Les États-Unis ont consolidé leur accès aux ressources stratégiques de la République démocratique du Congo (RDC), en parrainant un accord de paix signé le 27 juin à Washington entre Kinshasa et Kigali. Le texte, paraphé par les ministres des Affaires étrangères des deux pays, engage la RDC et le Rwanda à apaiser les tensions dans l'est congolais et à initier un cadre régional d'intégration économique dans un délai de 90 jours. Il s'agit de la première étape d'un dispositif plus large visant à sécuriser les chaînes d'approvisionnement en minerais critiques de la région.
Révélé par Reuters, le contenu de cet accord s'inscrit dans les efforts de l'administration Trump pour stabiliser une zone riche en cobalt, cuivre, lithium, or et tantale – des ressources essentielles pour les industries de haute technologie et les énergies renouvelables. " Les États-Unis obtiennent, dans le cadre de cet accord, beaucoup de droits miniers du Congo ", a déclaré l'ancien président américain Donald Trump lors de la cérémonie officielle, en présence du secrétaire d'État Marco Rubio.
L'accord signé vendredi reprend des engagements issus d'un précédent document négocié en 2024, notamment le retrait sous trois mois des troupes rwandaises stationnées dans l'est du Congo. Ce désengagement sera surveillé via un mécanisme conjoint de coordination sécuritaire, que les deux pays doivent mettre en place dans les 30 jours. En parallèle, la RDC s'est engagée à poursuivre ses opérations militaires contre les FDLR, une milice hutu hostile à Kigali et implantée de longue date en territoire congolais.
Le gouvernement congolais, selon des sources proches du dossier citées par Reuters, a toutefois accepté de renoncer à sa revendication initiale d'un retrait immédiat des forces rwandaises, conditionnant ainsi la tenue de la cérémonie à Washington. Une concession jugée décisive par les négociateurs pour éviter l'impasse.
Outre les volets sécuritaires, le texte ouvre la voie à des accords économiques plus ambitieux. Dans les trois mois, Kinshasa et Kigali devront jeter les bases d'un cadre d'intégration régionale " destiné à étendre le commerce et l'investissement étrangers issus des chaînes d'approvisionnement en minerais critiques ", selon les termes du document consulté par Reuters. Une source impliquée dans les discussions a précisé qu'un second accord portant sur ce cadre sera signé ultérieurement à la Maison Blanche, en présence des présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame, attendus à Washington dans les semaines à venir.
L'administration Trump considère ce partenariat comme une pièce centrale de sa stratégie d'approvisionnement en minerais critiques, face à la montée en puissance de la Chine dans ce secteur. Massad Boulos, principal conseiller de Trump pour l'Afrique, a indiqué à Reuters dès mai dernier que les volets sécuritaire et économique devaient être liés et activés simultanément.
Le Rwanda est accusé par Kinshasa, l'ONU et plusieurs chancelleries occidentales d'appuyer militairement la rébellion du M23, à l'origine de l'offensive éclair de cette année ayant abouti à la prise de plusieurs villes et zones minières dans l'est de la RDC. Kigali nie toute implication directe, évoquant une réponse défensive contre les FDLR. D'après les estimations de diplomates et analystes cités par Reuters, au moins 7 000 soldats rwandais auraient été déployés clandestinement dans les provinces congolaises.
L'accord signé vendredi exprime également un soutien explicite au processus de médiation mené parallèlement à Doha, entre le gouvernement congolais et les représentants du M23. La progression de ces pourparlers est considérée comme un préalable à la conclusion définitive du volet économique du partenariat États-Unis–RDC–Rwanda.
À l'université Simon Fraser au Canada, le politologue Jason Stearns, cité par Reuters, considère cet accord comme une tentative sérieuse de stabilisation, bien que des initiatives similaires aient échoué par le passé. Le rôle actif des États-Unis est perçu comme un facteur déterminant de la crédibilité de l'ensemble.
Du côté congolais, certains analystes estiment que l'équation économique a fini par primer sur les revendications sécuritaires immédiates. " Sécuriser l'est, c'est aussi sécuriser les investissements ", analyse Trésor Kibangula, chercheur à l'institut Ebuteli.
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 29/06/25 12:31
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