A l’AFIS, l’Afrique veut voir son industrie financière passer à l’échelle

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 L'édition 2024 de l'Africa Financial Summit (AFIS), qui se tient les 9 et 10 décembre à Casablanca, au Maroc, s'ouvre sur une vision audacieuse : celle d'une industrie financière locale qui joue le rôle de véritable catalyseur du continent.

Nous sommes en 2029. Une grande banque panafricaine de premier plan prend le contrôle d'un important acteur bancaire en Europe et y réussit grâce à son savoir-faire, au point où un journaliste, dans son reportage, s'enthousiasme de voir l'Afrique " révolutionner " le secteur bancaire sur le Vieux Continent. En Éthiopie, c'est toute la population qui a accès au système financier, entraînant de profondes mutations positives dans l'économie, comme on peut l'imaginer. De grands changements prennent forme sur un continent qui " a tout pour réussir ", grâce à son industrie financière qui rivalise à armes égales avec celles des autres continents.

Cette télé fiction, présentée à l'ouverture de l'AFIS (Africa Financial Summit) qui se tient les 9 et 10 décembre 2024 à Casablanca, au Maroc, traduit bien la vision d'un secteur remarquable par son dynamisme. Ce secteur a démontré sa capacité de résilience au cours des dernières crises et ambitionne de guider l'ensemble du continent sur de nouveaux sentiers de croissance et de prospérité. " Une nouvelle ère : Le temps des puissances financières africaines est venu " ! Le thème de cette édition 2024 de l'AFIS, initié par le Groupe Jeune Afrique, est révélateur de cette  volonté de faire passer cette industrie africaine à un niveau supérieur.

" (…) Nous sommes en recherche de modèles aspirationnels pour construire notre souveraineté ", a fait valoir Amir Ben Yahmed, président de l'AFIS, mettant en lumière l'exemple du Maroc, " devenu, en moins de 20 ans, l'un des piliers majeurs de la finance africaine ". Il a notamment salué ses grands groupes bancaires, qui ont réussi à s'implanter et se développer en Afrique subsaharienne, et  la place financière de Casablanca  devenue en 10 ans une référence dans la région. Une approche " panafricaine " qui a inspiré l'AFIS et repose sur un triptyque : souveraineté économique, industrie financière forte et dynamique panafricaine. " L'Afrique doit conquérir sa souveraineté économique pour garantir sa place dans un monde multipolaire ", a exhorté Amir Ben Yahmed. Secundo, il appelle à renforcer son industrie financière, " la plus importante pour sa croissance (…) et qui assure le financement du secteur privé, des grands projets d'infrastructures ". Tertio, il invite à promouvoir " une vision panafricaine de l'industrie ", celle " d'une véritable Afrique des services financiers qui devra être élaborée ensemble, avec de l'ambition et la volonté ferme d'abolir une grande partie des frontières financières ".

La vision ainsi déclinée de l'AFIS, qui voudrait à terme faire de la fiction de 2029 une réalité concrète à échéance, reste toutefois marquée par de grands défis, réglementaires ou encore d'ordre " psychologique ", que ces assises de la finance africaine se proposent d'adresser en favorisant un lieu d'échanges entre décideurs, gouvernements, acteurs privés, régulateurs et banques centrales du continent.

Mais, dans les faits, au-delà d'un simple rêve, les prémices de cette vision sont déjà en œuvre. Amir Ben Yahmed a rappelé qu'Access Bank a acquis il y a quelques mois le groupe Afrasia en Afrique de l'Est ainsi que cinq filiales de Standard Chartered. De son côté, le groupe Coris, dirigé par Idrissa Nassa, poursuit son expansion en intégrant la zone CEMAC avec l'acquisition de la filiale tchadienne de Société Générale. Il s'agit là de " l'incarnation parfaite de cette Afrique des services financiers que nous souhaitons voir se développer ", s'est-il félicité.

" Être du côté des confiants "

Ce n'est donc pas un leurre que d'entrevoir de belles perspectives pour l'industrie financière africaine, qui se consolide et prend le relais des groupes occidentaux quittant la région, apportant leur contribution à la grande problématique du financement des économies africaines. Certes, comme l'a relevé Sergio Pimenta, vice-président Afrique de l'IFC, la valeur totale des opérations de capital-investissement en Afrique est tombée à son niveau le plus bas depuis plus de cinq ans, à 5,9 milliards de dollars en 2023. Cependant, a-t-il ajouté, " l'investissement privé reste très robuste " et des opportunités sont offertes par le processus d'intégration régionale, invitant les participants à être du " côté des confiants " plutôt que celui des " alarmistes ". Un optimisme que l'IFC partage, avec 3,2 milliards de dollars de financements à long terme engagés dans le secteur financier en Afrique, dont 1,9 milliard en fonds propres et un peu plus de 1,2 milliard en mobilisation.

" Comme l'indique le thème de l'AFIS de cette année, le moment est venu de pleinement mobiliser l'industrie financière africaine. Cela nécessitera l'engagement total de toutes les parties prenantes : décideurs politiques, régulateurs, fonds publics, banques commerciales, fintechs, institutions de microfinance, assureurs, capital-risqueurs et bourses. Vous tous présents ici ", a-t-il invité.

Selon les organisateurs, cette 4ᵉ édition de l'AFIS réunit un peu plus de 1 000 participants, dont 200 leaders politiques et décideurs du secteur privé africain. Elle sera animée par une trentaine de panels de haut niveau, débats et tables rondes autour de la thématique centrale.

Envoyé Spécial à Casablanca, 

Jean Mermoz Konandi

Publié le 09/12/24 14:28

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