Centrafrique : Pékin alerte sur des pratiques esclavagistes dans les mines et prévient ses citoyens

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L'ambassade de Chine en République centrafricaine (RCA) a lancé une mise en garde inhabituelle et particulièrement ferme à l'attention de ses ressortissants engagés dans la ruée vers l'or dans ce pays d'Afrique centrale . Dans un communiqué relayé jeudi 20 novembre 2025 par Reuters, Pékin prévient que certains travailleurs chinois risquent de devenir de véritables " esclaves miniers ", en raison d'abus, d'extorsions et de violences exercées par des groupes armés et parfois même par leurs partenaires commerciaux locaux.

Selon Reuters, l'ambassade rapporte avoir reçu des signalements de ressortissants chinois à qui l'on a confisqué leurs documents, " les transformant ainsi en “esclaves miniers” ". Ces alertes surviennent alors qu'un nombre croissant de Chinois quittent un marché du travail national saturé pour tenter leur chance en Afrique subsaharienne, où la flambée du prix de l'or attise les convoitises. Pékin relève notamment que la forte demande intérieure, dopée par des achats stratégiques soutenus par l'État, alimente cette ruée vers les zones aurifères les plus instables.

Les risques auxquels sont confrontés ces travailleurs sont nombreux. Toujours selon Reuters, l'ambassade précise que " des ressortissants chinois ont été tués ou kidnappés par des groupes armés, voire par leurs supposés partenaires commerciaux, tandis que d'autres ont été escroqués de sommes importantes et expulsés pour avoir illégalement pratiqué l'orpaillage ".

Dans un contexte d'activités miliciennes persistantes et d'affrontements entre factions, certains travailleurs auraient également été " pris en embuscade", rapporte encore Reuters. D'autres sont morts de maladies telles que le paludisme, particulièrement répandu dans les zones minières reculées.

Le communiqué évoque également des décès jugés suspects : " Certains ont connu une fin violente dans des accidents mis en scène comme des “accidents de voiture” ou des “pendaisons” suite à des différends avec d'autres actionnaires ", avertit l'ambassade, citée par Reuters.

L'intérêt croissant de travailleurs chinois pour la RCA s'inscrit dans une dynamique plus large observée dans plusieurs pays d'Afrique subsaharienne. En dehors de Bangui, les régions aurifères sont devenues des foyers d'orpaillage illégal, un phénomène qui touche aussi la RD Congo, le Ghana et le Mali, facilités par une " réglementation laxiste et une faible application de la loi ", rappelle Reuters.

À ce stade, l'ambassade n'a pas communiqué d'estimation sur le nombre de ressortissants impliqués dans l'extraction illégale d'or en RCA. Pékin souligne toutefois que la quasi-totalité du territoire centrafricain reste classée comme " extrêmement à haut risque " pour ses citoyens. La Chine encourage par ailleurs tous ses ressortissants à évacuer les zones minières.

Si la Chine commente rarement les affaires intérieures des États étrangers — une posture généralement attribuée à son principe de non-ingérence destiné à protéger ses investissements — elle a intensifié ces dernières années sa diplomatie de protection consulaire. Un changement de ton perceptible dans cette mise en garde directe, alors que Pékin a déjà prêté plus de 26 millions de dollars à la RCA, selon Reuters.

L'ambassade s'appuie même sur des témoignages personnels pour illustrer la gravité de la situation. Dans son communiqué, elle cite une mère endeuillée : " La chose que je regrette le plus dans cette vie est de ne pas avoir empêché mon fils de partir en République centrafricaine pour chercher de l'or "

Perton Biyiha

La Rédaction

Publié le 21/11/25 15:47

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