Cameroun : Après Wave et Flutterwave, la fintech sénégalaise Caury Money pénètre le marché

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Le 8 juillet 2025, la fintech sénégalaise Caury Money, déjà implantée à Paris et à Dakar, a annoncé le lancement officiel de son service Gajo Money au Cameroun. Cette solution est spécifiquement pensée pour la diaspora camerounaise installée en Europe, avec pour ambition de faciliter les transferts de fonds et l'accès à des services financiers de base depuis l'étranger.

Pour mener à bien cette implantation, Caury Money s'est alliée à Bourse de la Financière (BFI S.A.), un établissement de crédit local agréé par la Commission bancaire de l'Afrique centrale (COBAC). Un partenariat stratégique qui permet à la fintech de s'adosser à une institution disposant de l'autorisation d'opérer dans l'environnement financier réglementé de la CEMAC, où la Banque des États de l'Afrique centrale (BEAC) veille à la conformité des acteurs.

L'arrivée de Caury Money intervient dans un contexte d'accélération des investissements dans les technologies financières au Cameroun. En juin dernier, Wave, soutenue par la Commercial Bank Cameroun (CBC), a reçu le feu vert de la COBAC pour lancer ses services de paiement. Quelques semaines plus tard, Flutterwave, licorne nigériane présente dans 34 pays africains, a obtenu une licence d'établissement de paiement de la BEAC, en partenariat avec Ecobank.

Cette ruée vers le marché Camerounais, s'explique certainement par le fait que le pays fait figure de locomotive régionale. En 2022, selon la BEAC, le pays a concentré 71 % du volume des transactions mobile money dans la CEMAC, représentant près de 1,7 milliard d'opérations pour une valeur de 59 003 milliards FCFA (environ 96 milliards USD). L'écosystème compte aujourd'hui plus de 24 millions de comptes actifs et 190 000 points de service, preuve de la profondeur du marché.

La fintech sénégalaise compte bien tirer profit de ce potentiel. Son objectif est d'atteindre un volume annuel de transactions de 120 millions d'euros (140,5 millions USD) d'ici fin 2025, principalement à travers les envois de fonds de la diaspora. D'après la Banque mondiale, ces flux ont dépassé 603 millions USD pour le seul Cameroun en 2024. Caury espère capter une part significative de ce gisement encore sous-exploité par les services bancaires classiques.

Fondée en 2021 par Jean Charles Mendy et Lamine Tall, Caury Money s'est donnée pour mission de construire une passerelle financière entre les diasporas africaines et leurs pays d'origine. Le lancement de Gajo Money illustre cette vision, en misant sur une interface numérique simple, interopérable et adaptée aux non-bancarisés.

Pour réussir sa percée en Afrique centrale, l'entreprise mise aussi sur un modèle de croissance participatif. Elle vient de lancer le programme CICM-600 (Club des investisseurs de Caury Money), qui vise à mobiliser 600 investisseurs africains d'ici fin 2025 — entrepreneurs, cadres, jeunes professionnels — appelés à contribuer au développement de la plateforme via leurs compétences, réseaux ou capitaux.

Comme tous les nouveaux venus dans l'univers très surveillé de la CEMAC, Caury Money doit se plier aux exigences strictes de la BEAC et de la COBAC. Cela inclut la lutte contre le blanchiment, la protection des données personnelles et l'interopérabilité avec les systèmes de paiement régionaux, condition sine qua non pour opérer à l'échelle du marché.

Pour l'heure, la stratégie de la fintech repose sur un déploiement ciblé. Après le Sénégal et le Cameroun, d'autres marchés d'Afrique francophone sont envisagés. La force de ce modèle réside dans l'alliance entre une connaissance fine des usages de la diaspora, une interface numérique optimisée, et des partenariats locaux solides pour contourner les obstacles réglementaires.

Perton Biyiha

La Rédaction

Publié le 11/07/25 17:31

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