Selon une annexe au projet de loi de finances 2026 consacrée à l'évolution des grands projets d'investissement, l'État camerounais devra mobiliser une enveloppe budgétaire de 33 milliards FCFA (58,9 millions USD)à partir de 2026 afin de régler les loyers dus au partenaire privé ayant participé au financement de l'autoroute Kribi-Lolabé. Cette somme résulte à la fois d'arriérés accumulés depuis le démarrage de l'exploitation et des loyers contractuels à verser au titre de l'exercice budgétaire 2026.
D'après ce document officiel, consulté dans le cadre de la préparation budgétaire, le contrat de partenariat public-privé (PPP) prévoit le versement de loyers d'un montant global de 270 milliards de FCFA sur une période de 30 ans au profit du partenaire privé, China Harbour Engineering Company (CHEC). Depuis l'entrée en exploitation de l'infrastructure, l'État n'a toutefois réglé que 2 milliards de FCFA sur les 20 milliards de loyers exigibles à ce stade, laissant apparaître des arriérés de 18 milliards de FCFA. Ces arriérés ne disposent d'aucune couverture budgétaire sur l'exercice 2025, selon la même source.
À cette dette s'ajoutent les loyers contractuels dus pour l'année 2026, évalués à 15 milliards de FCFA. En cumulant les montants impayés et les échéances à venir, le besoin budgétaire lié à l'exploitation de l'autoroute Kribi-Lolabé est ainsi estimé à 33 milliards de FCFA dès 2026.Dans l'annexe budgétaire, il est précisé que le ministère des Travaux publics (MINTP) s'est engagé à prendre en charge une partie de ce besoin dans le cadre de la préparation de son budget pour l'exercice concerné.
Ces tensions financières s'inscrivent dans un contexte plus large de déséquilibre structurel du PPP. Une rencontre récente entre les parties, a permis d'analyser les causes de l'écart persistant entre les recettes de péage et les charges d'exploitation de l'infrastructure.
Selon cette analyse officielle, le trafic enregistré reste en deçà des projections initiales en raison de la lente occupation de la zone industrielle attenante au Port autonome de Kribi, du retard important dans l'achèvement de la phase 2 du port, de l'absence des entreprises minières initialement attendues, d'une connectivité encore limitée, du non-démarrage de certains axes routiers structurants et, surtout, de la faible production d'électricité, considérée comme un facteur déterminant pour l'attractivité industrielle de la zone.
Face à cette situation, le MINTP a recommandé la transmission formelle du montant à allouer aux charges d'exploitation, identifiées comme un point critique du montage financier. Le ministère a également évoqué la possibilité de faire évoluer le cadre contractuel, notamment par une mutation du PPP vers un contrat de marché public, afin de mieux maîtriser les engagements financiers de l'État.
Pour mémoire, le contrat de partenariat public-privé relatif à l'autoroute Kribi-Lolabé a été signé le 30 décembre 2020 par le gouvernement camerounais, représenté par le ministre des Finances et le ministre des Travaux publics, avec l'entreprise chinoise China Harbour Engineering Company. Le contrat porte sur le financement partiel, la conception, l'exploitation et la maintenance de l'autoroute longue de 38,5 kilomètres, ainsi que de ses voies de raccordement totalisant 4,94 kilomètres, pour une durée contractuelle de 30 ans.
Dans ce schéma, CHEC, également constructeur de l'ouvrage dans le cadre d'un contrat d'ingénierie, d'approvisionnement et de construction (EPC), est rémunérée sous forme de loyers, calculés sur la base des recettes de péage collectées pour le compte de l'État camerounais, lequel conserve la prérogative de fixation des tarifs. Le financement des travaux de construction repose sur un prêt d'un montant de 226,95 milliards de FCFA, complété par un préfinancement privé de 66,61 milliards de FCFA, charges financières incluses.
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 19/12/25 13:39


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