Afrique subsaharienne : La croissance économique devrait s’accélérer à 4,2% en 2025

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Alors que l'économie mondiale poursuit sa lente reprise post-chocs multiples — inflation, crises géopolitiques, fragmentation commerciale — l'Afrique subsaharienne s'inscrit dans une dynamique de redressement fragile mais prometteuse. Selon la dernière mise à jour des Perspectives de l'économie mondiale du Fonds monétaire international (FMI) d'avril 2025, la région devrait afficher une croissance de 4,2% en 2025, contre 3,8% en 2024, consolidant ainsi un retour progressif à la trajectoire d'avant-pandémie.

Cette estimation demeure conforme aux projections publiées dans les Perspectives de l'économie mondiale d'octobre 2024, mais elle révèle un léger ralentissement, avec une prévision de croissance pour l'Afrique subsaharienne abaissée de 0,2 point de pourcentage à 4,2% en 2026 par rapport aux anticipations formulées à cette même date.

Un rebond qui demande confirmation

Avec ce niveau projeté de la production en 2025, la région s'approche de ses performances d'avant la crise de Covid-19. Des géants comme le Nigéria (+3,2%) et l'Afrique du Sud (+1,5%) contribuent à cette embellie, même si ces embellies restent insuffisantes pour absorber la croissance démographique et réduire significativement la pauvreté.

En 2023, la croissance s'élevait à 3,6%, freinée par l'inflation, les chocs climatiques et les tensions sécuritaires. Le léger redressement attendu est donc bienvenu, mais encore trop timide pour relancer une convergence économique durable avec le reste du monde.

Inflation, dette, climat : les trois freins persistants

L'Afrique subsaharienne fait face à trois freins persistants qui entravent son redressement économique : l'inflation, la dette et le climat.

Malgré une décélération attendue de l'inflation à 5,6% en 2025 dans les pays émergents et en développement, contre 7,8% en 2024, la région demeure exposée aux flambées des prix alimentaires et énergétiques, du fait de sa forte dépendance aux importations.

Parallèlement, le resserrement monétaire à l'échelle mondiale alourdit la charge de la dette extérieure ; le renforcement du dollar accroît le coût du service de la dette, comprimant ainsi les marges budgétaires nécessaires aux investissements dans les infrastructures et l'éducation.

Enfin, les aléas climatiques ont fragilisé les récoltes agricoles, provoquant une hausse des prix des denrées de base. Cette vulnérabilité structurelle souligne l'urgence d'intégrer pleinement la résilience climatique dans les stratégies économiques nationales.

Des risques à surveiller de près

Le FMI prévient : le solde des risques penche du côté défavorable. Les perturbations potentielles du commerce mondial, les incertitudes sur les politiques publiques dans les grandes économies, et une éventuelle résurgence de l'inflation pourraient freiner l'élan africain.

En outre, les tensions géopolitiques (au Moyen-Orient, en Ukraine) pourraient faire bondir les prix du pétrole et du gaz. Or, si cela bénéficie à quelques exportateurs comme le Nigéria ou l'Angola, la majorité des pays africains — importateurs nets — en subirait les conséquences économiques et sociales.

Conditions et leviers vers un nouvel élan

Pour que le frémissement de croissance observé en Afrique subsaharienne se transforme en véritable moteur de développement, plusieurs impératifs doivent être remplis avec rigueur et vision.

La stabilité macroéconomique est essentielle : maîtriser l'inflation et maintenir une dette soutenable sont les conditions minimales pour préserver la confiance des investisseurs et des partenaires internationaux.

Par ailleurs, les investissements publics doivent être mieux ciblés, en privilégiant les infrastructures de transport, d'énergie et de connectivité numérique, véritables leviers de transformation économique, à condition qu'ils soient stratégiques, transparents et résilients.

À cela s'ajoute la nécessité urgente de réformes structurelles profondes. Comme le souligne le FMI, il faut accroître l'offre de main-d'œuvre, optimiser l'allocation des ressources et renforcer la concurrence. Cela implique, pour les pays africains, des avancées concrètes dans les domaines de l'éducation, de la gouvernance et du climat des affaires.

Enfin, la coopération internationale doit être revitalisée. Dans un contexte de tensions commerciales et de fragmentation accrue, l'Afrique a plus que jamais besoin d'un cadre multilatéral stable, équitable et prévisible, où sa voix compte pleinement dans les grandes négociations économiques mondiales.

Une croissance mondiale stable, mais morose

Globalement, le FMI projette une croissance mondiale de 3,3% en 2025 et 2026, en deçà de sa moyenne historique de 3,7% (2000–2019). La vigueur inattendue de l'économie américaine (+2,7%) masque en réalité une morosité persistante en Europe (1% pour la zone euro) et en Chine (4,6%), freinée par la crise immobilière et la faiblesse de la consommation. Dans ce climat incertain, marqué par des tensions géopolitiques et commerciales croissantes, l'Afrique subsaharienne représente une source modeste mais stable de dynamisme.

Dr Ange Ponou

Publié le 22/04/25 09:02

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