Sénégal : Comment le nouveau PIB allège déficit, dette et pression fiscale ?

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Le Sénégal vient d'opérer une réforme statistique majeure en actualisant l'année de base de ses comptes nationaux, passant de 2014 à 2021. Un exercice technique, connu sous le nom de ‘'rebasing'', mais aux effets très concrets sur les principaux indicateurs de gestion des finances publiques.

Avec une économie réévaluée, c'est l'ensemble des ratios budgétaires, fiscaux, d'endettement et de performance extérieure qui se retrouvent redimensionnés.

Un PIB revalorisé de 13,5%

Selon les nouvelles données, le PIB 2021 s'établit désormais à 17 316 milliards FCFA, contre 15 261 milliards dans l'ancienne base. Cette revalorisation de 13,5% traduit une meilleure prise en compte de la structure économique actuelle du pays, intégrant de nouveaux secteurs, des mises à jour méthodologiques et des sources statistiques améliorées.

Cette hausse mécanique du PIB modifie immédiatement le comportement des ratios exprimés en pourcentage de la richesse nationale.

Un déficit public moins lourd qu'annoncé

Premier indicateur à s'en trouver transformé, le solde budgétaire global. Avec la nouvelle base, le déficit rapporté au PIB passe de 13,3 à 11,8% en 2021. Le niveau absolu du déficit ne change pas, mais sa taille relative à l'économie devient moins préoccupante.

Cette correction statistique donne une image légèrement plus favorable de la trajectoire budgétaire, même si le besoin de consolidation demeure.

Une pression fiscale plus faible que prévu

La revalorisation du PIB fait en revanche reculer le taux de pression fiscale, désormais établi à 15,9%, contre 18% auparavant. En clair, la collecte d'impôts apparaît moins significative au regard de la taille réelle de l'économie.

Ce recul souligne l'un des défis structurels du Sénégal, à savoir élargir l'assiette fiscale pour soutenir durablement le financement public, surtout dans un contexte de forte demande sociale et d'investissements lourds.

Un endettement allégé en proportion du PIB

Le taux d'endettement public bénéficie également de l'effet mécanique du rebasage. Il passe de 90,8 à 80% du PIB en 2021. Même si l'encours de la dette reste inchangé, sa charge relative semble moins lourde.

Cette évolution offre un peu plus d'espace à l'action publique mais ne résout pas les enjeux de soutenabilité qui continueront de dominer le débat budgétaire dans les prochaines années.

Un déficit du compte courant extérieur revu à la baisse

Le solde extérieur courant, mesuré en pourcentage du PIB, s'améliore lui aussi, ressortant à moins 10,7% contre moins 12,1% dans l'ancienne base. Le rebasage atténue ainsi la perception du déséquilibre externe, sans en modifier les causes structurelles liées notamment aux importations de biens d'équipement et à la vulnérabilité énergétique.

Le changement d'année de base consiste à recalculer le PIB avec une photographie économique plus récente. Cette mise à jour permet d'intégrer les évolutions sectorielles, l'économie numérique, les transformations industrielles, ainsi qu'une meilleure qualité des données.

Si cette opération n'altère pas les grandeurs réelles de déficit, de dette ou de recettes, elle modifie leur poids relatif dans l'économie, influençant la lecture des décideurs, des bailleurs et des marchés financiers.

La Rédaction

Publié le 26/11/25 19:19

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