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La Côte d'Ivoire doit à nouveau se retrousser les manches pour faire face à un autre bras-de-fer cette fois avec les multinationales du cacao actives sur son territoire. Au centre de ce regain de tension, un stock de 100 000 tonnes de fèves collectées par des sociétés locales que les multinationales, qui disposent de contrats sur le marché international, se refusent d'acheter à moins d'obtenir d'importants rabais.
L'affaire est dévoilée par Reuters. Le pays, confronté ces derniers mois à des difficultés de vente de sa production sur un marché mondial du cacao frileux et à des multinationales qui ne se pressent pas d'acheter la récolte des paysans, avait autorisé les négociants locaux à prendre le relais et à acquérir ces stocks à l'effet d'aider ces derniers (paysans) à écouler une production dont ils tirent le principal de leur revenu. Le scénario prévoyait que les négociants locaux puissent par la suite céder ces stocks aux multinationales.
Ces dernières qui avaient entre temps obtenu du CCC une baisse (une décote) de 200 à 250 £ (livres sterling) du prix d'achat de la tonne de fèves (face à la chute des cours mondiaux) pour le reste de la campagne principale et la campagne intermédiaire qui s'ouvre en avril, font désormais la fine bouche. Elles exigent des rabais supplémentaires sur ce stock de 100 000 tonnes de fèves en question avant de consentir à les racheter.
" Aucune multinationale ne souhaite reprendre ces stocks, si le différentiel n'est pas attractif. Disons entre -£350 et -£400 par tonne pour ces volumes " a confié au confrère le patron d'une de ces multinationales qui argue de disposer des stocks en propre à écouler sur le marché international.
Pour les négociants locaux, il s'agit ni plus ni moins pour les filiales des géants mondiaux du cacao de profiter du contexte actuel pour se faire rembourser indirectement le DRD, le différentiel de revenu décent, de 400$ appliqués sur la tonne de fèves et mis en œuvre depuis le 1er octobre par la Côte d'Ivoire et le Ghana. Une version soutenue par des sources interrogées par Reuters qui évoquent même le terme de ‘'chantage''.
Pour les négociants ivoiriens du cacao regroupés au sein du GNI et qui ne parviennent généralement pas à décrocher des contrats d'achat sur le marché international (les géants mondiaux préférant s'adresser aux multinationales installées localement pour leur approvisionnement), il faut une réforme du secteur. Une évolution qui devrait pouvoir notamment imposer aux multinationales d'acheter 20% de leurs commandes (contrat) auprès des acteurs locaux.
" (…) nous réfléchissons à trouver une solution pour aider les locaux à avoir une plus grande part aux exportations mais dans l'immédiat, nous travaillons à vendre ces 100 000 tonnes en concédant le moins de différentiel possible ", a confié une source du CCC au confrère.
La Côte d'Ivoire se retrouve dans une situation particulièrement inconfortable entre d'une part une production à écouler et dont le stockage à un coût pour des opérateurs locaux qui ont eu recours à des crédits bancaires pour se financer, et des multinationales qui manœuvres pour tirer parti du contexte d'un marché mondial en berne.
En janvier dernier, Reuters avait indiqué que le gouvernement ivoirien entrevoyait revoir à la baisse le prix d'achat de fèves de 25% à l'ouverture de la campagne intermédiaire qui s'ouvre le 1er avril prochain.
Jean Mermoz Konandi
Publié le 23/02/21 19:32
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