Cameroun : Le port de Douala renforce ses liens avec le Tchad pour contrer la concurrence

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 Le Port autonome de Douala (PAD) et le Conseil des chargeurs du Tchad (COC-Tchad) ont signé ce 28 avril 2025 un protocole d'accord visant à renforcer durablement leurs relations commerciales. Par cet engagement d'une durée de quatre ans renouvelables, les deux partenaires entendent consolider le rôle de Douala comme principale porte d'entrée maritime pour les marchandises tchadiennes.

Dans le détail, le protocole prévoit plusieurs mesures concrètes, notamment la simplification des procédures portuaires, la réduction des délais de transit, l'application de tarifs préférentiels pour les cargaisons tchadiennes, ainsi que la création de couloirs et de guichets dédiés. Le PAD s'engage également à aménager une zone logistique spécifique pour le Tchad au sein du port, tout en intensifiant ses actions de formation et de sensibilisation auprès des opérateurs économiques tchadiens grâce à sa représentation permanente à N'Djamena.

En retour, le COC-Tchad s'engage à promouvoir activement le Port de Douala auprès des chargeurs et transporteurs tchadiens, encourageant ainsi une utilisation accrue de ses services. Un comité conjoint, coprésidé par les directeurs généraux des deux institutions, veillera à la mise en œuvre effective de l'accord et à son adaptation en fonction des besoins et défis identifiés.

Une réponse aux ambitions de la Guinée Équatoriale

Cette initiative du PAD intervient dans un contexte de compétition accrue pour capter le trafic des pays enclavés d'Afrique centrale. En 2024, le Tchad a en effet signé un accord similaire avec la Guinée équatoriale, lui ouvrant un accès direct au port de Bata, géré par la nouvelle société mixte Alport Guinea Ecuatorial Sociedad Anónima, créée entre l'État équato-guinéen et le groupe turc Albayrak.

Pour le Port de Douala, qui assurait historiquement la quasi-totalité du transit tchadien, cette diversification représente une menace économique sérieuse. Selon des estimations d'experts, une redirection significative des flux vers les ports équato-guinéens pourrait coûter jusqu'à 340 milliards de FCFA par an au Cameroun en pertes de recettes douanières et d'activités logistiques. En signant rapidement ce protocole avec le COC-Tchad, Douala affiche clairement sa volonté de fidéliser un client séculaire et d'affirmer sa capacité à rester compétitif dans un environnement régional en pleine mutation.

Si le Tchad, et dans une moindre mesure la République centrafricaine, cherchent aujourd'hui à diversifier leurs partenaires portuaires, c'est aussi en réaction aux difficultés rencontrées sur les corridors camerounais. Les routes reliant Douala à N'Djamena et Bangui, vitales pour les échanges régionaux, sont confrontées à des tracasseries administratives massives. Selon l'Observatoire des Pratiques Anormales financé par l'Union européenne, pas moins de 57 postes de contrôle irréguliers jalonnent le corridor Douala-N'Djamena, soit un tous les 18 kilomètres en moyenne sur le territoire camerounais, contre un seul au Tchad.

Cette situation entraîne des coûts supplémentaires considérables pour les transporteurs, estimés à 225 000 FCFA par voyage aller-retour, alimentant un réseau de paiements illicites évalué à 175 milliards de FCFA par an rien que sur cet axe. Face à ces entraves, la perspective d'accéder à la mer via les ports équato-guinéens, désormais modernisés, plus compétitifs et moins exposés aux lourdeurs administratives, devient naturellement attrayante pour les opérateurs économiques du Tchad et de la Centrafrique.

Perton Biyiha

La Rédaction

Publié le 28/04/25 11:35

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