Rationnement de l’électricité : Une situation difficile pour les entreprises ivoiriennes

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En Côte d'Ivoire, les entreprises sont au bord des larmes. Environ 180 d'entre elles dont 145 issues du secteur industriel vont devoir composer avec des coupures d'électricité fréquentes jusqu'au mois de juillet. La cause n'est nulle autre que le déficit d'énergie électrique d'un peu plus de 200 mégawatts que connait le pays. Une situation que le gouvernement et la Compagnie ivoirienne d'électricité (CIE) expliquent par une baisse du niveau d'eau dans les barrages hydroélectriques. A cela s'ajoute une panne survenue au niveau d'une turbine à gaz de la centrale thermique d'Azito.

Si le secteur privé et les populations assimilent cette fracture dans la fourniture d'électricité à un délestage, le ministre en charge de l'énergie, Thomas Camara écarte cette hypothèse. "Ce n'est qu'une situation conjoncturelle que nous traversons et qui ne peut pas être baptisée de délestage car, nous ne sommes pas dans une situation structurelle de déficit. Le déficit va se résorber dans 2 mois. Et même si rien n'est fait, l'équilibre va revenir. C'est juste une insuffisance de production de manière momentanée", a-t-il affirmé le 7 mai 2021 lors de la conférence de presse qu'il a animée. Rationnement, c'est le thème avec lequel les autorités ivoiriennes qualifient cette perturbation, qui est un peu de trop surtout pour les entreprises dont plusieurs craignent d'être mise à genoux par cette situation.

Les PME dans la tourmente

Alors qu'elles se relèvent timidement du coup de massue à elles portée par la crise sanitaire covid-19, les Petites et moyennes entreprises (PME) ivoiriennes sont de nouveau confronter à une équation complexe, car c'est ainsi qu'elles considèrent la fracture énergétique qui s'impose à elles. Cette situation plusieurs d'entre elles la vivent difficilement encore plus les petites industries. Contraintes de fonctionner à moyen régime, ce qui impacte négativement leurs productivités, certaines PMI se voient obliger de rallonger leurs délais de production. C'est le cas d'une petite usine de production de pavés, briques préfabriquées, tuiles en béton (…) installée à Yopougon dont le directeur sous couvert d'anonymat nous a partagé sa tourmente : "Nous avons été contraints de revoir à la baisse notre production journalière. Ce qui se répercute sur nos délais de livraison et nous empêche de soumissionner à de nouveaux appels d'offres, car notre structure n'est pas dotée de groupe électrogène".

Comme cette Petite et moyenne industrie (PMI), des unités de production sans groupe électrogène on en dénombre plusieurs. Serge Richard Blaniké parle de sa structure de production d'emballages biodégradables : "Je suis en contrat avec des pharmacies et des boulangeries, à qui, je fournis de façon hebdomadaire des emballages. Avec ce rationnement de l'électricité, je crains de ne pas réussir à honorer mes engagements à temps. Pire je crains de perdre mes marchés".

Chez Stéphane Arnold Kotia, tenancier d'une imprimerie moderne on se mord déjà les doigts. La Pme, alors qu'elle exécutait l'impression d'une affiche, de type panneau publicitaire, a été frappée par une coupure d'électricité. Ce qui traduit une perte au regard du gâchis enregistrée lors de cette production.

Les Pme et Pmi ne sont pas les seules victimes, du côté des entreprises et industries dotées de groupes électrogènes on entend également des grincements de dents.

Des dépenses supplémentaires

On les estimerait chanceuses mais dans le fond, les sociétés ayant en leur possession des groupes électrogènes font aussi les frais de cette perturbation dans la fourniture d'électricité. Elles ne sont pas impactées au niveau de leur productivité, mais leur consommation en gasoil leur revient très chère.

"Certes nous avons installé un groupe électrogène pour prévenir les coupures d'électricité mais nous n'avons jamais envisagé être en train de produire à plein régime pendant plus de deux mois avec ce dispositif. Le gasoil coûte cher et cela accroit nos dépenses à une vitesse vertigineuse", déplore sous couvert d'anonymat le responsable des moyens généraux d'une unité industrielle installée à Abidjan.

Cette désolation est partagée par un responsable réseau d'une chaine de boulangeries ayant requis aussi l'anonymat : "Pour ne pas perdre notre clientèle, nous sommes contraints d'envisager une ligne de dépenses pour doter 3 de nos boulangeries de groupes électrogènes, car elles n'en possèdent pas encore. Ajoutée à cette dépense la consommation en gasoil de ces appareils de l'ensemble de notre réseau, ça sera un gros manque à gagner pour nous quand on sait que les populations ne seront pas prêtes à accepter une quelconque augmentation des prix de nos produits", a-t-il confié. Ainsi, grandes entreprises et Pme sont en souffrance face à ce déficit énergétique, ne sachant plus à quel saint se vouer.

Junior Konan

La Rédaction

Publié le 14/05/21 18:15

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