du capital de la société publique au marché dans les six mois suivant son adoption, rapporte Reuters. ‘'Le processus d'introduction en bourse est obligatoire. La loi sur l'industrie pétrolière impose à la NNPC de suivre un parcours précis. Ce n'est pas une option pour nous'', a déclaré M. Ojulari.
Selon le patron de la NNPC, la transformation de la compagnie passe d'abord par une refonte de ses pratiques de gouvernance et de communication financière. Depuis mai 2024, la société publie désormais des résultats mensuels, une première dans l'histoire de l'entreprise longtemps critiquée pour son opacité et son inefficacité. Outre ses obligations réglementaires, la NNPC poursuit une stratégie d'expansion dans la chaîne de valeur pétrolière et gazière nationale. M. Ojulari a révélé que la compagnie prévoit doubler sa participation dans la raffinerie Dangote, la plus grande d'Afrique, à 20%, contre 10% actuellement.
Cette initiative vise à consolider la présence de la NNPC dans le raffinage local, alors que la méga-raffinerie de 650 000 barils par jour, inaugurée l'an dernier, peine à s'imposer face à la concurrence des produits importés à bas prix. Sur le point les autorités ont pris une mesure depuis la semaine dernière, visant à instaurer une taxe de 15%, sur les produits pétroliers raffinés importés.
Relancer les raffineries nationales
Parallèlement, la NNPC cherche à redonner vie à ses trois raffineries publiques (Port Harcourt, Warri et Kaduna), longtemps à l'arrêt malgré des investissements colossaux. La semaine dernière, la direction de l'entreprise a annoncé être en quête de partenaires financiers et techniques pour relancer ces infrastructures stratégiques, dans l'optique d'assurer l'autosuffisance du Nigeria en produits pétroliers raffinés.
L'introduction en bourse de la NNPC, si elle se concrétise, serait l'une des plus importantes opérations financières jamais menées en Afrique subsaharienne. Elle symboliserait le passage du mastodonte public vers une ère de gestion plus rigoureuse et orientée vers la performance, tout en offrant au Nigeria une vitrine de réformes dans un contexte de pressions budgétaires et de diversification économique. Pour de nombreux analystes, la réussite de cette transformation dépendra de la crédibilité des réformes de gouvernance et de la capacité du gouvernement à garantir l'indépendance opérationnelle de la société, dans un secteur historiquement miné par les interférences politiques.
Narcisse Angan
Publié le 04/11/25 11:22


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