En 2024, le Cameroun a, de manière significative, franchi le seuil critique fixé par la Communauté économique et monétaire de l'Afrique Centrale (Cemac) en matière de discipline budgétaire. Selon le Rapport sur l'exécution du budget du Cameroun en 2024 publié par la Chambre des Comptes de la Cour Suprême le 19 novembre 2025, les dépenses de personnel de l'État ont représenté 38,41% des recettes fiscales, dépassant ainsi le plafond de 35% édicté par la CEMAC. Cet indicateur, pilier de la surveillance multilatérale dans la sous-région, n'a pas été respectée en 2022, mais a connu une amélioration en 2023.
Pour l'exercice 2022, les dépenses de personnel s'élevaient à 1 282,54 milliards FCFA, face à des recettes fiscales de 3 452,44 milliards FCFA, établissant un ratio de 37,14%. En 2023, une amélioration a été observée avec des dépenses de personnel à 1 368,8 milliards FCFA et des recettes fiscales en hausse à 3 975,9 milliards FCFA, le ratio était redescendu à 34,42%, sous la barre des 35%. Mais en 2024, la tendance s'est inversée. Les dépenses de personnel ont grimpé à 1 523,0 milliards FCFA, tandis que les recettes fiscales ont légèrement reculé à 3 965,0 milliards FCFA. Le ratio a ainsi bondi à 38,41%, dépassant nettement le critère de convergence.
Face à ce constat, le gouvernement camerounais a reconnu l'infraction aux règles communautaires. Le Ministre des Finances, Louis Paul Motaze a défendu la position du pays en invoquant des "circonstances exceptionnelles". A en croire le membre du gouvernement, la source de cette dérive budgétaire est "le règlement de la dette salariale liée à la grève des enseignants du mouvement " On a Trop Supporté " (OTS)". Ce contentieux social a ainsi pesé lourdement sur les finances publiques en 2024.
Cependant, les autorités camerounaises se veulent rassurantes quant à l'avenir. Le Ministre a annoncé qu' "un retour à la normale est toutefois prévu pour 2026". Cette perspective est toutefois tempérée "les travaux de régularisation de cette dette devant se poursuivre jusqu'en 2025, période pendant laquelle l'indicateur ne pourra être respecté." Cette déclaration officialise ainsi la prévision d'un non-respect prolongé de l'engagement régional pour au moins une autre année.
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 21/11/25 11:58


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