CEMAC : Selon le FMI, l’exposition des banques sur les emprunts des États est ''excessive''

BRVMC0000000 - BRVMC
La BRVM Ouvre dans 0h3min

C'est l'une des principales observations faite par l'équipe du Fonds Monétaire International (FMI) au terme d'une visite de travail qui s'est tenue du 2 au 16 mai dernier à Douala, Yaoundé et Libreville. Dans son rapport paru le 13 novembre dernier, l'institution financière multilatérale juge “excessive” l'exposition (prêts et titres) des banques de la CEMAC (Cameroun, Gabon, Guinée Équatoriale, Congo, RCA, Tchad). Traduction : la part des États dans le portefeuille de prêts des banques commerciales en activité dans la région a atteint un niveau critique. Cette part est passée d'une moyenne de 20% du total actif des banques à fin 2015 à 30% en 2022 avec plusieurs établissements de crédit qui sont au-delà de 50%.

Cette corrélation banque-États a été tirée par le marché des titres publics lancé en 2011 par la Banque centrale. L'encours des dettes émises sur ce marché, prioritairement réservé aux Etats, est passé de 1 011 milliards en 2018 à plus de 6 000 milliards à fin septembre 2023 (9,14 milliard d'euros), dont 76% est détenu par les banques. Un bond soutenu par l'accroissement des émissions obligataires pour financer les dépenses liées à la pandémie du Covid-19 et la titrisation des arriérés de la dette intérieure des États.

Dans ce contexte, les banques ont accru les investissements sur les titres bons du Trésor assimilables (BTA) et les obligations du Trésor assimilables (OTA) perçues comme moins risquées et très rentables. La croissance de ce marché a également, selon le Fonds, été soutenue par une proportion croissante des titres souverains qui bénéficient d'une pondération de risque nulle, ainsi que le non-respect par certaines banques des limites de concentration des titres publics. Dans cette région, les banques ont l'obligation de céder annuellement au minimum 30% de leurs souscriptions des valeurs du trésor, une exigence qui peine à être appliquée par ces dernières.

Menace importante

Selon le FMI, cette situation représente une “menace importante” pour la stabilité du système financier de la CEMAC car l'économie de la plupart des pays de ces régions est fortement adossée au pétrole dont les coûts varient énormément.

“En l'absence d'un dispositif de protection financière solide et de réserves suffisantes, les banques disposent d'une capacité limitée pour absorber les chocs liés aux prix des produits de base”, alerte le Fonds avant de préciser : “Toute diminution des recettes tirées des produits de base impactera immédiatement la situation budgétaire de l'État et les bilans bancaires”. Bien plus, la capacité des banques à soutenir les levées de fonds des pays de la région pourrait se buter aux contraintes prudentielles visant à préserver le secteur bancaire. Ce qui signifie qu'il sera difficile pour les États de mobiliser la totalité des financements sur ce marché.

Afin de mitiger ces risques, le FMI recommande à la COBAC, le gendarme du secteur bancaire, d'appliquer progressivement les limites de concentration, de pousser les banques à mettre en œuvre une gestion prudente des risques en interne et de s'éloigner “de manière plus systématique” de la pondération de risque zéro sur les expositions souveraines. Conformément au règlement R-2010/01 de la COBAC, et sauf si les créances des banques à l'égard des États membres sont garanties par des comptes séquestres, la pondération de risque se situe entre 0 % et 100 % selon le respect par les États membres des critères de convergence à savoir : l'accumulation d'arriérés (65 %), un solde budgétaire négatif (20 %), un stock de dette supérieure à 70 % du PIB (10 %) et un taux d'inflation supérieur à 3 % (5 %).

Cédrick Jiongo 

La Rédaction

Publié le 21/11/23 10:01

SOYEZ LE PREMIER A REAGIR A CET ARTICLE

Pour poster un commentaire, merci de vous identifier.

nIeScXS4PVfU-2vipM1TNuYbOuYwR4p2c_A4oFBQvII False