UMOA : A quoi s’attendre avec les augmentations des taux directeurs de la BCEAO ?

BRVMC0000000 - BRVMC
La BRVM Ouvre dans 11h22min

Le Comité de politique monétaire, l'organe de la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) chargé d'exécuter la politique monétaire, réuni ce 1er mars 2023, a décidé de relever le niveau actuel de ses taux directeurs de 25 points de base (0,25%). Ainsi, le principal taux directeur auquel la Banque centrale prête des ressources aux banques passe de 2,75% à 3% à partir du 16 mars prochain. De même, le taux d'intérêt sur le guichet de prêt marginal passe de 4,75% à 5%.

Notons qu'il s'agit du niveau plus élevé atteint par ces taux sur la dernière décennie.

Qu'est-ce qu'implique cette augmentation graduelle des taux directeurs depuis la fin de la crise sanitaire ?

Tout d'abord cette 4ème hausse des taux directeurs de la BCEAO depuis le mois de juin 2022 (date correspondant au premier relèvement des taux directeurs depuis la crise sanitaire), participe à la normalisation de la politique monétaire suite au virage trop accommodant adoptée par l'institut d'émission monétaire pour faire face aux conséquences néfastes de la Covid-19. Cette politique accommodante s'étant accompagnée d'une forte inflation (6% en janvier 2023), la Banque centrale s'attèle avec ces nouvelles mesures à la ramener dans son intervalle cible de 1% à 3%, conformément à son objectif qui est de veiller à la stabilité des prix.

Ce niveau actuel de l'inflation constitue donc un cauchemar pour la BCEAO, car il ne permet pas par exemple aux entreprises d'anticiper de façon optimale leurs coûts futurs, d'investir en conséquence et de créer des emplois.

Dans les faits, ce relèvement progressif des taux directeurs va se traduire par un durcissement des conditions d'emprunt à l'effet de maîtriser la quantité de monnaie en circulation dans l'économie, identifiée selon la théorie économique comme une source réelle d'inflation.

Ainsi, le coût du crédit devrait être plus cher pour les banques, les Etats et les ménages qu'avant la pandémie où le taux minimum de soumission aux injections de liquidité et le taux de prêt marginal étaient établis respectivement à 2,50% et 4,50%.

Si cette situation pourrait se traduire par un ralentissement de l'investissement, la Banque centrale estime qu'elle n'aura qu'un effet modérateur sur la croissance économique qui demeure vigoureuse en ressortant à 5,6% fin 2022 et projetée à 6,5% en 2023.

De plus, "la liquidité bancaire reste adéquate et devrait permettre aux banques de poursuivre le financement des économies", estime la Banque centrale.

La Banque centrale note toutefois que certains facteurs de risque pourraient rendre inefficace cette nouvelle orientation de la politique monétaire visant à réduire significativement l'inflation. Il s'agit de la persistance de la hausse des prix des produits énergétiques et alimentaires sur les marchés internationaux qui a tendance à alourdir les factures d'importations des pays de l'Union ; les attaques terroristes dans certains pays de l'Union qui désarticulent les circuits de production ; ainsi que les fluctuations climatiques qui perturbent la production et gênent l'approvisionnement des produits agricoles.

Dr Ange Ponou

Publié le 02/03/23 17:25

SOYEZ LE PREMIER A REAGIR A CET ARTICLE

Pour poster un commentaire, merci de vous identifier.

oRQPr_JfvLwdWm0Lx-RK7mBIwmpnKg8kg-Rw7H-JxeU False