Cameroun : La compagnie d’électricité sollicite une évaluation de ses investissements avant sa nationalisation

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Le processus de nationalisation d'Eneo, principal opérateur du secteur électrique au Cameroun suit son cours. Alors que l'État camerounais poursuit les négociations pour racheter les 51 % de parts détenues par le fonds d'investissement britannique Actis, l'entreprise a engagé une procédure auprès de la Chambre de Commerce Internationale (CCI) de Paris. A en croire l'énergéticien, cette démarche ne relève ni d'un contentieux judiciaire ni d'une tentative de blocage de la cession d'Actis, mais d'une expertise technique visant à valider une partie des investissements réalisés entre 2014 et 2024 et encore en attente d'agrément par l'Agence de régulation du secteur de l'électricité (Arsel).

Conformément au contrat de concession liant Eneo à l'État, cette expertise internationale doit permettre d'obtenir une évaluation indépendante des investissements concernés. “Il ne s'agit pas d'un litige opposant Actis au gouvernement, mais d'un processus prévu contractuellement pour résoudre les désaccords sur la validation des investissements sans recourir à un arbitrage judiciaire”, a expliqué Amine Homman Ludiye, le directeur général lors d'une rencontre avec la presse le 7 mars 2025. Cette initiative vise à sécuriser la reconnaissance officielle de ces investissements et à clarifier leur valeur dans le cadre des négociations en cours sur la reprise du contrôle par l'État camerounais.

Parallèlement, un audit des infrastructures d'Eneo est en cours, notamment dans les régions du Centre et du Littoral, afin d'évaluer l'état du réseau, d'établir une cartographie précise des équipements et de déterminer leur valeur comptable. Cette opération est essentielle pour garantir une transition maîtrisée et éviter d'éventuels litiges post-cession.

Depuis qu'Actis a pris le contrôle d'Eneo en 2014 en rachetant les actifs d'AES-Sonel, l'entreprise affirme avoir investi près de 400 milliards FCFA dans la modernisation du réseau électrique. Ces efforts ont permis d'augmenter la longueur totale des lignes de distribution à 19 000 km en 2024, soit une progression de 80 % en dix ans. Le taux d'accès à l'électricité est ainsi passé de 56 % en 2014 à 75 % en 2024, selon son directeur général, Amine Homman Ludiye.

L'entreprise met également en avant son rôle économique avec la création de 3 600 emplois directs, le recrutement de 1 957 jeunes et l'engagement de 1 400 milliards FCFA auprès de 750 entreprises locales. Sur le plan fiscal, elle revendique avoir versé 700 milliards FCFA en impôts et taxes à l'État depuis 2014.

Toutefois, malgré ces avancées, la situation financière d'Eneo reste marquée par d'importantes créances et dettes. En décembre 2024, le ministre de l'Eau et de l'Énergie, Gaston Eloundou Essomba, a révélé devant l'Assemblée nationale que l'entreprise affichait une dette de 489 milliards de FCFA, tandis que l'État lui devait 120 milliards FCFA.

Alors que l'opération de rachat des parts d'Actis se précise, ces différents éléments joueront un rôle clé dans la finalisation de la nationalisation d'Eneo. L'expertise en cours auprès de la CCI de Paris et l'audit des actifs permettront d'apporter des garanties supplémentaires avant la conclusion de cette transition stratégique pour le secteur énergétique camerounais.

Perton Biyiha

La Rédaction

Publié le 11/03/25 08:32

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